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Les charleries

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Ce blogue contient des souvenirs, des anecdotes, des opinions, de la fiction, des bribes d’histoire, des récréations et des documents d’archives.

Charles-É. Jean

Séminaire de Rimouski

# 5485             6 août 2020

De collège en collège

Un collège industriel et agricole a précédé le Séminaire diocésain de Rimouski. Ce collège a été fondé en 1853 par le curé de la paroisse de Rimouski, l’abbé Cyprien Tanguay. Voici ce que rapporte le Journal de l’Instruction publique, dans son édition d’octobre 1862 :

 

« Nous sommes heureux d’apprendre que l’on fait de grands efforts dans le comté de Rimouski pour mettre sur le meilleur pied possible le collège industriel et agricole, qui a été fondé il y a quelques années au chef-lieu.

 

Cet établissement a occupé jusqu’ici un local beaucoup trop étroit pour ses besoins ; on vient d’approprier à cette nouvelle destination l’ancienne église de St. Germain de Rimouski, et une souscription ouverte pour cet objet s’élève déjà, dans cette seule paroisse à la somme de 800 $. Déjà le directeur, M. l’abbé Potvin, cinq professeurs dont un, M. William Fahey, est muni d’un diplôme de l’école normale Laval, et 120 élèves ont pris possession du nouveau collège.

 

De grands efforts ont été faits pour former le noyau d’une petite bibliothèque composée surtout d’ouvrages sur les arts et l’agriculture; le cours devant être strictement agricole et industriel. » (Fin du texte cité)

 

Le fait d’avoir pu recruter 120 élèves en 1862 montre que le projet répondait à un réel besoin.

 

Le Séminaire de Rimouski a donné naissance en 1967 à un autre genre de collège, le cégep de Rimouski.

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# 5445             12 juin 2020

La Société Saint-Pierre

Au début des années 1900, les élèves du Séminaire de Rimouski ne sont plus enrégimentés dans des travaux de construction et d’entretien des bâtisses comme auparavant. Les autorités se rendent compte qu’il faut que les élèves se conservent en forme physiquement.

 

Dans Le livre de raison du Séminaire de Rimouski publié en 1963, l’auteur, l’abbé Armand Lamontagne, écrit :

 

« On conclut rapidement à la nécessité des sports, pratiqués pour eux-mêmes, parce qu’ils étaient nécessaires pour l’enfant rivé à sa chaise et absorbé pendant de longues heures à un travail intellectuel. À peu près inconnus au début, les sports en vinrent donc à être cultivés raisonnablement et partagés entre le travail utile (qu’on se rappelle les élèves qui allaient fendre du bois pour l’hôpital vers 1920) et l’activité de loisir.

 

Mais l’argent faisait défaut. Par contre, l’institution pauvre, manquant même de l’équipement scolaire de première nécessité, croyait indigne d’aller demander l’aumône et la gaspiller ensuite dans une activité encore inutile aux yeux de bien des gens. On pensa donc trouver une solution au plus haut point diplomatique en fondant une société à laquelle on donna le nom de saint Pierre. Ce fut alors le recours aux bienfaiteurs les plus généreux et dont le gousset était mieux garni. (…) Nous sommes un peu après 1900.

 

Les premières contributions s’engouffrèrent dans les objets les plus essentiels : gants, balles, mitaines pour la balle-au-camp. Les patins étaient encore un luxe de Crésus. » (Fin du texte cité)

 

À l’interne, la Société Saint-Pierre avait comme mandat de voir à l’organisation des sports d’équipes, d’en coordonner la pratique et leur promotion. De plus, elle prêtait certains articles de sport. Cette société a perduré jusqu’à la fermeture du Séminaire de Rimouski.

 

En 1964-1965, le gérant de la Société Saint-Pierre est Vincent Caron, le commis au Pavillon est Jean-Yves Marquis, les commis à la Grande salle sont Vincent Caron et Claude Paradis.

 

Les responsables du comité des jeux à la Petite salle sont Gérard Lord, Yvan Caillouette, Michel Dionne et Guy Belzile.

 

En 1965-1966, le gérant de la Société Saint-Pierre est Claude Paradis, le commis au Pavillon est Vincent Caron, les commis à la Grande salle sont et Claude Paradis et Yvan Thériault.

 

Les responsables du comité des jeux à la Petite salle sont Guy Belzile, Alain Gagnon, Jean-François Roy et Régis Beaulieu.

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# 5425             30 mai 2020

Fondation du Collège de Rimouski

Dans l’édition du 25 août 1853, le Journal de Québec publie une lettre d’un citoyen qui a assisté aux premiers balbutiements de la fondation du Collège industriel et agricole de Rimouski. Ce collège deviendra le Séminaire de Rimouski. Sans doute, ce citoyen y voyait un événement marquant car il semble avoir composé son texte avec beaucoup d’optimisme.

 

Cet article est intéressant parce que nous avons l’impression d’être aux premières loges d’un rêve qui aura fait progresser grandement Rimouski jusqu’au titre de capitale régionale. Le voici :

 

« M. le rédacteur,

Un tout petit espace dans votre intéressante feuille pour les quelques lignes suivantes au sujet d’un appel fait par le vénérable curé de Rimouski à ses paroissiens, priés de se rendre en assemblée dans une des salles de la maison d’école académique du lieu. Le vénérable curé dans son annonce ayant laissé le plus grand nombre de ses auditeurs à deviner le motif d’une telle assemblée, et la plus grande partie était très désireuse d’en connaître le sujet, je ne fus pas longtemps, à ignorer le louable but de la susdite assemblée.

 

Un individu à la figure gothique m’aborda tout à coup et me fit entendre ces paroles ennemies de l’éducation et du progrès. « Comment un Séminaire par ici ? On n’est pas assez riche pour bâtir des couvents nous autres ». J’ajoutai foi à l’expression du vieil adage qui dit, M. le rédacteur, qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Je me laissai dire tout de suite par une personne qui connaissait parfaitement ce qui en était, qu’on se disposait à prendre des mesures pour se procurer les moyens de bâtir un collège dans cette réputée belle paroisse de Rimouski.

 

Cette assemblée a eu lieu, je crois, le 15 de mai dernier. Elle était présidée par le révérend curé de la paroisse qui en est, j’en suis bien sûr, le premier auteur. (NDLR Il s’agit du révérend Cyprien Tanguay, bien connu par ailleurs pour ses travaux en généalogie.)

 

Je ne crains pas de vous le dire, M. le rédacteur. Sans le zèle infatigable de ce vénérable prêtre, et la forte énergie avec laquelle il entreprend toutes choses, la paroisse de Rimouski n’aurait pas à se glorifier aujourd’hui du grand nombre d’améliorations qui proviennent de son zèle.

 

Une souscription fut ouverte, M. le rédacteur, pour s'assurer les moyens de commencer une si belle œuvre. Il y fut souscrit une assez forte somme qui se monte de 8 à 9 cents louis. Quoique je connaisse bien la souscription de plusieurs messieurs du fort et celle du vénérable curé, je me dispenserai de vous les faire connaître pour ne pas blesser l’humilité de personne; mais toujours elles furent très généreuses tant celles des premiers que celles du dernier. Il est à souhaiter, et même très désirable, qu’un tel profit se réalise au désir de celui qui en a conçu le premier l’idée; et c’est le vœu de toute la paroisse en général, vœu et désir qui doivent s'introduire dans tous les cœurs de ceux qui composent les paroisses environnantes et même de bien loin, particulièrement ceux qui sont amis de l’éducation.

 

Vous concevez, M. le rédacteur, le bien immense que peut procurer à une paroisse un tel établissement. Les habitants y trouvent un double et même triple avantage quand ils ont le bonheur de posséder une de ces maisons d’éducation, qui répandent un si grand bien dans notre pays. Aussi, M. le rédacteur, j’espère qu’une si noble entreprise tentée par des cœurs généreux, et qui sera conduite, comme il y a toute apparence, par le révérend curé de Rimouski, ne manquera pas d’heureux succès. Dieu, cet habile et puissant architecte, donnera les moyens de faire réussir une si belle œuvre et bénira les efforts de ceux qui veulent bien contribuer à la construction si utile d’un tel édifice.

 

Il est vrai qu’il ne faut pas trop se féliciter d’avance, M. le rédacteur, mais je puis dire, comme presque certain, que la paroisse de Rimouski verra bientôt s’élever sur sa belle colline qui borde le fleuve, une de ces maisons où la jeunesse y puise une éducation solide et complète. Il faut espérer, que la législature fera tout ce qui sera en son pouvoir pour venir en aide à la construction de ce collège en projet, comme elle l’a toujours fait ailleurs d’une manière si libérale. (Signé) Un passant » (Fin du texte cité)

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# 5385             6 mai 2020

Fabrication de chapelets

Dans l’édition du 29 janvier 1960, le Progrès du Golfe nous apprend que des jeunes du Séminaire de Rimouski fabriquent des chapelets pour les pays de mission. Ces jeunes font partie d’un parascolaire appelé Service missionnaire des jeunes (SMJ). Cette année-là, le président est Pierre-Paul Parent, élève finissant.

 

Le 18 janvier 1960, Mgr Charles-Eugène Parent, archevêque de Rimouski, se déplace au Séminaire pour bénir les chapelets qui ont été fabriqués avec des petites pinces. Par la suite, les chapelets sont expédiés aux anciens de l’institution qui sont missionnaires un peu partout dans le monde. En retour, le récipiendaire s’engage à prendre une photo montrant les mêmes chapelets entre les mains de jeunes ou de moins jeunes.

 

Dans son édition du 29 janvier 1960, L’Action catholique, un quotidien de Québec, traite du même sujet. Il ajoute les précisions suivantes :

 

« C’est une belle initiative qui mérite de trouver des imitateurs dans d’autres institutions. Ce travail de fabrication de chapelets est facile, peu coûteux et occupe très bien les loisirs des jeunes. Il existe déjà aux États-Unis un important cercle du genre qui a rendu d’immenses services aux missionnaires. Fait à noter, ces chapelets ne sont pas vendus ; c’est un échange amical des jeunes entre différentes nations.

 

Il semble que le Séminaire de Rimouski soit le premier à lancer ce mouvement au pays. Il l’a fait à la demande et sous la direction de M. l’abbé Robert Michaud, directeur diocésain de l’œuvre  de la Propagation de la foi de qui dépend le Service missionnaire des jeunes. »

 

Outre la fabrication des chapelets, les élèves de cette association recueillent des remèdes et des timbres qui sont aussi expédiés dans les pays de mission. En 1960-1961, l’abbé Robert Michaud est toujours l’aumônier du SMJ qui est composé de 120 membres. J’en suis le président. Les autres responsables sont :

 

Vice-président : Jules-Guy Cazes

Secrétaire : Richard Rioux (syntaxe)

Trésorier : Louis-Philippe Morin

Expédition : Jean-Marie Desjardins

Film : Jean-Charles Dumont

Récupération des remèdes : Richard Rioux (méthode A)

Chronique hebdomadaire : Raynald Lavoie

Affiches-tableaux : Raynald Lagacé

Chapelets : Louis-Philippe Morin

Timbres : Jean-Charles Dumont

Archives : Yvon Poirier

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# 5355             18 avril 2020

Fête du Supérieur

Pour atténuer la grisaille de l’automne, chaque année au Séminaire de Rimouski, une équipe de  prêtres organisait une fête au Supérieur de la maison. Selon les années, cette fête revêtait un caractère plus ou moins solennel. Bien sûr, on y incluait des cérémonies religieuses et des séances d’hommage au Supérieur. Les élèves se donnaient avec beaucoup d’entrain pour préparer cette fête qui se tenait ordinairement en octobre.

 

Dans l’édition du Progrès du Golfe du 22 octobre 1943, on décrit une de ces fêtes.

 

« Les autorités, les professeurs et les élèves du Séminaire de Rimouski ont célébré brillamment, les 19 et 20 octobre, la fête de leur vénéré Supérieur, M. le chanoine Georges Dionne.

 

Mardi, le 19, à 4 heures 30, sous la présidence de Son Excellence Mgr Georges Courchesne, évêque de Rimouski, des vêpres pontificales furent chantées au Séminaire en présence de la communauté. Il y eut ensuite réception des congréganistes et procession à la Madone. De retour à la chapelle, il y eut salut du Très Saint Sacrement et souper.

 

Le soir, à 8 heures, dans la salle des promotions du Séminaire, les élèves présentèrent leurs hommages à leur supérieur, M. le chanoine Georges Dionne. Des élèves interprétèrent ensuite Le Fils du Croisé avec chœur et orchestre. 

 

Le lendemain, mercredi, à 9 heures, une messe solennelle fut célébrée par M. le chanoine Dionne. Un sermon de circonstance fut prononcé et les fêtes se terminèrent par un grand banquet qui réunissait plusieurs invités d’honneur, anciens élèves, de même que les professeurs et les élèves. » (Fin du texte cité)

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# 5325             30 mars 2020

Nouvelles de 1892

En juin 1892, neuf élèves du Séminaire de Rimouski sont inscrits en Rhétorique. Parmi ceux-ci,

• un deviendra courtier d’assurances

• deux deviendront médecins dont l’un fut lieutenant-gouverneur, Eugène Fiset

• trois deviendront avocats dont l’un fut juge, Antonio Couillard

• trois deviendront prêtres dont l’un fut évêque, J.-Romuald Léonard, et un autre, chanoine, Charles-Borromée Beaulieu.

 

À la même période, sept élèves terminent leur cours classique. Parmi ceux-ci :

• un deviendra notaire

• un deviendra marchand

• un deviendra médecin

• deux deviendront jésuites dont Samuel Bellavance, récipiendaire du prix du Prince de Galles

• deux deviendront prêtres dont un chanoine, Louis-Fabien Côté.

 

Par rapport au nombre d’élèves à titre de comparaison, en juin 1961, 66 sont inscrits en Rhétorique et 61 sont finissants.

 

Dans un hebdomadaire de Québec, le Journal des Campagnes, du 14 juillet 1892, on peut lire :

« Le Séminaire de Rimouski, situé dans un endroit très salubre, donne un cours commercial complet. Les directeurs n’épargnent rien pour former les élèves à la piété, leur donner une bonne éducation et leur faire faire des études sérieuses.

 

Cette maison, jeune encore, a gagné deux fois le prix du prince de Galles. L'année dernière, dans le concours pour ce prix dans les sciences, le Séminaire de Rimouski a obtenu le troisième rang. Cette année, il y a eu en Physique deux lauréats, et deux bacheliers sur 6 élèves.

 

En Rhétorique, il y a eu un lauréat et un bachelier. Tous les autres élèves ont eu une forte inscription.

 

Des 16 élèves des différents collèges qui ont concouru pour le prix du Prince de Galles en Philosophie, celui qui a conservé le plus de points sur cette matière, est M. Samuel Bellavance, élève de Rimouski. Ces succès font honneur à cette maison.

 

Le Séminaire s'est assuré pour la nouvelle année scolaire les services d'un professeur pour la 4e classe du cours commercial. Ce professeur qui a dirigé pendant plusieurs années une académie commerciale importante enseignera l'anglais, l’arithmétique, la tenue des livres, la correspondance commerciale, en un mot, tout ce que l’on désigne sous le nom de banquerie. Les jeunes gens qui se destinent aux affaires trouveront donc, dans cette institution, l’enseignement pratique qui leur est nécessaire pour se placer avantageusement dans les maisons de commerce.

 

D'importantes modifications seront aussi faites dans le programme du cours classique. Les parents qui veulent faire instruire leurs enfants, ne sauraient mieux faire que de les envoyer au Séminaire de Rimouski où avec une éducation chrétienne, ils recevront une instruction solide et pratique. » Fin du texte cité

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# 5295             12 mars 2020

La santé au Séminaire

Depuis les débuts du Séminaire de Rimouski, les infirmiers étaient des prêtres qui n’avaient pas ou peu de formation médicale. Toutefois, un médecin était engagé par l’institution pour les superviser, leur donner des conseils et intervenir personnellement dans les cas les plus sérieux.

 

Dans Le livre de raison du Séminaire de Rimouski publié en 1963, l’auteur, l’abbé Armand Lamontagne, écrit :

 

« D’après les témoignages, (autrefois) la santé des jeunes élèves était beaucoup plus résistante qu’aujourd’hui; d’abord à cause d’une certaine sélection naturelle où seuls les plus robustes survivaient, ensuite, parce que la plupart des élèves étaient originaires de familles rurales où les enfants avaient l’occasion de développer leurs forces physiques grâce aux multiples travaux qu’on pouvait adapter à tous les âges. »

 

Selon l’auteur, la première épidémie de grippe a frappé les élèves du Séminaire vers 1900. Une autre épidémie eut lieu en mars 1910. Un chroniqueur rapporte :

 

« Depuis hier (6 mars 1910), nous sommes isolés du reste des mortels pour un temps indéterminé. Un gros monsieur, officier de la ville, est venu placarder. (…) Les enfants passent le plus loin possible de la maison (Séminaire), osant à peine lever les yeux, sur les pelés, sur les galeux … »

 

Une autre épidémie de grippe qui semble avoir échappé à l’auteur du Livre de raison est survenue en 1916. Le Progrès du Golfe du 21 janvier écrit : « Beaucoup de gens souffrent de la grippe. Personne n’en meurt, mais presque tous en sont atteints. On nous rapporte qu’au Séminaire au-delà de 50 élèves lui doivent d’être détenus à l’infirmerie. »

 

À l’automne 1918, la grippe espagnole frappe tout le Québec. L’abbé Armand Lamontagne écrit :

 

« Le Séminaire, pour sa part, ne fut pas épargné. Vers le milieu d’octobre, dès que l’épidémie commença à prendre des proportions sérieuses, les élèves furent renvoyés chez eux et les autorités les rappelèrent vers le milieu de décembre. En fait, le virus avait cédé à l’apparition des premiers froids de l’hiver. Il fallait donc boucler les malles à la veille des Fêtes (18 décembre) et retourner au bercail. Personne parmi les élèves n’était mort. Quelques-uns, cependant, lorsqu’ils franchirent le seuil de l’institution, passèrent pour des fantômes (parce qu’on avait entendu dire qu’ils étaient décédés).

 

Une autre épidémie de grippe survint à l’automne 1928. Le Séminaire ferma ses portes le 18 décembre. Il ne restait au Séminaire que ceux qui avaient attrapé le virus. Pour la première fois depuis les débuts de l’institution, les élèves purent passer Noël dans leur famille.

 

La dernière épidémie fut celle de la grippe asiatique à l’automne 1957. Le premier élève qui tomba malade a été hospitalisé. « Le congé dura trois semaines : du milieu d’octobre jusqu’au 11 novembre. »

 

À quelques occasions, il y eut des épisodes de diarrhée dus à des mets ingurgités sans que les élèves n’y soupçonnent un poison potentiel.

 

En terminant, voici les règles de conduite que devaient suivre les élèves lors d’un séjour à l’infirmerie dans les années 1950 :

 

« L’infirmerie est à la disposition des élèves qui souffrent de malaises réels. Ce ne doit pas être un endroit de pèlerinage quotidien.

 

Dans un cas urgent, on peut se rendre à l’infirmerie en tout temps.

 

Pour les autres cas, on attendra aux récréations de 10 h 30 a. m. et 4 h p. m. et on ne pourra s’y rendre qu’avec la permission du surveillant. Le soir, la Petite salle à 8 h, la Grande salle à 8 h 30.

 

Pour se rendre à l’infirmerie durant les études, il faut toujours la permission de M. le directeur.

 

On s’efforcera d’être poli, discret avec MM. les infirmiers et les autres malades qui se trouvent là.

 

Pour tout séjour à l’infirmerie, on suivra le règlement qui y est en vigueur. »

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# 5260             18 février 2020

Bref historique du Séminaire

Dans le Progrès du Golfe du 7 décembre 1967, dans le cadre du 100e anniversaire du diocèse de Rimouski, on peut lire un bref historique du Séminaire de Rimouski. Voici ce texte :

 

« Le Séminaire a été sans contredit l'œuvre de prédilection de chacun des évêques qui se sont succédé sur le siège épiscopal de Rimouski. Il tire ses origines du collège industriel mis sur pied par M. l’abbé Cyprien Tanguay, curé de Rimouski en 1855 et converti en collège classique par les soins de M. l'abbé Georges Potvin en 1863. C'est Mgr Jean Langevin qui lui a conféré le titre de séminaire diocésain en 1870 et obtenu son affiliation à l’Université Laval en 1872. L’institution a d'abord habité la vieille église (1862-1876), puis successivement un édifice de pierre qu’un incendie a détruit en 1881 et le couvent des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame (1882-1950). Elle avait dû se donner plus de logement en 1905 et 1925. Refait en partie après le trop célèbre incendie de 1950, l’édifice actuel a acquis ses dernières dimensions en 1959 (par l’ajout d’un Pavillon de Philosophie).

 

Naguère encore, le Séminaire avait la direction de plusieurs institutions d'enseignement spécialisé qu’il encadrait : une école moyenne d'agriculture (1926), un institut de technologie (1936), un institut de marine (1944), une école de commerce (1944) et une école normale pour les garçons (1958). Mais à l’heure du Rapport Parent, ces institutions jouissent de leur autonomie et font l'unité avec ce qui s'appelle, depuis septembre dernier, le Cégep (Collège d’enseignement général et professionnel). » (Fin du texte cité)

 

De 1967 à 1969, les étudiants recevaient le baccalauréat-ès-Arts de la Faculté des Arts tout en suivant le programme du Cégep. En juin 1970, le ministère de l'Éducation décernait les premiers diplômes d'études collégiales (DEC).

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# 5220             24 janvier 2020

Les travaux manuels
Dans Le livre de raison du Séminaire de Rimouski publié en 1963, l’auteur l’abbé Armand Lamontagne nous renseigne sur ce que les élèves faisaient pendant leurs temps libres principalement dans les débuts du collège.

 

« On sait, par les récits des anciens témoins, qu’au début le problème des loisirs n’existait pas. Les élèves qui ont habité dans la vieille église (premier Séminaire) ont dû la réparer durant leurs récréations et leurs congés pour la rendre un peu plus confortable. On conserva la même habitude, une fois monté dans le Séminaire neuf (deuxième Séminaire). Les prêtres eux-mêmes devaient travailler pour rendre leur chambre habitable.

 

Lorsqu’on déménagea dans le collège des Sœurs de la Congrégation (troisième Séminaire), il fallut continuer car la maison n’était pas encore finie et il fallait en faire une réadaptation pour les nouveaux occupants. En plus de ces travaux d’aides-menuisiers d’occasion, les élèves devaient aider à scier le bois et à le mettre à l’abri. On aidait aussi à la culture de la ferme et, à l’automne, on mangeait des légumes qu’on avait semés et qu’on avait récoltés.

 

(…) Lorsque les autorités décidèrent de construire un nouveau Séminaire (cinquième Séminaire inauguré en 1925), ce furent les séminaristes qui préparèrent le terrain et abattirent les arbres du bocage. Pendant la construction elle-même, je ne serais pas surpris que les élèves aient rendu de menus services à l’occasion. Ce furent eux qui construisirent la glissoire (…).

 

Puis, ce fut le travail de la cour de récréation (…). Les élèves s’attelaient à la pelle à cheval et aplanissaient le terrain, supprimaient les bosses et remplissaient les trous. Il fallait aménager des croquets, des tennis, un terrain pour la balle-au-camp et préparer le lieu de la patinoire. Les jours de congé, les deux cours (de récréation) travaillaient ferme pour approprier leur territoire. Les élèves n’avaient pas ainsi l’impression de faire œuvre de mercenaires. Mais tout s’accomplissait dans la joie et ils se croyaient largement récompensés s’ils avaient la chance de fumer une cigarette et de manger quelques tartines à la mélasse vers les quatre heures (de l’après-midi).

 

Tout le monde, par la suite, se mit à la besogne pour aménager le parterre (parc situé près du terrain de l’Archevêché). Et cet endroit, où l’on ne pouvait donner un coup de bêche sans frapper un morceau de brique, est maintenant recouvert d’une riche pelouse et ombragé d’arbres somptueux qui, en 1928, n’étaient que de frêles petits fouets.

 

Il ne faudrait pas omettre le nettoyage du bocage (situé au sud de la rue St-Jean-Baptiste) que M. Talbot réservait aux élèves de Philosophie. On arrachait les souches avec d’immenses leviers (…) Pendant ce temps, les élèves de la petite salle s’affairaient à l’arrachage des patates et le lendemain les jeunes reins se reposaient des tubercules dans les « racines (grecques ou latines) ». (Fin du texte cité)

 

Par la suite, les élèves n’avaient qu’à faire l’entretien des cours de récréation, à réparer certains articles de sport, à poser les bandes de la patinoire et à la déneiger. Même si on croyait alors à l’inutilité des sports, peu à peu ceux-ci s’implantèrent et en vinrent « à être cultivés raisonnablement ».

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# 5175             27 décembre 2019

Le cours classique

Au cours de l’histoire du Séminaire de Rimouski, la durée du cours classique a varié.

 

Période 1863-1903

À partir de septembre 1863, le cours classique s’étale sur six ans. Il est constitué de six classes : Humanités latines, Versification, Belles-Lettres, Rhétorique, Philosophie et Finissants (dite Physique plus tard). La première cohorte d'élèves est considérée comme étant du 6e cours. 

 

On y trouve huit élèves :

• Édouard Banville de Rimouski : Humanités. Il fut cultivateur.

• Charles Desgagnés de Rimouski : Humanités-Versification. Il fut commis.

  Alphonse Dubé de Trois-Pistoles: Philosophie-Finissants. Il fut médecin.

• Louis Lepage de Rimouski : Humanités-Versification.

• Louis Martin de Rimouski : Humanités.

• Josué Pineau de Rimouski : Humanités-Finissants. Il fut médecin.

• Théodule Smith de Rimouski, puis de Montmagny : Humanités-Philosophie. Il fut prêtre.

• Ulfranc St-Laurent de Ste-Luce, puis de Rimouski : Humanités-Versification. Il fut prêtre.

 

 

Période 1903-1934

En septembre 1903, est ajoutée une nouvelle classe, Éléments latins, qui précède la classe des Humanités latines. À partir de ce moment, le cours classique s'étale sur 7 ans.

 

Le 47e cours comprend 21 élèves dont cinq qui deviendront prêtres.

• J.-Eudore Desbiens de La Malbaie, puis d’Amqui : Belles-Lettres-Finissants.

• Adrien Fortin de Rivière-du-Loup, puis de Notre-Dame-du-Lac : Éléments latins-Belles-Lettres.

• Joseph-Charles Langlois de Ste-Flavie : Humanités-Finissants.

• Philias Litalien de Ste-Anne-des-Monts : Éléments latins-Rhétorique.

• Edgar Miville de Cap-Chat : Humanités-Finissants.

 

 

Période 1934-1935

En septembre 1934 est ajoutée une nouvelle classe, Méthode. Cette classe s'insère entre celle des Humanités, qui porte désormais le nom de Syntaxe latine, et celle de Versification. Cet ajout crée un certain déséquilibre dans la répartition des élèves des trois premières classes. Pour en diminuer l'impact, on retire les élèves les plus performants d'Éléments latins 1933-1934 ainsi que les moins performants des Humanités latines 1933-1934 pour peupler la nouvelle classe de Méthode 1934-1935.

 

Une partie des élèves se trouve dans le 78e cours, 1933-1941 et l’autre partie dans le 79ecours, 1934-1942.


Période 1965-1968

Cette courte période vit de profonds changements. En septembre 1965, sont mis en place les nouveaux programmes du cours collégial et ceux du cours secondaire. On introduit les classes de secondaire I à V qui remplacent celles du cours classique, Éléments latins à Belles-Lettres, ainsi que les classes de collégial I à III qui remplacent celles de Rhétorique, de Philo I et de Philo II respectivement.

 

Le 111e cours est le dernier où les élèves ne suivent que les deux premières classes du secondaire Sec. I et Sec. II, de 1966 à 1968. Les derniers élèves du Séminaire à avoir fait un cours classique complet sous l'ancien régime sont ceux du 102e cours (1957-1965).

 

(Ces données ont été puisées en partie dans le site du Séminaire de Rimouski.)

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# 5120             24 novembre 2019

Le  chauffage au bois

Dans Le livre de raison du Séminaire de Rimouski publié en 1963, l’auteur, l’abbé Armand Lamontagne, nous renseigne sur le mode de chauffage à partir du bois.

 

En août 1867, l’inventaire pour le chauffage mentionne 12 poêles (88 $), 138 feuilles de gros tuyaux (23 $), 64 tuyaux à branches, tisonniers et devant de poêle (12 $), une corde de bois non sciée (2 $), 15 cordes de bois sciées (37,50 $), un lot de bois (8 $) et 60 voyages de bois scié (24 $), pour un total de 194,50 $. À ce moment, on compte 27 élèves, pensionnaires et externes.

 

On peut imaginer qu’il y a un poêle dans chacune des classes, un dans la salle de récréation, un dans la chapelle, un dans la salle d’études, un dans le dortoir et les autres dans les chambres des prêtres ou dans les corridors.

 

En 1889-1890, Le chauffage constituait une partie importante du budget où seul l’achat de bois dépassait 500 $, dont 30 cordes de bois d’érable qu’on appelait bois de curé. L’auteur du Livre de raison écrit :

 

« (Après l’achat du bois), il fallait le scier, le placer à l’abri pour l’hiver et le distribuer aux endroits stratégiques. Il serait difficile d’expliquer aux élèves actuels que, dans notre Moyen-Âge, il fallait un poêle à chaque pièce et, pour un groupe de poêles, une cheminée.

 

Or, le thermostat du poêle, c’est le chauffeur, et le chauffeur arrive souvent en retard, parce qu’il doit assister à la classe, faire ses devoirs ou tout simplement dormir. L’homme, qui a pris plaisir à imposer ses lois et même ses caprices à la matière, a toujours éprouvé beaucoup de difficulté à s’en imposer à lui-même.

 

Ce qui fait que selon les dispositions du chauffeur ou les caprices du poêle, on crevait de chaleur ou on grelottait. Si nous étions capables de vous transposer la scène dans un dessin, vous pourriez voir un bon groupe d’élèves qui consacrent leur récréation du soir à distribuer le bois dans les différentes pièces pour fournir  la nourriture suffisante à cet ogre des nuits de janvier.

 

Ces « porteurs de bois » avaient pourtant inventé un outil qui, pour l’époque, pouvait correspondre à notre chargeuse moderne. Il s’agissait d’un sac, assez voisin de celui des forestiers, supporté par deux bretelles (…) et qu’on porte par en arrière. Je vois mal certains élèves actuels, chargés par leurs confrères un peu au-delà de la puissance du moteur, s’acheminer vers le dortoir à travers trois grands escaliers.

 

Durant le jour, il était assez facile de ne pas dépasser les extrêmes, quoiqu’ils fussent assez peu nombreux ceux qui pouvaient trouver la place idéale. Les doigts du malheureux qui était éloigné du poêle paralysaient sur le crayon; par contre, la chaleur de l’instrument calorifique entraînait dans un sommeil irrésistible l’enfant qui se trouvait trop près.

 

Si la nuit plus profonde avait retenu trop longtemps le chauffeur loin de son problème, le lendemain matin, les élèves devaient casser la glace dans leur bassin. Mais le traitement tenait encore davantage du modus vivendi spartiate quand il fallait descendre « tranquillement pas vite » dans une baignoire remplie d’eau froide. » (Fin du texte cité)

 

En mars 1915, la communauté est en liesse. Fini le chauffage au bois. On inaugure un nouveau système central de chauffage à l’eau chaude.

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# 5045             15 octobre 2019

Les salaires

Dans Le livre de raison du Séminaire de Rimouski publié en 1963, l’auteur, l’abbé Armand Lamontagne, nous renseigne sur les salaires alloués aux employés du Séminaire.

 

Année 1888-1889

Cette année-là, les professeurs-prêtres gagnent au total 235,34 $. Les étudiants du Grand Séminaire qui enseignent au Séminaire touchent ensemble la somme de 110 $. Quant aux manœuvres, les hommes gagnent 111,77 $ et les femmes 74,83 $, toujours au total.

 

En 1888-1889, le Séminaire reçoit environ 80 pensionnaires et une trentaine d’externes. Comme il y a six classes, il faut au moins six titulaires qui normalement sont des prêtres. Ceci étant admis, chacun gagne 39,20 $ annuellement. Or, selon la Banque du Canada qui établit l’évolution de l’inflation à partir de 1914, un gain de 39,20 $ en 1914 équivaut en 2019 à 907,58 $. On peut déduire que les professeurs-prêtres gagnent beaucoup moins que 900 $ actualisés annuellement.

L’auteur établit une comparaison non équivoque. Le salaire total de tous les employés est de 531,94 $, alors que le seul coût du beurre, cette année-là, est de 565,92 $.

 

Année 1929-1930

En cette année scolaire, les professeurs gagnent 6089,18 $ au total. Le salaire du personnel préposé à l’entretien, y compris les religieuses, est de 10 678,99 $. Au total, le coût du personnel est de 16 768,17 $, alors que le seul coût du chauffage est de 10 542,49 $ et celui des provisions de 29 476 $.

 

Les professeurs-prêtres gagnent de 150 $ à 250 $ par année, selon leur ancienneté. Tous les élèves du Grand Séminaire font de l’enseignement ou de la surveillance et, fait assez curieux, doivent payer pour rendre ce service. Un montant de 250 $ en 1930 équivaut à 3712 $ en 2019.

 

Année 1961-1962

Pour les 57 prêtres, professeurs, préposés à l’administration ou aux études, les salaires totaux sont de 28 960 $. Les prêtres gagnent de 480 $ à 600 $ annuellement. Un montant de 600 $ en 1962 équivaut à 5187 $ en 2019. Dix-huit professeurs laïques gagnent 120 660,80 $ pour l’année, soit une moyenne de 7098 $.

 

Le coût des provisions est de 151 295 $, soit un peu plus de cinq fois le salaire total des prêtres. Le chauffage coûte 27 242 $.

 

Bref, ces données nous démontrent, sans l’ombre d’un doute, que notamment les prêtres ont participé de manière importante à la pérennité du Séminaire, non seulement par leur enseignement, mais aussi par leur abnégation. Il va de soi qu’on doit leur rendre un hommage fort mérité.

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# 4995             15 septembre 2019

La nourriture

Pierrot, 12 ans, élève d’Éléments latins et pensionnaire au Séminaire de Rimouski, revient à la maison pour le congé de la Toussaint. Il n’a pas vu ses parents depuis son entrée au collège au début de septembre. Sa mère l’interroge : « Dis-moi, Pierrot, comment trouves-tu la nourriture ? » Pierrot répond : « Le chiard n’est pas mangeable. J’aime mieux le vôtre. »

 

Pourtant si on en croit les écrits dans Le livre de raison du Séminaire de Rimouski publié en 1963, au cours de son histoire, les autorités du Séminaire ont fait beaucoup d’efforts pour offrir une nourriture convenable. Dans les années 1940, le Père Sapin disait que la nourriture servie aux élèves était « succulente et variée ». Il faut dire que, dans les années 1950, en plus des pensionnaires du Séminaire, les élèves de l’école Technique, de l’école de Commerce, de l’école de Marine et, pendant un certain temps, ceux de l’école d’Agriculture fréquentaient la cafétéria du Séminaire : ce qui pouvait représenter autour de 3000 bouches à nourrir par jour.

 

Dans le livre cité plus haut, l’auteur, l’abbé Armand Lamontagne, décrit le menu de la troisième semaine de janvier 1960.

 

• Déjeuner : pommes, corn flakes, gruau, beurre de sucre, confiture aux framboises, pain, beurre, lait, café.

 

• Diner : soupe aux tomates, croquette au porc et céleri, légumes râpés, patates bouillies, chartreuse aux bleuets, pain, beurre, thé.

 

• Souper : hot chicken, patates, biscuits au thé, compote aux pommes, pain, beurre, lait, thé.

 

L’auteur ajoute : « Dans des menus voisins, je relève, au déjeuner, des oranges, au diner, de la dinde, au souper, une omelette, jus de tomates, biscuits au chocolat, macédoine aux fruits. »

 

Plus loin, on peut lire : « Si nous voyons du steak au menu, il en faut 275 livres; pour le jus de tomates, 30 gallons; les bananes, 8 régimes; les oranges, 4 caisses; le beurre de sucre, 3 chaudières de 40 livres chacune; de la dinde 400 livres et ainsi de suite. »

 

Qui a eu le privilège, à l’époque, de faire le service aux tables au réfectoire des prêtres a tout de suite remarqué que la nourriture servie aux prêtres était très différente de celle servie aux élèves. La comparaison n’était pas seulement liée à la vue, mais au goût car les élèves serveurs avaient la chance de déguster la même nourriture que les prêtres.

 

L’auteur du Livre de raison insiste sur le fait que les prêtres professeurs ont dû faire des « sacrifices immenses » pour que le Séminaire puisse poursuivre sa mission, étant donné que leur salaire était très bas. Heureusement, ils étaient logés, nourris, blanchis et chauffés.

 

Il écrit : « L’histoire des Séminaires, si elle s’écrit un jour, prouvera qu’ils ont survécu grâce aux sacrifices du clergé. »

 

Bref, on peut dire que la nourriture servie aux élèves n’était pas celle de maman, mais c’était une nourriture de cafétéria.

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# 4940             12 août 2019

Souscriptions pour le Séminaire
Dès son arrivée en poste comme évêque de Rimouski en 1867, Mgr Jean Langevin invite les diocésains à contribuer au financement du collège industriel de Rimouski. Dans la lettre pastorale du 13 juin 1867, il écrit :

 

« Vous tous à qui le Ciel a accordé les dons de la fortune, empressez-vous de contribuer à cette œuvre si excellente, soit en aidant à quelque jeune homme à payer sa pension, soit en lui fournissant des livres, soit même en fondant une bourse ou une partie de bourse, ou en faisant un legs en faveur de cette œuvre. Une quête à cette fin pourrait se faire dans l'église chaque année au mois de juillet. »

Les évêques successifs ont encouragé les souscriptions publiques annuelles ou occasionnelles. En juin 1934, une association est fondée. Elle a pour nom Association des Amis du Séminaire de Rimouski. Elle a été constituée en corporation le 20 juin 1934. Son but est de recueillir des fonds pour l’œuvre du Séminaire. L’un des moyens est de désigner un ou une propagandiste pour chaque paroisse du diocèse de Rimouski.

 

Le Progrès du Golfe du 22 juin 1934 cite les noms des promoteurs de la nouvelle association. Ce sont : « M. l’échevin Martin Lepage, président, M. le docteur Pierre-Paul Gagnon, vice-président, M. l’abbé Antoine Gagnon, secrétaire, M. le chanoine Flavius d’Anjou, trésorier, M. le chanoine Lionel Roy, M. l’abbé Adolphe Tremblay, curé de la cathédrale, MM. Albert Michaud, Adéodat Lavoie, MM. les abbés Louis-Philippe Chénard, Louis Martin, Charles-Eugène Parent, MM. J.-Baptiste Côté et Joseph Michaud, directeurs. »

 

Dans le Progrès du Golfe du 27 juillet 1934, on peut lire : « M. l’abbé Antoine Gagnon a reçu la mission de parcourir les paroisses du diocèse de Rimouski pour prêcher l’assistance au Séminaire et faire l'exposé d’un nouveau mode de souscription. Au lieu de verser une contribution ou obole annuelle entre les mains du curé lors de la visite paroissiale, les diocésains adultes sont tous invités à devenir membres de l’Association des Amis du Séminaire, à raison d’un dollar par personne par année. M. l’abbé Gagnon a fait un convaincant appel aux paroissiens de Rimouski, dimanche dernier. »

 

Les sermons de l’abbé Gagnon, futur Supérieur du Séminaire, portent fruit car, le 21 décembre suivant, ce dernier fait connaître les résultats de la souscription publique à l’Auditorium du Séminaire. Presqu’incroyable, 16 000 personnes contribuent en versant un dollar. Par tirage au sort, de nombreux prix sont attribués.

 

Le prix de 2000 $ est obtenu par Ozanam Proulx, cultivateur de Sainte-Blandine et père de 15 enfants. Le deuxième gagnant, J. P. Gagné de Sayabec reçoit 500 $. Le troisième prix d’une valeur de 100 $ va à J. H. Somers d’Halifax. Deux prix de 50 $, cinq prix de 25 $, 21 prix de 10 $ et 60 prix de 5 $ sont aussi attribués.

 

En 1937, l’Association se donne comme objectif de recueillir 2 $ par famille. Dans le Progrès du Golfe du 4 février 1938, on trouve la lettre de l’Association adressée au curé de chaque paroisse du diocèse, le bilan financier pour 1937, le nom des gagnants de plus de 25 $ et le montant de la souscription par paroisse. Le premier prix, un montant de 500 $, est attribué à Mme Alphonse Lebrun de Ste-Flavie. La propagandiste de cette paroisse reçoit 50 $.

 

En 1937, 21 106 $ sont recueillis et 3 524 $ sont distribués en récompenses. Par ailleurs, les cinq paroisses qui ont le plus contribué au prorata du nombre de familles sont : Saint-Éloi (3,42 $), Saint-Laurent de Matapédia (2,64 $), Saint-Clément (2,39 $), Saint-Mathieu (2,36 $) et l’Isle-Verte (2,33 $).

 

Dans le Progrès du Golfe du 5 février 1960, on peut lire :

« C’est en présence des administrateurs de l’Association des Amis du Séminaire et d’une trentaine de représentants des localités des alentours qu’on a révélé, dimanche après-midi, au Salon du Séminaire de Rimouski, le nom des membres de cette association à qui des récompenses seront envoyées, d’ici quelques jours.

 

La souscription à l'Œuvre du Séminaire en 1959-60 a été satisfaisante et les autorités de cette institution ont exprimé leur gratitude aux responsables qui étaient présents, dimanche après-midi. Mgr Antoine Gagnon P. D. supérieur du Séminaire, présidait cette assemblée.

 

La récompense de $300 ira à M. Denis Rousseau, de St-Jean-de-Dieu. Les quatre de $100 chacune à MM. Antoine Turcotte, de St-Cléophas, Aubert Côté, du Bic, Alfred Gagnon, de St-Épiphane et Elie Pépin, de St-Vianney.

 

Recevront chacun $50 : M. Ernest Labrie, de St-Pierre-Lamy, Mlle Claire Côté, de St-Cléophas, Mme Donat Claveau, de St-Donat, MM. Charles-Armand Moreau, de St-Goddard Lejeune, Robert Michaud, de St-Octave, Antonio Bélanger, 325, rue Ste-Marie, Rimouski. »

 

Dans le Progrès du Golfe du 3 février 1961, on apprend :

• Les Amis du Séminaire bénéficient de privilèges spirituels par la prière quotidienne de la communauté, prêtres, enseignants et étudiants, la célébration de 50 grand-messes payées au Monastère de Nazareth et 10 messes du premier vendredi du mois.

 

• La paroisse de Notre-Dame du Sacré-Cœur s’est classée première en souscrivant une moyenne de 2,32 $ par famille, suivie de près par Saint-Mathieu, Saint-Simon et Pointe-au-Père. Le président est Elzéar Côté.

 

La même année, les Amis du Séminaire invitent la population à acheter symboliquement une chambre au Pavillon de philosophie au montant de 1000 $. Mgr Charles-Eugène Parent, Gérard Roy, l’abbé Louis-David D’Auteuil et Jean-Marie Leblanc ont notamment souscrit ce montant.

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# 4910             21 juin 2019

Le pavillon de philosophie

La cohorte à laquelle j’appartenais, soit le 98e cours, a été la première à inaugurer le Pavillon de Philosophie du Séminaire de Rimouski et à y séjourner pendant les deux dernières années du cours classique.

 

Le 9 avril 1958, les autorités du Séminaire décident de construire ce pavillon devant être une annexe à la bâtisse centrale. Les travaux commencent environ un mois plus tard. Le bruit étourdissant des foreuses et des marteaux nuit à la concentration des élèves de la Grande salle en classe et à la salle d’études. Mais, il faut bien procéder.

 

Sur le site du Séminaire, on peut lire :

« Le 15 septembre (1958) on pose la pierre du linteau du portique : Sedes Sapientiae. Le 4 novembre, en la fête des anciens et la fête du couronnement du Pape Jean XXIII à Rome, Monseigneur Parent bénit la pierre angulaire; il est assisté par le supérieur du séminaire, Mgr Antoine Gagnon, et par le directeur du séminaire, M. l'abbé Pascal Parent, qui deviendra le premier directeur des étudiants et le premier directeur des études au Pavillon de philosophie. Dans cette pierre ont été insérés un procès-verbal de cette cérémonie, un annuaire du Séminaire, des médailles et des pièces de monnaie de l'année 1958. »

 

Le 7 novembre 1958, le Progrès du Golfe écrit :

« La bénédiction de la pierre angulaire du Pavillon de Philosophie du Séminaire a donné lieu, mardi après-midi (4 novembre), à une brève cérémonie rehaussée par la présence des hautes autorités religieuses du diocèse. Son Excellence Mgr C.- E. Parent, archevêque de Rimouski, présidait la cérémonie, entouré de Mgr Eudore Desbiens, vicaire général, de M. le chanoine Antoine Gagnon, supérieur du Séminaire, de M. l'abbé Pascal Parent, directeur, du corps professoral et des étudiants du Séminaire. On remarquait aussi l’architecte Albert Leclerc, les contremaîtres des travaux MM Camille Rioux et Gilbert Brisson. Les travaux extérieurs sont terminés. Les ouvriers pourront travailler à l'intérieur tout l’hiver, afin que ce pavillon de philosophie soit prêt pour septembre prochain.

 

La pierre angulaire a été posée près de la porte centrale, rue de l'Évêché. Cette cérémonie coïncidait avec la fête annuelle traditionnelle des anciens du Séminaire, la Saint-Chs-Borromée, qui a rassemblé cette année de nombreux amicalistes. »

 

Le 3 juillet 1959, le Progrès du Golfe annonce qui sera le premier responsable du Pavillon de Philosophie. « M. l’abbé Pascal Parent vient d'être nommé directeur du nouveau pavillon de philosophie qui  sera inauguré au Séminaire de Rimouski en septembre prochain, et qui sera connu sous le vocable de Pavillon Notre-Dame de la Sagesse. M. l’abbé Jean-Pierre Sirois occupera les fonctions de directeur des élèves du cours de lettres au Séminaire. »

 

Le 3 octobre 1959, le Pavillon de Philosophie est bénie par Mgr Charles-Eugène Parent en présence d’Onésime Gagnon, Lieutenant-Gouverneur, et de Paul Sauvé, premier ministre du Québec.

 

On peut lire sur le site du Séminaire : « Ce pavillon contient 107 chambres et un salon d'étudiants, 3 amphithéâtres, des laboratoires de physique, de chimie et de biologie, une bibliothèque, un gymnase, une chapelle et quelques chambres de professeurs. »

 

Dans son édition du 9 octobre 1959, le Progrès du Golfe, écrit :

« Le Pavillon de philosophie, fréquenté par 108 étudiants et étudiantes depuis septembre, a coûté 1 200 000 $. Aucun luxe, mais tout est fonctionnel et adéquatement aménagé, que ce soit dans les salles de cours en amphithéâtre, les laboratoires, la bibliothèque, le gymnase ou les chambres individuelles des philosophes. » (Merci à Raymond Levasseur pour m’avoir communiqué cet extrait.)

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# 4875             3 juin 2019

Les bienfaiteurs

Dans les années 1950, le Séminaire de Rimouski accueillait autour de 150 nouveaux élèves par année. La grande majorité était des fils de cultivateurs, d’autres des fils de journaliers et rarissime des fils de professionnels. Il en coûtait autour de 400 $ par année en frais de pension et de scolarité. Ce montant équivaut à peu près à 4422 $ en 2019. Ceux dont les parents vivaient à Rimouski pouvaient être externes. Près de 90 % étaient pensionnaires.

 

Plusieurs parents avaient de la difficulté à payer les frais de pension et de scolarité, d’autant plus que d’autres frais s’ajoutaient comme la redingote ou plus tard le blazer, les livres et l’argent de poche. En même temps, les parents devaient subvenir aux besoins de leurs autres enfants. Il n’était pas rare que des familles soient constituées de 10 ou de 12 enfants.

 

Dans ce contexte, les parents faisaient appel à des personnes, majoritairement des membres du clergé, pour les aider. On appelait ces personnes des bienfaiteurs.

 

Dès mon entrée au Séminaire en 1953, ma mère m’a demandé d’écrire à Mgr Charles-Eugène Parent, archevêque de Rimouski pour obtenir une bourse d’études de l’archevêché. Ma mère connaissait très bien Mgr Parent puisqu’elle avait fréquenté l’école modèle de Saint-Mathieu-de-Rioux en même temps que lui dans les années 1910. Après quelques brouillons d’un jeune de 12 ans, je me décidai à transcrire à la plume une lettre à l’intention de Mgr Parent. Une fois l’écriture terminée, je mis la lettre dans une enveloppe timbrée que je déposai dans une boîte à l’entrée de la salle d’études.

 

Deux ou trois jours plus tard, la lettre me revint. Le directeur des élèves, l’abbé Gérard Cayouette l’avait lue et me signalait des fautes de grammaire et d’orthographe. De plus, il m’indiquait qu’il n’était pas nécessaire de mettre de timbre pour écrire à l’archevêché. J’ai été surpris de cette intrusion dans mon intimité et même un peu vexé. Je pris mon courage à deux mains. Je recommençai. Mon action fut bénéfique car l’archevêché m’attribua un généreux montant de 100 $. Ce montant fut récurrent si bien que, pendant huit ans, mes parents n’ont pas eu à débourser cette somme.

 

Ma mère n’a jamais voulu me signaler le nom des bienfaiteurs à mon égard. J’ai de bons indices de croire que les personnes suivantes ont contribué à payer une partie de mes études : Mgr Charles-Eugène Parent personnellement, l’abbé Élie Beaulieu, l’abbé Ernest Couillard, les abbés Jean-Baptiste et Stanislas Gauvin.

 

En 1993, j’ai eu un appel téléphonique du secrétaire-trésorier du Séminaire de Rimouski m’informant qu’en 1956, alors que j’étais élève au Séminaire, un montant de 391 $ avait été déposé au procureur à mon intention et à celle d’un de mes confrères. Ce montant était inscrit aux livres, mais il n’avait jamais été utilisé pour payer une partie de nos études.

 

D’après des témoignages recueillis auprès de mes confrères, la plupart ont eu recours à des bienfaiteurs clercs ou laïcs. Certains de ces bienfaiteurs ou bienfaitrices étaient motivés par le fait qu’ils pourraient aider à donner un prêtre de plus à l’Église. Lorsque le finissant annonçait qu’il ne se destinait pas à la prêtrise, il y avait de grandes déceptions. L’élève lui-même se sentait coupable de faire de la peine à une personne qui l’avait tant aidé.

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# 4845          18 mai 2019

Dernières années de la Congrégation

L’année mariale 1954 fut particulièrement active pour les congréganistes du Séminaire. De nombreuses activités ont été organisées. Chaque classe a eu temporairement son petit sanctuaire car la madone placée sur des brancards a été transportée solennellement d’une classe à l’autre. Un groupe d’élèves qui formaient le cortège chantaient des cantiques et récitaient des prières comme le chapelet.

 

Une tradition s’est maintenue pendant plusieurs années : celle d’aller assister à l’office divin d’un dimanche de mai en l’église Notre-Dame du Sacré-Cœur. Voici ce qu’en dit le Progrès du Golfe du 7 mai 1954 :

« Les congréganistes du Petit Séminaire ont fait un pèlerinage, dimanche matin (2 mai), à l’église de Notre-Dame du Sacré-Cœur, dont le chœur était artistiquement décoré de fleurs naturelles. La messe paroissiale a été célébrée à 9 h. 30 par M. l’abbé Émile St-Pierre, assisté de MM. les abbés P.-É. Michaud et Gilles Beauchemin, du Séminaire. Le sermon fut donné par M. l’abbé Raoul Thibault, directeur. Une chorale, formée de congréganistes étudiants, dirigée par Jean-Paul Gagnon, exécuta la messe en partie. À l’orgue, un autre étudiant, Régis Simard. Les fidèles de la paroisse furent vivement impressionnés par ce pèlerinage organisé à l'occasion de l’année mariale dans une église placée sous l'un des vocables de la Vierge. »

 

Par ailleurs,  le Progrès du Golfe du 23 mai 1958 écrit :

« Quatre-vingt-deux étudiants du Séminaire de Rimouski, poursuivant la tradition, ont effectué, dimanche, leur pèlerinage annuel de congréganistes, en l’église de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Le trajet Rimouski-Notre-Dame du Sacré Cœur s’est effectué à pied, drapeau en tête.

 

La grand-messe à laquelle ils ont assisté, comme chaque année, fut célébrée par M. le curé D’Auteuil. Le chant par la chorale congréganiste était dirigé par Jean-Marie Bérubé, avec à la console des orgues, M. Jean-Louis Smith. Le sermon fut donné par M. l’abbé Raoul Thibault, directeur des congréganistes. Au chœur, M. l’abbé Gérard Plourde. À l’issue de l’office religieux, l’acte de consécration fut lu par M. Alfred Dumais, préfet des congréganistes. »

 

Vers 1960, on peut lire parmi les règles de conduite à l’intention des élèves du Séminaire :

« La dévotion à la Très Sainte-Vierge doit être particulièrement cultivée par les jeunes. Non seulement la récitation du chapelet se fera quotidiennement, mais les élèves sont aussi invités à faire partie de la Congrégation mariale, afin de mieux connaître et servir cette bonne mère. »

 

La dernière année où l’abbé Raoul Thibault fut le directeur de la Congrégation mariale est l’année scolaire 1964-1965. Voici le nom des élèves qui l’épaulaient :

Préfet : René Ouellet

Assistants : Jocelyn Lindsay, Marcel Dubé

Secrétaire : Albert Bélanger

Trésorier : Grégoire Vignola

Responsable du Phare (petit journal) : Gilles Belzile, Richard Beauregard

Chefs de groupes :

Philosophie II : Yvon Poirier

Philosophie I : Paul-André Charron

Rhétorique : Conrad Blais

Belles-Lettres : Pierre-Paul Thériault

Futurs membres : Jean-Yves Marquis

 

La Congrégation mariale du Séminaire a cessé ses activités en juin 1967 avec le passage du niveau collégial du Séminaire au cégep de Rimouski. Elle aura été active pendant 100 ans.

 

En terminant, je laisse la parole à Jacques Guay dans Croc d’octobre 1984 : « Lorsque j’étais au Petit Séminaire, il existait un mouvement de jeunes catholiques dévoués à la Vierge Marie et dont le nom était la Congrégation mariale. Messe et communion, méditations, réunions de prières et de réflexions, œuvres pies, constituaient le menu quotidien de ces apôtres.

 

Ils étaient le levain dans cette pâte trop molle, je l’avoue, que nous constituions, nous les autres étudiants, qui, pourtant devions devenir l’élite de demain. »

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# 4800          21 avril 2019

Premières années de la Congrégation

Au diocèse de Rimouski, la Congrégation de la sainte Vierge communément appelée congrégation mariale est fondée en 1867 par Mgr Jean Langevin peu après qu’il eût pris possession de son diocèse. La même année, la Congrégation voit le jour au Collège industriel de Rimouski qui sera remplacé par le Séminaire diocésain en 1870.

 

Au Séminaire de Rimouski, le 8 décembre 1867, fête religieuse de l’Immaculée-Conception, les nouveaux congréganistes sont reçus solennellement. Par la suite, pendant plusieurs années, la même cérémonie se déroule. Elle est présidée le plus souvent par l’évêque lui-même le 8 décembre.

 

À cette époque, pour accéder à la Congrégation mariale, l’élève doit avoir une conduite exemplaire et doit faire preuve d’une solide piété. Les moyens recommandés sont la méditation quotidienne de 15 minutes, la récitation du chapelet plus d’une fois par jour, l’examen de conscience et la confession hebdomadaire. En tout moment, le congréganiste doit être un exemple pour ses confrères et pour toute la communauté. Cette attitude lui servira plus tard afin de devenir un homme influent positivement dans son milieu.

 

Plusieurs élèves refusaient de faire partie de ce club sélect. Malgré cela, il y avait toujours quelques élèves qui se faisaient propagandistes de la dévotion à Marie et faisait ouvertement du recrutement qui était, bien sûr, encouragé par les autorités du Séminaire.

 

Dans le Progrès du Golfe du 13 décembre 1907, J. Alphonse Fortin écrit un compte-rendu de la cérémonie du 8 décembre de cette année-là. Il avait alors 18 ans et était élève au Séminaire. Il devint prêtre et enseigna l’histoire  pendant plus de 50 ans dans son alma mater. Voici ce texte :

 

« Le 8 décembre dernier eut lieu au Séminaire la réception solennelle de 11 nouveaux congréganistes de la Sainte Vierge.

 

La cérémonie se fit avec toute la pompe possible. L’autel de la Congrégation était orné à profusion et disparaissait littéralement sous les fleurs. Au-dessus de cette verdure, étaient entrelacées de jolies guirlandes de sapin, entourant des écussons portant les drapeaux du Pape et Carillon Sacré-Cœur (NDLR. Le drapeau Carillon Sacré-Cœur est inauguré en 1902. C’est une version du drapeau de Carillon assortie d'une croix blanche et d'un cœur de Jésus à la place des armoiries.)

 

Au milieu de ce décor, trônait la statue de la Sainte Vierge, au sein d’une alcôve formée de lampes électriques, de diverses couleurs, dont les nuances chatoyantes faisaient resplendir l’image de Marie des reflets de l’arc-en-ciel. Ajoutez à cela une éblouissante illumination, … et vous aurez une faible idée du coup d’œil féérique que présentait notre autel le soir du 8 décembre.

 

La réception des congréganistes eut lieu à cinq heures (de l’après-midi). De nombreux invités y assistaient. On y remarquait les Révérends Messieurs J. D. Michaud, procureur de l’évêché, Jos. Langlois, vicaire à la cathédrale, Fortunat Charron, secrétaire de l’évêché, M. le shérif L. N. Asselin, M. l’avocat Elzéar Sasseville, M. le notaire Charles D’Anjou et plusieurs autres personnes distinguées de la ville de Rimouski.

 

Après une marche entrée, jouée par la fanfare Sainte-Cécile du Séminaire, et le chœur, Oui, je le crois, Elle est Immaculée, chanté par les élèves du Petit Séminaire, il y eut sermon de circonstances donné par M. le Supérieur, le Révérend Monsieur P. Banville. »

 

L’auteur fait un résumé du sermon et continue :

« Aussitôt à la suite du sermon, on chante « Ave Maris Stella ». Et après le Veni Creator, les nouveaux congréganistes prononcent leur acte de consécration à la Sainte Vierge ; et dès que chacun d’eux a reçu la médaille d’enfant de Marie, le préfet de la Congrégation, M. J. Amédée Rioux, renouvelle l’acte de consécration, au nom de tous les congréganistes.

 

Après la réception, il y eut salut solennel du Saint-Sacrement. Le Révérend M. T. Charron officiait, assisté de diacre et sous-diacre. Il y fut exécuté du chant spécial, entre autres, le célèbre Ave Maria de Gounod, avec accompagnement d’orgue, flûte et violon, et un joli Rorate, cœli de Battman. »

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# 4770          3 avril 2019

L’allée du Séminaire

L’allée du Séminaire, comme elle existe encore aujourd’hui, était une voie qui permettait d’atteindre le Séminaire à partir de la rue de l’Évêché. D’un côté, c’était la cour de récréation des Grands et de l’autre, un magnifique parc. J’ai traversé cette allée de temps en temps, mais surtout je l’ai beaucoup regardée. Elle fut, pour moi, un symbole de réclusion et de liberté. Réclusion, quand j’y entrais ou que je la voyais. Liberté, quand j’y sortais.

 

La première fois où j’ai franchi cette allée, j’avais à peine 12 ans. J’étais avec ma mère qui venait me reconduire au Séminaire pour ma première année scolaire. Sur cette voie, j’ai senti immédiatement qu’une cassure s’invitait dans ma vie. C’est comme si j’avais eu à choisir entre ma mère et cette bâtisse qui m’intimidait par tout l’espace qu’elle occupait, cette bâtisse qui avait les bras largement ouverts, non pas pour m’accueillir mais pour m’engloutir. 

 

Il y avait d’autres issues pour aller en ville ou quitter pour un congé, mais cette allée demeurait dans mon esprit comme étant la seule voie royale. Sûrement que depuis ses débuts, elle avait vu de jeunes garçons entrer en habit de ville et, un peu plus tard, passer par là en redingote ou en blazer. Elle a dû éprouver une certaine jouissance dans ces moments puisqu’elle avait réussi à transformer ces garçons.

 

Je me souviens qu’après le souper les prêtres du Séminaire arpentaient cette allée dans un sens et dans l’autre. Rendus à la rue de l’Évêché, ils rebroussaient chemin comme si, eux aussi ne pouvaient pas fouler le sol extérieur. Cela m’impressionne encore quand je fais rouler ces pensées dans ma tête.

 

Un beau dimanche après-midi de juin 1957, j’ai vu les Finissants marcher au pas militaire dans cette allée. « Que se passe-t-il, me dis-je ? » Ils tapaient tellement fort sur le sol qu’on pourrait croire qu’ils voulaient anéantir le macadam. Ces élèves étaient en colère et pas à peu près. Un des leurs venait d’être mis à la porte pour avoir passé une nuit en ville sans permission. Le fait que ces  élèves aient choisi de faire leur manifestation dans cette allée montrait bien l’ambiguïté et la force de sa présence. Elle appartenait à la fois au Séminaire et à l’extérieur. Et une telle manifestation à l’époque, c’était de l’insubordination pure et dure.

 

En 1959, vers 18 h 15, un petit groupe d’élèves dont j’étais, nous avons aperçu l’abbé Georges-Étienne Talbot  déambuler tranquillement dans « son » parc le long de l’allée. Nous avons trouvé étrange sa présence là à cette heure. Nous avons traversé l’allée. Il nous a raconté qu’un de ses confrères prêtres venait de mourir. Il était lui-même très malade. Nous avons rapidement traversé à nouveau l’allée pour revenir à notre point de départ. L’abbé Talbot est décédé deux ou trois mois plus tard.

 

En 1960, nous étions un petit groupe de confrères qui discutaient comment se faisait la fécondation des œufs chez la poule. L’abbé Gilles Roy, un agronome, est apparu dans l’allée du Séminaire. Il passait tout près de notre groupe. Nous l’avons interpellé. Il nous a expliqué en détails le processus naturel de fécondation.

 

En 1962, alors que j’étais jeune ecclésiastique je foulais cette allée. Je me rendais à un des premiers concerts de Gilles Vigneault. Je fus rapidement rejoint par quatre ou cinq jeunes de la Grande salle pour qui j’étais un héros. Qu’avais-je fait de spécial ? Rien. Pour les élèves qui étaient dans des classes après nous, le seul fait d’avoir terminé ce cours de huit ans était considéré comme un acte d’héroïsme.

 

Cette dernière fois, ce fut ma revanche sur l’allée du Séminaire à qui j’avais attribué des responsabilités qu’elle n’avait même pas.

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# 4745          18 mars 2019

L’annuaire du Séminaire

Le premier numéro de l’annuaire du Séminaire de Rimouski a paru à la fin de l’année scolaire 1887.  Ce document servait à faire un portrait le plus fidèle possible de la dernière année écoulée. Il était notamment expédié aux journaux québécois dans le but de faire la promotion de l’institution.

 

Dans son édition du 29 août 1890, le Courrier du Canada fait une brève présentation du numéro 4 de l’annuaire. La voici :

« Ce fascicule, le quatrième de la série renferme les noms du personnel du Séminaire de Rimouski pour l’année 1899-90, des étudiants en théologie et des élèves du petit Séminaire, les gradués de l’Université Laval depuis 1870, la liste des prix décernés à la fin de l’année scolaire, les noms des officiers des différentes sociétés religieuses, musicales et littéraires, et de l’Académie dite St-Jean l’Évangéliste fondée en 1875 par M. l’abbé F. E. Couture, alors préfet des études, la liste des académiciens et enfin celle des dons faits à la bibliothèque et aux musées du Séminaire. La brochure comporte 40 pages de matière, et a été imprimée chez M. A. G. Dion, typographe de la ville de Rimouski. »

 

Le 20 juin 1919, le Progrès du Golfe écrit :

« Nous recevons un exemplaire, très joliment édité, de l’Annuaire 1918-19 du Séminaire de Rimouski. Cet annuaire est, comme ceux des dernières années, fort intéressant surtout par sa chronique de l’année et ses notices nécrologiques sur les principaux bienfaiteurs de la maison décédés au cours de l’année. »

 

Le 25 juin 1926, le Progrès du Golfe écrit :

« Nous accusons réception, avec remerciement, de l’annuaire du Séminaire de Rimouski, pour l’année scolaire 1925-1926.

 

Comme l’institution qui le publie, l’Annuaire a pris de l'ampleur. C’est en 1926, un magnifique volume de 166 pages. On y trouve entre autres choses un intéressant compte-rendu des fêtes à l’occasion de la bénédiction du nouveau Séminaire les 3 et 4 novembre.

 

Nous lisons avec plaisir, dans l'annuaire, que “cédant au vœu nettement exprimé de la population de notre région, le Séminaire rouvrira en septembre prochain le cours commercial qui a existé sans interruption, depuis sa fondation jusqu’à 1916 et dont pour diverses raisons, entre autres, l’insuffisance du local, avait exigé la suppression temporaire. Les nouveaux édifices permettent au Séminaire de reprendre l’enseignement commercial dont ont bénéficié dans le passé les principaux hommes d’affaires des comtés du Bas du fleuve.

 

On y annonce aussi, pour l’automne 1926, l'ouverture de l’École moyenne d'agriculture, bâtie sur la ferme du Séminaire et où 50 fils de cultivateurs pourront suivre, pendant deux ans, un cours d'agriculture à la fois théorique et pratique. » (Fin du texte cité)

 

Le 1er août 1929, le Soleil écrit :

« Nous recevons l'Annuaire du Séminaire de Rimouski pour l'année terminée le 18 juin dernier. Cet annuaire contient un intéressant prospectus du Petit Séminaire de Rimouski, les noms du personnel enseignant au Petit et au Grand Séminaire, ainsi que les noms des élèves. Il donne aussi quelques notes sur les diverses sociétés de l’institution.

 

Un prospectus sur l’École moyenne d’Agriculture intéressera sans doute un bon nombre de lecteurs de l’annuaire. (…) Une chronique de l’année passe en revue les faits intimes de la vie scolaire. Le palmarès de fin d’année souligne les succès des élèves de l’institution. » (Fin du texte cité)

 

En 1950, malgré le fait que les cours ont été suspendus à partir du 6 mai 1950 jusqu’à la fin de l’année scolaire à cause du grand feu de Rimouski, l’annuaire est quand même publié.

 

Le 30 juin 1950, le Progrès du Golfe écrit :

« Malgré l’épreuve qui s’est abattue sur lui lors du sinistre du 7 mai, le Séminaire de Rimouski vient de publier son Annuaire pour l'année académique 1949-1950. Outre les détails habituels concernant le Séminaire même et ses écoles de Commerce, d’Agriculture, des Arts et Métiers (Technique) et de Marine, le volume, qui a 105 pages, contient, entre autres illustrations, deux intéressantes photos inédites des ruines du vieux Séminaire et de ses annexes ; mais pour cette fois on n’y voit point la liste des prix et diplômes, sauf ceux de l’École d’Agriculture, la seule dépendance du Séminaire où il y eut, cette année, (le 27 avril), une distribution de prix. » (Fin du texte cité)

 

Dans les années 1950, l’annuaire annuel comprend entre 150 et 190 pages. On n’y trouve pas de chronique relatant les principaux événements comme dans les premières années. De plus, ce n’est pas seulement le Séminaire qui s’y trouve, mais les six écoles rattachées au Séminaire : le Grand Séminaire, l’Institut de Technologie, l’École de Commerce, l’Institut de Marine, l’École normale Tanguay et l’École moyenne d’Agriculture.

 

Jusqu’en 1964, le format et le contenu demeurent sensiblement les mêmes. En juin 1965 et 1966, l’annuaire n’inclut plus ses écoles. Pour la première année en juin 1966, le nom des professeurs est placé par ordre alphabétique au lieu de l’ancienneté traditionnelle.

 

En juin 1967, on sent que le Cégep n’est pas loin. L’annuaire est divisé en deux parties. La moitié est consacrée au cours collégial et l’autre moitié au cours secondaire. C’est d’ailleurs, le dernier annuaire qui comporte les cours secondaire et collégial.

 

En juin 1968, l’annuaire sera consacré uniquement au cours secondaire, puisque le cégep de Rimouski est devenu responsable de l’enseignement collégial à partir de septembre 1967. J’ai eu l’honneur d’être le responsable de ce dernier annuaire, soit le numéro 82, celui de l’année scolaire 1967-1968.

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# 4715          1er mars 2019

La grille espagnole

La grippe espagnole fit son apparition timidement à Rimouski au début d’octobre 1918. Dans une lettre datée du 9 octobre et publiée dans le Progrès du Golfe du 11 octobre, le chanoine Fortunat Charron, supérieur du Séminaire, sent le besoin de faire le point sur la situation. Sa lettre est intitulée de façon ambigüe : Raisons pour lesquelles le Séminaire est fermé. Voici ce texte :

 

« Monsieur le Directeur du Progrès du Golfe,

Voulez-vous me permettre d’expliquer brièvement aux lecteurs de votre journal qui ont des parents au Séminaire pourquoi nous nous sommes renfermés dans notre splendide isolement ?

 

Ce n’est pas que nous craignions de communiquer la grippe. Jusqu’ici nous n’en avons aucun cas. Et nous espérons bien n’en pas avoir. C’est même précisément pour appuyer solidement notre espérance que nous avons dû fermer notre externat et supprimer les visites au parloir. Nous nous sommes rappelé le précepte des Anciens : Principiis obsta, sero medicina paratur. Ce qui veut dire à peu près : « Si vous permettez à la grippe de poser seulement sur vous une de ses malpropres griffes, tout le peroxyde du monde y passerait sans laver la souillure. »

 

Entre temps, le soleil luit et les médecins avisent. Nous comptons que les lumières combinées des uns et de l’autre chasseront loin de nous, telles des ténèbres épaisses, les germes morbides.

 

Et il y aura alors plus de joie de retrouver notre complète liberté qu’il y a eu de chagrin à la perdre.

Bien à vous,

Fortunat Charron

Supérieur du Séminaire »

 

Il est probable que la décision du Supérieur a déplu aux parents des élèves externes, car ces derniers ne pouvaient plus franchir les portes du Séminaire pour suivre leurs cours. Le Séminaire s’était complètement isolé.

 

Moins d’une semaine plus tard, soit le 15 octobre, la situation avait évolué. Les élèves furent renvoyés chez eux. Ce départ fut douloureux car chaque élève se demandait s’il reverrait ses confrères lors du retour, d’autant plus que la maladie s’attaquait souvent à des jeunes en bonne santé. Les élèves revinrent le 18 décembre. Satisfaction générale. Aucun mort n’a été enregistré. Des élèves avaient vécu des décès dans leurs familles et une dizaine avaient dû lutter contre la maladie si bien que certains semblaient physiquement épuisés. On raconte que certains élèves avaient joué un rôle important auprès de leurs proches malades et de leurs voisins.

 

L’auteur d’une chronique publiée dans la Vie écolière tente une explication au fait qu’aucun élève ne soit décédé. « Avant le départ, ils s’étaient consacrés au Sacré-Cœur de Jésus. Les Directeurs les avaient placés sous la tutelle des Anges Gardiens, patrons du Séminaire, et de la Sainte Vierge de la Congrégation. Les protecteurs étaient suffisamment puissants pour garder jalousement ceux qui leur avaient été confiés. »

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# 4690          15 février 2019

Conrad Ringuet

Il y a 101 ans, soit en 1918,  la grippe espagnole qu’on a appelé la grande faucheuse a fait autour de 30 millions de victimes dans le monde alors que la Première guerre mondiale en a fait 10 millions.  Cette grippe a atteint l’Amérique en octobre.

 

À Rimouski, le premier décès dû à cette grippe est celui du Dr Conrad Ringuet. Cet événement tragique qui a causé une  commotion dans la population est survenu le 17 octobre 1918. Le Dr Ringuet n’avait que 34 ans. À titre de comparaison, à Saint-Mathieu-de-Rioux, le premier décès avait eu lieu le 12 octobre.

 

Le Progrès du Golfe du 18 octobre 2018 écrit ceci : « Le service du Dr Ringuet fut chanté (aujourd’hui) à la cathédrale par M. l’abbé A. Bujold, vicaire. An chœur, on remarquait les prêtres suivants, amis personnels du défunt : M. l’abbé Fortunat Charron, supérieur du Séminaire, M. l'abbé Lionel Roy, directeur du Grand Séminaire, M. l'abbé Alphonse Fortin, professeur, Mgr Bolduc P. D., M. l’abbé J.–M. Roussel, professeur, M. l'abbé Gauvin, vicaire, M. J.-E Lepage, ecclésiastique. »

 

Notons que, par ordre du Bureau d’hygiène, le service devait avoir lieu sans la présence du corps. Aucune tenture ou autre décoration n’étaient permises dans l’église lors des funérailles. En outre, au plus 25 personnes pouvaient y assister.

 

Le journal continue : « Le docteur Ringuet […] avait fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski, ses étude médicales à l’Université Laval à Québec, qu’il avait été parachever à Paris […]. Il avait marié en 1912 Mlle Alice Dumont, de Québec, qui lui survit avec trois jeunes enfants, Jacques, Claire et Françoise, ainsi que sa mère Madame veuve Michel Ringuet, ses frères Michel et Fortunat, ce dernier de Montréal, ses sœurs Mlles Mathilde, Anna et Améla, celle-ci garde-malade à Montréal. »

 

Le journal fait un long panégyrique du défunt. En voici une partie :

« Quand vendredi dernier, au retour d'une course épuisante auprès de ses patients, il jugea nécessaire de se mettre au lit, il avait comme un pressentiment de sa fin prochaine et tragique. Il le dit d'abord et avec ménagements à son épouse, et sans réserve au médecin dévoué qui lui prodigua ses soins dès le début de la maladie, et qui essaya toutes les ressources de son art pour arracher son infortuné confrère à la mort qui le guettait et devait le terrasser si tôt.

 

Le pauvre docteur s’était rendu compte dès le premier jour du cruel malheur qui devait affliger sa chère femme et sa famille. Il en fut d’abord profondément désolé et les souffrances morales qu’il en éprouva furent sans doute plus vives et plus pénibles encore que le mal physique qui devait venir à bout de sa robuste constitution. Mais,  confiant en Dieu qui veillerait sur les siens, il ne recula pas, en homme sans peur et accoutumé à voir la mort de près, devant le suprême sacrifice à accomplir. Il le fit avec le calme et la sérénité d’un vaillant et d’un bon chrétien, sans murmures, sans impatiences, sans vaines protestations contre les décrets de la Providence.

 

Dès mardi soir, il demandait à sa digne et énergique femme d’aller lui chercher son confesseur, M. l’abbé Lemay. Et il mit ordre à ses affaires spirituelles, se préparant consciencieusement à paraître devant le juge suprême. Le lendemain, il recevait les derniers sacrements que lui administra M. le vicaire Bujold. Et jeudi avant-midi, vers 11.30 h, il expirait tranquillement, n’ayant plus depuis quelques heures d’autres préoccupations matérielles que celle d’encourager les siens à se résigner comme lui et surtout à se protéger contre le mal contagieux et redoutable qui l’emportait, lui, à la fleur de l’âge, »

 

Son fils Jacques Ringuet a été notamment médecin consultant du Séminaire de 1943 à 1958, sauf pour un stage d’études en 1950 alors qu’il est remplacé temporairement par Napoléon Langis.

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# 4660          27 janvier 2019

Les dernières années

Dans l’Album des Anciens du Séminaire de Rimouski publié en 1940, l’abbé Alphonse Fortin a écrit : « L’histoire du Séminaire de Rimouski, quand elle sera achevée, montrera à l’évidence que cette institution n’a pas été l’œuvre d’un homme ou d’un groupe d’hommes, mais bien le fruit de la collaboration du clergé et du peuple rimouskois. » Plusieurs contemporains ont dû  sursauter à la lecture d’une possibilité que l’institution cesse un jour ses activités. Pourtant cela s’est produit et s’est fait de façon graduelle.

 

En 1957, le cours classique, sous la supervision de la Faculté des Arts de l’Université Laval est partagé en deux : le cours secondaire d’Éléments latins à Versification et le cours universitaire de Belles-Lettres à Philosophie 2e année. Les écoles affilées au Séminaire, le Grand Séminaire, l’école d’Agriculture, l’École de Commerce, l’Institut de Technologie, l’Institut de Marine ont leur place dans l’annuaire avec leur programme d’études, le nom des professeurs et des élèves, les conditions d’admission, les activités parascolaires et la liste des récipiendaires de prix de fin d’année.

 

Sauf pour l’École Normale Tanguay qui s’ajoute à la liste des écoles affiliées dans l’annuaire 1959-1960, tout continue jusqu’en 1963-1964, année où l’annuaire présente le même contenu et la même présentation que dans les années antérieures.

 

En 1964-1965, les écoles affiliées ne font plus partie de l’annuaire. Le cours secondaire se termine en Belles-Lettres et le cours collégial commence maintenant en Rhétorique. Cette année-là, le cours secondaire accueille 456 élèves et le cours collégial 198 élèves, pour un total de 654 élèves.

 

Pour les jeunes d’Éléments à Versification, les Commissions scolaires régionales où réside l’élève assument les frais de pension et de scolarité. Des bourses sont disponibles au ministère de l’Éducation pour les quatre dernières années.

 

Les élèves de Philosophie 1ère année ont droit à deux cours optionnels parmi les suivants : chimie, français, mathématiques (en plus du cours obligatoire) et physique. Les élèves de Rhétorique ont droit de choisir un ou deux cours parmi les suivants : chimie, physique, français (en plus du cours obligatoire) et histoire (en plus du cours obligatoire).

 

En 1965, les appellations anciennes pour les classes sont modifiées. Le cours secondaire va de Sec. I à Sec. V, le cours collégial de Collège I à Collège III. Le cours collégial continue sa transformation. En Collège II et III, trois cours seulement sont obligatoires : français, philosophie et religion. Le Collège I, autrefois la Rhétorique, présente les cours suivants, tous obligatoires : biologie, français, histoire, mathématiques, philosophie, religion et chimie.

 

Une nouveauté au Secondaire en 1965 : l’ajout d’une classe de Sec. V spéciale. Cette classe est offerte aux élèves qui ont réussi leur 11e année en sciences-lettres ou en sciences-mathématiques à l’école publique. Elle conduit éventuellement au baccalauréat ès arts et aux études universitaires. Le programme comprend du latin, mais pas de grec et pas de physique. Les filles y sont admises. La gratuité scolaire est en vigueur pour les élèves du Secondaire.

 

Dans l’annuaire 1966-1967, on peut lire : « Le Séminaire de Rimouski a été l’un des premiers collèges à dispenser le nouveau cours collégial de la Faculté des Arts de l’Université Laval. Il a assuré dès 1964-1965 le cours de transition et, depuis 1966-1967, donne la plupart des options du nouveau cours. Les principales concentrations pour l’année courante sont : anglais, français, géographie, psychologie, histoire, philosophie, sciences et sciences sociales ». Tout un contraste avec le programme des années 1950.

 

Cette année-là, au collégial, les cours commencent le 6 septembre et se terminent le 28 avril. L’année suivante, soit en 1967, le collégial passe sous la responsabilité du cégep et le Séminaire cesse de dispenser le Sec. I.

 

Les deux premières cohortes d’élèves qui étudient au cégep reçoivent le baccalauréat ès arts de l’université Laval. C’est en juin 1970 que le ministère de l'Éducation décerne les premiers diplômes d'études collégiales (DEC). Les derniers élèves qui ont reçu le baccalauréat-ès-arts à Rimouski sont ceux du 106e cours. Ils ont aujourd’hui autour de 70 ans.

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# 4625          6 janvier 2019

Année scolaire 1914-1915

Les 23 et 30 juillet 1915, le Progrès du Golfe publie une chronique des principaux événements qui sont arrivés au Séminaire de Rimouski au cours de l’année scolaire qui vient de se terminer. Cette chronique provient de l’Annuaire du Séminaire 1914-1915. En voici un résumé :

 

1er juillet. Seize élèves sur 16 sont bacheliers en Rhétorique.

 

2 juillet. « Des ouvriers piochent, creusent, brassent le béton, font du mortier, entassent les briques, apportent des machines plus brillantes les unes que les autres. Le Procureur en a jusqu’aux yeux, surtout quand il faut faire des chèques pour tout ça. »

 

4 août. « La France et la Russie cognent sur l’Allemagne et l’Autriche, et la Grande Bretagne est entrée en danse du côté de la France. »

 

5 août. « Pendant que les canons aiguisent leurs griffes et leurs dents, (figure hardie), s’achève paisiblement la longue cheminée grise de 104 pieds, que le Séminaire fait construire pour sa boutique. »

 

20 août. Décès de Pie X.

 

3 septembre. Benoît XV est le nouveau pape.

 

4 septembre. Rentrée des élèves : 230 pensionnaires et une vingtaine d’externes. « Cohue bruyante, riante et criante d’escholiers, braves petites gens, aspirants tous au titre de docteur en quelque chose, tous remplis à déborder de talents divers selon les mères satisfaites, tous possédant dans leur giberne le bâton de maréchal ou la verge fleurie d’Aaron. »

 

9 septembre. Retraite prêchée par le R. P. Dumont, C. S. S. R.

 

21 septembre. Émile Gagnon, élève de Philosophie, reçoit le prix d’honneur d’Histoire du Canada, accordé par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il s’agit d’un bronze représentant Dollard.

 

29 septembre. Pique-nique au bocage d’en haut. Diner sur l’herbe, parties de balle, courses sous les sapins, gaieté folle.

 

9 octobre. La porte de l’usine est trop étroite pour laisser passer les deux énormes bouilloires dans la nouvelle usine. On doit se résigner à enlever le toit de l’édifice.

 

30 octobre. La cour est prête pour l’hiver. De fait, il neige à plein ciel.

 

5 novembre. Conférence du Supérieur sur la guerre Anglo-Boer.

 

22 novembre. Une Sainte-Cécile enneigée et frileuse.

 

25 novembre. Une Sainte-Catherine rayonnante. Présentation d’une comédie par les Philosophes.

 

15 décembre. Pour la première fois, on allume les feux sous les bouilloires de la nouvelle usine. Faute de charbon, le feu s’éteint rapidement.

 

16 décembre. Fête de M. le Supérieur. On compte 80 prêtres présents. Les élèves présentent la pièce intitulée La tour du Nord de Faure.

 

8 janvier. Un redoux exceptionnel. Les bancs de neige ont fondu. Les voitures roulantes ressortent.

 

13 janvier. La buanderie commence à opérer.

 

19 janvier. Les voitures roulantes sont remisées. Il neige.

 

27 janvier. Fin des examens du premier semestre. Le Cercle St-Joseph de l’A. C. J. C. (Association catholique de la jeunesse canadienne-française) présente une soirée au profit de la cause canadienne-française de l’Ontario.

 

13 février. Rappel du premier anniversaire du début d’épidémie de picote.

 

17 mars. Il n’y a pas de congé de la Saint-Patrice cette année car on ne compte aucun Irlandais au Séminaire. Inauguration du nouveau système central de chauffage à l’eau chaude. Même si les turbines sont lancées à 3000 tours à la minute, le chauffage ne fonctionne pas. On pense que les pompes ont été montées à l’envers. En réalité, la valve qui devait faire passer l’eau chaude vers le Séminaire était fermée.

 

4-5-6 mai. Fêtes solennelles à l’occasion des noces d’argent du cardinal Bégin. Sont présents 12 évêques, 5 ou 6 prélats, 200 prêtres.

 

31 mai. Séance publique du Cercle de l’A. C. J. C.

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# 4590          15 décembre 2018

Le Séminaire en 1894

Le journal l’Électeur de Québec, qui fut remplacé par le Soleil, publie dans son édition du 18 août 1894 une description du Séminaire de l’époque. Ce texte provenait de l’annuaire du Séminaire. Le voici intégralement :

 

« Cette maison est située, dans la ville de Saint-Germain de Rimouski, au bord du fleuve Saint-Laurent, à 180 milles de Québec. Ici, le fleuve n’a pas moins de 30 milles de largeur, on y jouit de l'avantage des bains à l’eau salée.

 

 

À 2 milles seulement, se trouve un quai où les vaisseaux transatlantiques  prennent et déposent le courrier d'Europe ; de plus à quelques arpents de l'établissement, est la gare du chemin de fer intercolonial qui offre une communication journalière, d’un côté avec les grandes villes de Québec, Montréal, Ottawa, Toronto et les États-Unis, et de l'autre avec St-Jean, Halifax et toutes les autres villes des provinces maritimes.

 

La maison est construite sur un côteau, dans la partie haute de la ville, et on y jouit d’une vue splendide de tous les côtés. L’air y est très salubre. La maison a des dortoirs spacieux et bien aérés, des salles d’études et des classes bien éclairées; les cours de récréation sont très vastes, et offrent tous les avantages possibles pour les amusements et les jeux. » (Fin du texte cité)

 

Le même journal précise que les cours d’études se divisent en deux parties : le cours commercial et le cours classique.

 

1. Le cours commercial dure 5 ans. Pour y être admis, il faut savoir lire et écrire. Les matières enseignées pendant les trois premières années sont le français, l’anglais, l’arithmétique, l’histoire sainte, l’histoire du Canada, la géographie, l’art épistolaire, l’agriculture et la calligraphie. Pendant les deux autres années, outre le français et l’anglais, on enseigne l’arithmétique commerciale sous toutes ses formes, la calligraphie, la sténographie, la télégraphie, la clavigraphie et le dessin industriel. Les matières commerciales sont enseignées en anglais.

 

2. Le cours classique dure six ans et renferme notamment l’étude des langues latine et grecque, l’histoire, la littérature, la rhétorique, les mathématiques, la philosophie, la physique, la chimie, l’astronomie, l’histoire naturelle et l’anglais.

 

Ajoutons que l’élève pouvait être classé selon son degré d’instruction et de réussite à l’entrée et même en cours d’année. À l’époque, certains curés ou professionnels donnaient des cours privés aux élèves les plus talentueux : ce qui permettait à ceux-ci de sauter des classes au Séminaire.

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# 4560          27 novembre 2018

Fin de l’année scolaire 1913

Comment se passait la fin de l’année scolaire au Séminaire de Rimouski en 1913, soit il y a 105 ans ? L’élève des années 1940 ou 1950 a-t-il vécu les mêmes événements ? Voici ce que nous apprend le Progrès du Golfe du 20 juin 1913 :

 

« La distribution des prix a eu lieu en séance solennelle mercredi soir (18 juin) au Séminaire. La salle des promotions était comble de spectateurs, parents et amis des élèves. Il y eut chant par M. J.-M. Roussel et déclamation par M. Frs Thibault. L’un et l’autre furent très applaudis.

 

Un nombre extraordinaire de prix spéciaux furent accordés aux élèves de la plupart des classes. Le discours d'adieu fut prononcé avec beaucoup d’éloquence par M. Alexandre Michaud, au nom des finissants. M. le Supérieur, le Rév. Chanoine C.-P. Côté, fit ensuite une touchante allocution qu'il termina en invitant les élèves et leurs parents à se rendre à la chapelle pour le Salut Solennel du Saint-Sacrement et le chant du Te Deum. La distribution des prix avait eu lieu sous la direction de M. le préfet des Études.

 

Des douze élèves finissants, huit, nous dit-on, entreront au Grand Séminaire l’an prochain. De ceux qui resteront dans le monde, l’un étudiera le droit, un autre l’art dentaire, et le troisième entre à 1’emploi du Chemin de fer Pacifique Canadien. Un des finissants entrera chez les Oblats.

 

Quatre élèves du Cours commercial ont reçu leur diplôme cette année : MM. Arthur Godbout et Wilfrid LeBlanc, avec grande distinction, MM. Joseph Tremblay et Albert Bourget, avec distinction.

 

Les examens du baccalauréat ont eu lieu cette semaine. MM. les abbés Lionel Roy et J.-Alphonse Fortin, les correcteurs représentants du Séminaire de Rimouski, partiront demain pour l’Université Laval à Québec.

 

À MM. les directeurs et professeurs du Séminaire, ainsi qu’à MM. les élèves, nous souhaitons de très heureuses vacances. »

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# 4535          12 novembre 2018

Année scolaire 1913-1914

Le 17 juin 1914, le Progrès du Golfe publie une chronique des principaux événements qui sont arrivés au Séminaire de Rimouski au cours de l’année scolaire qui vient de se terminer. Cette chronique provient de l’Annuaire du Séminaire 1913-1914. En voici un résumé :

 

18 juin 1913. Séance de distribution des prix à 20 heures.

 

19 juin. Les élèves retournent dans leur famille. À l’université Laval, l’abbé Fortunat Charron, préfet des études, reçoit un certificat honorifique de maître ès-arts.

 

15 août. Le chanoine R.-Ph. Sylvain devient Supérieur du Séminaire en remplacement du chanoine C.-P. Côté.

 

26 août. Sept des 12 finissants de juin entrent au Grand Séminaire.

 

5 septembre. Seul le cours classique accepte les externes. Le cours commercial ne les accepte pas, faute de places. Les abbés Alphonse Fortin, Charles Charrette et Arthur Beaulieu se joignent au personnel.

 

8 septembre. Il y a 60 élèves en Éléments latins qui forment une seule classe.

 

10 septembre. Retraite prêchée par le P. Berchmans.

 

20 septembre. Un nouveau dortoir est créé à l’ancien étage des classes. Il a fallu abattre deux murs. Antérieurement, l’infirmerie servait de dortoir.

 

30 septembre. Grand pique-nique au bocage « d’en haut » pour toute la journée.

 

2 octobre. La Société St-Louis-de-Gonzague élit son nouveau président : Adélard Leblanc.

 

5 octobre. La Société St-Stanislas élit son nouveau président : Adhémar Beaulieu.

 

15 novembre. Depuis 15 jours, c’est un « soleil d’août ».

 

20 novembre. Les élèves sont soumis à des exercices militaires.

 

22 novembre. Une Ste-Cécile sans neige.

 

25 novembre. Fête des Philosophes. Les « bonnes Sœurs » n’ont pas voulu se charger de faire la tire.

 

30 novembre. La séance d’automne qui se passait à la Saint-André aura désormais lieu à la fête du Supérieur.

 

8 décembre. Plus de 50 élèves sont admis dans la Congrégation mariale. Ce sont de nouveaux enfants de Marie.

 

17 décembre. Fête du Supérieur. Les élèves présentent une pièce de Maurice Ordonneau : Les Moulinard (nom de famille). Les principaux acteurs sont : François Thibault, Herman Roy, Joseph Lebel, Joseph Chénard, Camille Côté et Émile Côté.

 

30 décembre. Début du congé du Jour de l’An. Les élèves rejoignent leurs familles.

 

8 janvier. Retour des élèves au Séminaire.

 

13 février. Début d’une épidémie de picote.

 

14 février. Vaccin obligatoire. Une vingtaine d’élèves se retrouvent à l’infirmerie. Le Séminaire se met en quarantaine. L’accès et la sortie sont interdits.

 

25 février. Hiver très froid.

 

6 mars. Malgré la tristesse de la réclusion, les philosophes organisent une petite soirée récréative en l’honneur de saint Thomas.

 

9 mars. Fin de la réclusion pour les élèves. Le Séminaire ouvre de nouveau ses portes.

 

15 mars. La compagnie électrique de Rimouski ne peut plus produire de l’électricité. Il faut revenir au pétrole.

 

1er avril. Les élèves reçoivent deux tables de billard : une pour la Petite Salle et une pour la Grande Salle.

 

16 avril. Les six Finissants terminent leur retraite de vocations.

 

20 avril. L’électricité revient.

 

7 mai. À Sainte-Angèle, funérailles de Pierre Lévesque, un élève de Seconde. Il a succombé à la consomption galopante.

 

8 mai. Nouvelles pannes d’électricité.

 

9 mai. À Saint-Fabien, funérailles d’Antonio Bellavance, élève d’Humanités et congréganiste.

 

13 mai. Séance académique raccourcie de la partie dramatique due à l’absence d’électricité.

 

29 mai. L’Empress of Ireland sombre dans le fleuve St-Laurent au large de Rimouski engloutissant plus de 1000 personnes. Le deuil est général.

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# 4510          28 octobre 2018

Année scolaire 1911-1912

Pendant quelques temps, l’annuaire du Séminaire de Rimouski est doté d’une section où on relate les principaux événements de la dernière année scolaire. Le Progrès du Golfe publie alors cette chronique dans ses pages. Voici un résumé du contenu pour l’année scolaire 1911-1912, qui provient de l’édition du journal du 26 juin 1912 :

 

2 septembre. Rentrée des élèves. Le Séminaire accueille 225 pensionnaires et 70 externes.

 

5 octobre. La Société d’élocution et de déclamation St-Louis de Gonzague se réunit pour choisir ses officiers. Étant donné le grand nombre de postulants, le préfet des études scinde le groupe en deux sections.

 

27 octobre. On fête les 50 ans de sacerdoce de l’assistant-supérieur, le chanoine Joseph-Omer Normandin qu’on appelle le bon Père Normandin.

 

2 novembre. Depuis deux mois, la Rivière Rimouski s’est progressivement asséchée provoquant des pannes temporaires d’électricité autant au Séminaire que dans toute la ville. Le procureur décide de faire installer un système d'éclairage à acétylène dans les grandes salles.

 

8 novembre. En provenance de New York, la fanfare Ste-Cécile reçoit 15 instruments neufs, un don du clergé du diocèse de Rimouski.

 

22 novembre. La fanfare donne une prestation avec ses nouveaux cuivres. Un goûter « délicieux » suit au réfectoire : du pain avec du son.

 

25 novembre. Ils sont 13 Philosophes à fêter la Ste-Catherine.

 

10 décembre. En soirée, un vent de panique survint à la salle d’études. Des globes de feu formés par l’acétylène surgissent des tuyaux et se forment sur les becs. Des dégâts sont causés par des élèves qui fuient la scène. Après un moment, le calme revient.

 

29 décembre. Les élèves quittent le Séminaire pour le congé dit du Jour de l’An. Il neige « à pochetée ». Des vents violents perturbent la circulation sur le chemin de fer.

 

8 janvier. Le retour au Séminaire se fait dans la tempête. Les élèves de la Baie-des-Chaleurs ne peuvent pas revenir à temps.

 

11 janvier. Une période de froid ultra-sibérien entraîne le gel des calorifères au dortoir. Les élèves sont invités à aller chercher leur matelas et leurs couvertures et s’installent dans les salles de classes.

 

1er février. L’A. C. J. commence la publication d’un journal appelé La Vie écolière, le tout écrit à la main. On pense que le journal « paraît destiné à vivre longtemps si l’on en juge par l’excellence et la variété de sa rédaction »,

 

8 février. Le froid sibérien persiste à Rimouski.

 

16 avril. On parle du Titanic que la mer a englouti pendant la nuit d’hier avec 1035 passagers,

 

14 mai. L’évêque du Témiscamingue vient faire une visite au Séminaire. Les élèves ont droit à une journée de  congé.

 

15 mai. Élections provinciales. Trois anciens élèves se présentent dans les comtés de Rimouski, Matane et Gaspé. Aucun n’est élu.

 

24 mai. Les élèves se plaignent que la température est froide pour la saison.

 

2 juin. Le Cercle de l’A. C. J. C. présente une démonstration populaire « en faveur du beau verbe de France ». Des discours et des improvisations par les membres du Cercle sont au programme.

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# 4485          13 octobre 2018

Le train routier

C’est en 1873 que Rimouski accueille la ligne de chemin de fer intercolonial reliant Halifax à Québec. Pour le Séminaire naissant, c’est sans doute une bénédiction et un espoir de progrès.

 

Dans un texte de 1894 visant à promouvoir le Séminaire de Rimouski, le chroniqueur ne manque pas de souligner que la gare de chemin de fer est « à quelques arpents de l'établissement » et qu’elle permet de rejoindre Québec, Montréal, Ottawa, Toronto, les villes des provinces maritimes et même celles des États-Unis.

 

Avant l’avènement de l’automobile, ai-je lu quelque part, lorsque les élèves quittent ou reviennent de vacances, on peut apercevoir une file presqu’ininterrompue entre le Séminaire et la gare.

 

On peut facilement imaginer que les pensionnaires utilisent ce moyen de transport pour tout déplacement. Il en est sûrement ainsi des prêtres. Autrement, c’est la voiture à cheval : celle conduite par des particuliers ou celle qui transporte la Malle Royale de Sa Majesté.

 

Dans les années 1940 et 1950, l’achat d’automobiles et de camionnettes s’accroît. Le train perd quelque peu de son intérêt, mais il a encore sa place. La première fois que j’ai utilisé ce moyen de transport, c’était en décembre 1953. C’était ma première année au Séminaire et mes premières vacances, car le congé de la Toussaint n’existait pas encore.

 

Peu de temps auparavant, ma mère m’avait écrit pour me dire de prendre le train pour revenir à la maison. J’avais à peine 12 ans et je n’avais jamais voyagé seul. Pour me rendre à la gare, j’ai suivi les autres. J’étais très nerveux. Heureusement qu’une de mes sœurs qui étudiait à Mont-Joli était sur le train.

 

Tant que les chemins ne sont pas ouverts pendant la saison froide, le train demeure encore le moyen de transport privilégié. Lors du retour des vacances des Fêtes, il arrivait qu’un snowmobile parte du village de Saint-Mathieu-de-Rioux et amène les élèves à la gare de Saint-Simon en passant par les champs lors de tempêtes.

 

Au moins une fois, je n’ai pas eu  de place dans les wagons de passagers. Qu’arriva-t-il alors ? Il arriva ce qui n’arriverait pas aujourd’hui. On nous fit monter dans les wagons à bagages. C’était plutôt malpropre car ces wagons pouvaient servir non seulement aux valises, au déménagement, mais aussi … au transport d’animaux, sans compter le manque de sièges adéquats.

 

Le train a fait bien des heureux et bien du vacarme. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de « train ». Le train routier se retire doucement.

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# 4455          25 septembre 2018

Des filles au Séminaire

J’ai eu le bonheur de faire partie de la première cohorte qui a inauguré le Pavillon de Philosophie, une bâtisse attenante au Séminaire de Rimouski. On était en septembre 1959.

 

Nous avions chacun notre chambre. De plus, des salles de classe, une bibliothèque, un gymnase, des laboratoires, un salon et une chapelle (bien sûr) y avaient été aménagées. La vie de pensionnaire prenait un tout autre sens. Sans compter que les règles de conduite étaient passablement réduites et que les sorties en ville étaient permises lors des congés sans avoir besoin d’en faire la demande. En plus de tout ça, une surprise nous attendait au début de l’année scolaire.

 

Au printemps 1959, la supérieure des Ursulines avait demandé que quelques-unes de ses filles puissent poursuivre leurs études de philosophie au Séminaire. Le supérieur du collège avait accepté à la condition qu’une religieuse accompagne les jeunes filles, même pendant les cours. Durant l’année 1959-1960, dans ma classe, une religieuse a suivi les cours religieusement mais elle n’est pas revenue l’année suivante. Les deux jeunes filles de ma cohorte, Louise Dumais et Cécile Gendreau, ont donc perdu leur « chaperonne ».

 

Le Progrès du Golfe a jugé que la situation méritait d’être connue. Le 18 septembre 1959, en page 20, on peut lire :

 

« Pour la première fois dans l’histoire rimouskoise, jeunes gens et jeunes filles suivront les mêmes cours de philosophie en vue de l’obtention du baccalauréat-ès-arts. Le Séminaire de Rimouski, qui met dès cette semaine un pavillon de philosophie des plus modernes à la disposition des étudiants des deux dernières années du cours classique, recevra quotidiennement, pour les cours, les étudiantes du collège classique féminin des Ursulines, en 1ère et en 2e années de philosophie. Il y aura deux religieuses d’inscrites aux cours de philosophie du séminaire et cinq jeunes filles, dont trois en 2e année, soit Louise Lévesque, Céline Hudon et Monique Dumais. » (Merci à Raymond Levasseur qui m’a fourni ce texte.)

 

À l’époque, le Séminaire de Rimouski existait depuis près de 100 ans. Jamais scène pareille n’avait été vue. Comme quelqu’un disait laconiquement : « Un début de promiscuité ».

 

J’ai donc assisté à ma grande surprise à une petite révolution qui a été très tranquille et qui n’a causé aucun dommage.

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# 4425          7 septembre 2018

Polyeucte de Corneille

Il est de ces événements qui sont inoubliables, surtout quand on est jeune. En 1957-1958, le professeur de français en Belles-Lettres A est l’abbé Ernest Garnier (nom fictif). Son autorité est très fragile. Quand la cloche du début des cours sonne, il clame : « Messieurs, messieurs ». Les élèves prennent leur temps pour regagner leur pupitre.

 

En mars 1958, lors de son cours du mercredi 11 heures, l’abbé Garnier commence en disant : « Quels sont ceux qui ont apporté leur Polyeucte ? » Seulement, la moitié des élèves lèvent la main. L’abbé Garnier est furieux. Il nous dit : « Depuis ces derniers mois, le cours du mercredi est consacré à l’étude de Polyeucte. » Il continue pendant au moins cinq minutes, le visage rouge, les mains en l’air, à vociférer contre cette situation.

 

Personnellement, je me sens mal, parce que je n’avais pas apporté le précieux livre. Pourtant, il m’arrivait rarement de ne pas être attentif aux demandes des professeurs. Je ne comprends pas comment j’avais pu oublier cette directive. Je ne me rappelais pas avoir entendu l’abbé Garnier faire cette demande.

 

Le lendemain, l’abbé Ludger Rioux, le préfet des études, vient nous informer que l’abbé Garnier a fait une crise cardiaque pendant la nuit. Consternation chez les élèves de la classe et surtout chez ceux qui, comme moi, avaient été négligents.

 

Trois personnes remplacent l’abbé Garnier pour le reste de l’année.

1. Mgr Georges Dionne

Il a 66 ans et est à sa retraite. Il souffre, dit-on, de pénibles maux de tête depuis des années. Il est responsable de l’étude de Polyeucte. Il nous récite par cœur des bribes de cette tragédie. La classe est très silencieuse par respect pour cet homme.

 

2. Guy Lapointe

C’est un ancien professeur laïc du Séminaire. Il a quitté l’enseignement pour devenir vendeur d’assurances. Il enseigne l’histoire de la littérature française du 17e et du 18e siècle. Dès son premier cours, il nous demande d’être très discrets sur sa présence pour ne pas perdre son emploi dans l’assurance.

 

3. L’abbé Ludger Rioux

Il n’a pas pu trouver de remplaçant. Alors, il assume la responsabilité de la dissertation littéraire. Son cours est le samedi à 11 heures. Il s’absente de temps à autre. Dans ces cas, des responsables de la classe font jouer des pièces de musique classique. Un jour, sur une musique dont j’ai oublié le titre, les élèves de la classe ont chanté en chœur : « Charles-Édouard, prends la porte, puis sors dehors. »

 

L’abbé Garnier n’a jamais retourné en classe, mais d’autres tâches lui furent confiées par la suite.

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# 4395          10 juin 2018

Prix spéciaux

Chaque année, au Séminaire de Rimouski, comme dans tous les collèges classiques, il y avait la distribution solennelle des prix à la fin de l’année scolaire. Il y avait d’abord remise de prix pour souligner les résultats scolaires dans chaque classe. À la même séance, suivait la remise de prix spéciaux.

 

Bon an, mal an, plus d’une centaine d’élèves recevait  des prix. Alors que les prix de classe étaient constitués de livres et s’appuyaient sur des données chiffrées, les prix spéciaux se traduisaient principalement par de montants d’argent variant de 2 $ à 25 $. En majorité, ce sont les élèves des classes supérieures qui recevaient ces prix et le choix des récipiendaires semblait parfois aléatoire.

 

Ces prix étaient destinés aux élèves qui avaient eu une bonne conduite, qui s’étaient distingué par leur application au travail, qui avaient manifesté un grand esprit sportif, qui étaient vainqueurs de certains tournois ou encore qui avaient réussi dans certaines matières scolaires.

 

Les donataires, pour la plupart, étaient des membres du clergé, mais aussi des particuliers et des organismes. Voici cinq exemples lors de la distribution des prix spéciaux en 1953-1954 :

• Deux prix de cinq dollars chacun offerts par Mgr Charles-Eugène Parent en faveur de deux élèves qui se sont particulièrement distingués aux œuvres d’Action catholique.

 

• Prix de 10 dollars offerts par Mgr le Supérieur en faveur d’un élève finissant qui s’est fait remarquer par son dévouement et sa sociabilité.

 

• Prix de cinq dollars offert par M. Alfred Dubé, député de Rimouski, en faveur de l’élève de Philosophie I qui a eu le plus de succès dans l’étude de la philosophie.

 

• Prix de cinq dollars offert par M. et Mme Gérard Dionne d’Amqui comme prix de mathématiques en Méthode A.

 

• Prix de cinq dollars offert par l’abbé Hilaire Demeules comme deuxième prix d’excellence en Versification A.

 

Certains prix attiraient la suspicion et étaient accueillis par les élèves avec un air moqueur. Ceci se passait lorsque le donateur avait une certaine relation avec le récipiendaire ou que les raisons semblaient avoir été choisies en fonction du récipiendaire. Voici trois exemples :

 

• Prix de cinq dollars offert par M. l’abbé Eustache Santerre, ex-curé de Saint-Arsène, en faveur de l’élève de Méthode B qui s’est classé premier en version grecque. (Comme par hasard, le récipiendaire était natif de Saint-Arsène. Pourquoi la version grecque ?)

 

• Prix de cinq dollars offert par M. le chanoine Joseph Gauvin, curé du Bic, en faveur de l’élève de Syntaxe latine C qui s’est le plus distingué par son application au travail. (Comme par hasard, le récipiendaire était natif du Bic.)

 

• Prix de 10 dollars offert par Mgr Louis-Théodore Landry, ex-curé de Cacouna, en faveur de l’élève qui a obtenu le plus d’accessits. (Comme par hasard, le récipiendaire était natif de Cacouna.)

 

La séance était très longue. Plusieurs parents quittaient avant la fin.

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# 4345          11 mai 2018

Élèves du Séminaire 1863-1903

Une religieuse du Saint-Rosaire, Georgette Grand'Maison, a fait une étude exhaustive sur la situation des élèves du Séminaire de Rimouski dans la période de 1863 à 1903.

 

Pendant cette période, 39,3 % des élèves sont fils de cultivateurs, 27,3 % d’ouvriers, 15 % de marchands, 10,2 % de professionnels et 0,6 % d’instituteurs. Pour les autres, soit 7,6 %, le père est décédé.

 

Parmi les élèves inscrits, on retrouve 25 noms de consonance  étrangère. Quelques-uns viennent des milieux où on trouve la Compagnie Price Brothers et L’Intercolonial Railway.  Les autres sont originaires de la Gaspésie où la colonisation était encouragée par l’Angleterre.

 

Les élèves sont issus de familles en moyenne de près de 10 enfants. Il n’y a aucun fils unique.

 

Les frais de pension et de scolarité sont les suivants :

1863-1868. Pensionnaires : 70 $ par année. Externes : 10 $.

1868-1883. Pensionnaires : 80 $ par année. Externes : 10 $.

1883-1900. Pensionnaires : 90 $ par année, plus 15 $ de rétribution. Externes : 10 $.

1900-1915. Pensionnaires : 100 $ par année. Externes : 18 $, puis 20 $.

 

Voici ce qu’écrit l’auteure concernant le paiement des frais :

« À la fin du XIXe siècle, la région du Bas Saint-Laurent est relativement pauvre. L'agriculture n'est pas très florissante et les industries dépendantes de la forêt peu prospères ne peuvent employer une abondante main-d'œuvre. L'argent est plutôt rare.

 

À part les professionnels dont les honoraires ne sont pas très élevés, les autres groupes sociaux pratiquent encore le système du troc dans les échanges commerciaux. D'ailleurs les administrateurs du collège, connaissant la situation financière des parents des élèves, acceptent facilement que l'on paie en "nature". Le collège était organisé en conséquence et les marchandises les plus variées servaient à payer la pension et l'instruction.

 

Il n'est pas rare de trouver dans les Livres de comptes personnels des élèves les articles suivants : 10 livres de beurre, 2 cordes de bois, 5 livres de pois, 1 bœuf, 1 porc, 2 moutons, 3 volailles et même, exceptionnellement, 2 barils de poils. Toutefois, il n'y a pas seulement le cultivateur qui paie avec des produits agricoles, le notaire et même l'avocat donneront la vache qu'ils possèdent pour payer le collège de leur fils. » (Fin du texte cité)

 

Les deux tiers paient seulement en argent, les autres paient en argent et marchandises. À mesure qu’on s’achemine vers la fin du 19e siècle, les paiements en argent augmentent. Environ 17 % des finissants quittent avec des comptes non réglés. Les bourses sont de plus en plus nombreuses. De ce nombre, une vingtaine d’étudiants qui entreprennent des études en théologie paient leurs dettes en faisant de la surveillance ou en donnant des cours au Séminaire.

 

Ajoutons que les membres de la direction et le personnel enseignant gagnent 100 $ par année.

 

Source. Les élèves du collège-séminaire de Rimouski, par Georgette Grand'Maison, R. S. R., Université d'Ottawa, 1971.

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# 4315          23 avril 2018

Systèmes de bourses

Une religieuse du Saint-Rosaire, Georgette Grand'Maison, a fait une étude exhaustive sur la situation des élèves au Séminaire de Rimouski durant la période de 1863 à 1903. Elle raconte que Mgr Jean Langevin, premier évêque du diocèse de Rimouski, a payé les études de huit élèves et en a aidé 20 autres. Mgr Edmond Langevin, Grand Vicaire et frère de l’évêque, paya les études de 3 élèves et en a aidé 4 autres. Elle a recensé près de 200 bienfaiteurs, prêtres et laïques, pendant cette période.

 

Les sources d’alimentation de ces bourses étaient :

1. Les successions. Par exemple, la succession Picard en 1869 a donné 407,07 $, la succession Audet en 1871 a donné 1300 $, la succession Théberge en 1887, 250 $, la succession  Roy en 1899, 738,44 $. La succession Chouinard en 1901, 10 000 $. Même montant pour la succession chanoine Audet en 1903.

 

2. Sommes d’argent confiées au Séminaire à titre de fondations. Les intérêts étaient versés en bourses. Par exemple, la fondation Jean Langevin a pu verser 2582,74 $, la fondation F. X. Audet 3404,25 $, la fondation Dame Georges Prével 1933,51 $

 

3. Distribution des biens des Jésuites. La part qui revenait au Séminaire : 10 458, 57 $.

 

4. Dons de biens immeubles au Séminaire : En 1872, un moulin à farine (274 $), deux terres (1000 $) par Maurice Powers, célibataire de Cascapédia (New-Richmond) ; en 1873, une terre (1200 $) par Mgr Jean Langevin pour la construction du Séminaire ; en 1874 une autre terre (850 $) par Messire Georges Potvin

 

5. Participation des paroisses à l’œuvre du Séminaire diocésain. En 1868, Mgr Langevin propose une contribution de 15 sous par communiant.

 

6. Dons recueillis par l’abbé Charles Guay aux États-Unis, à Ottawa, à Montréal, à Sherbrooke et à Saint-Hyacinthe.

 

7. En 1892, percentage de la fabrique. Celle-ci doit verser chaque année un pourcentage des revenus pour payer une bourse à des séminaristes de la paroisse.

 

Source. Les élèves du collège-séminaire de Rimouski, par Georgette Grand'Maison, R. S. R., Université d'Ottawa, 1971.

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# 4285          11 avril 2018

Rôle du Séminaire

Au Séminaire de Rimouski, y avait-il une pression auprès des élèves pour que ceux-ci deviennent prêtres ? La réponse est non. S’il y avait pression, elle venait beaucoup plus des parents et des bienfaiteurs, surtout des bienfaiteurs laïcs. Les autorités du Séminaire et les professeurs prêtres souhaitaient que le plus grand nombre choisissent  la prêtrise, mais sans plus. Ils savaient bien que certains de leurs anciens élèves deviendraient un jour des intervenants importants dans la société et qu’ils pourraient compter sur eux.

 

Dans la circulaire au clergé du 29 septembre 1936, Mgr Georges Courchesne, premier archevêque de Rimouski, écrivit :

 

« Il m’est arrivé souvent de rappeler à nos fidèles que ce qui nous a permis de disposer de nos destinées quand la Providence eut permis que nous fussions abandonnés à la domination d’un pouvoir non catholique et étranger à notre culture française, ce fut ce double fait : nous avions notre classe agricole possédant le sol, et un clergé qui vivait dans l’intimité de notre peuple.

 

Des circonstances providentielles, tenant d’abord à notre pauvreté, nous ont valu que toutes les études secondaires se soient faites dans des maisons où se formaient nos prêtres. De sorte que ceux qui se préparaient à défendre dans le sanctuaire l’âme de nos fidèles, voyaient grandir à côté d’eux ceux qui, dans les diverses professions et dans la vie publique, auraient à défendre le patrimoine commun de nos droits nationaux. Nos collèges-séminaires ont donc été l’âme de la résistance à tout ce qui, pour nos gens, aurait été la mort de la religion et de la nationalité.

 

Vous êtes témoins de l’effort qui se fait pour donner au personnel de notre séminaire diocésain les études supérieures qui, dans le domaine des lettres, de la philosophie, des sciences et des arts, lui permettent non seulement d’être à la hauteur de sa tâche, mais de la dominer. Nos professeurs et les directeurs de la maison ne veulent pas se dérober au souci d’ouvrir des voies à leurs élèves non seulement dans le clergé, dans les professions traditionnelles, mais encore dans toutes les carrières où les sciences appliquées  peuvent procurer aux nôtres leur part des bénéfices qu’il nous est trop souvent arrivé d’abandonner aux étrangers comme un fief réservé. »

 

Le message de Mgr Courchesne est clair. Le Séminaire est là pour former des personnes, peu importe leur choix de carrière.

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# 4250           23 mars 2018

Prise de rubans du 98e cours

Sous le titre Prise de rubans au Séminaire de Rimouski et du curieux sous-titre Action concertée des laïques et de la milice ecclésiastique, le Progrès du Golfe du 28 avril 1961 dévoilait le choix de carrière des finissants de cette maison d’enseignement. Voici le texte :

 

« C’est en présence de plus d'un millier de personnes, en l’auditorium du Séminaire de Rimouski, dimanche après-midi (le 23 avril 1961), que les soixante finissants en Philosophie II firent connaître le choix de leurs carrières par la prise du ruban symbolique.

 

Son Excellence Mgr C.-E. Parent, archevêque, Mgr Eudore Desbiens, V. G., Mgr L.-P. Saintonge, V. G., Mgr Antoine Gagnon, P. D., supérieur, M. Albert Dionne, député de Rimouski au Parlement de Québec, ainsi que d'autres personnalités religieuses et civiles et le corps professoral avaient pris place aux premiers rangs dans la salle de réception.

 

Le président de la classe des finissants, M. Damien Chouinard, de Squatteck, se fit l'interprète de ses confrères pour les hommages aux autorités et l'expression des sentiments de gratitude à l'Alma Mater et aux parents.

 

Un apostolat concerté

En exprimant sa joie aux dix-sept finissants qui se destinaient au clergé ou à la vie religieuse, le pasteur du diocèse invita les autres, qui seront dans les professions diverses, à un apostolat engagé pour suppléer à la pénurie de prêtres, pour mener le combat avec la milice ecclésiastique. Le remous inquiétant d'idées nouvelles dans le monde en perpétuelle évolution donnera l'occasion à nos futurs laïcs de garder bien solides les convictions acquises au collège. Il invita les parents à conserver à leur foyer l’ambiance chrétienne, les mettant en garde contre les fréquentations précoces.

 

Choix des vocations

Dix-sept des philosophes se destinent au sacerdoce. Ce sont :

Clovis Théberge, de St-Mathieu,

Roch Pelletier, d’Amqui,

Jean-Ernest Gagné, de St-Moïse,

Clément Lavoie, de St-Joseph de Sept-Îles,

Joseph St-Pierre, de Ste-Rose du Dégelé,

Marcel Rioux, de St-Jean-de-Dieu,

Léopold Fournier, de St-Alexis de Matapédia,

Georges-Henri Beaulieu, de St-Valérien,

Hermet Roy, de St-Arsène,

Georges Bérubé, de Ste-Françoise,

Rémi Desmeules, d’Albertville,

Paul-Émile Vignola, de St-Fabien,

Lévis Belzile, de Trois-Pistoles,

Charles-Édouard Jean, de St-Mathieu,

René Beaulieu, de St-Eusèbe, dans le clergé séculier.

 

Gilbert Lebel, de Ste-Blandine

et Rosaire Gagné, de Mont-Joli, aux Missions Étrangères.

 

Ont opté pour la médecine.

Jean Morisset, de Rimouski,

Camille Banville, de St-Narcisse,

Gaston Drapeau, de Ste-Luce-sur-mer,

René Boisvert, de Saint-Robert-Bellarmin,

Gaétan Smith, de Ste-Flavie,

Albert Dionne, de St-Germain de Rimouski,

Martin Gamache, de St-Jean-de-Dieu,

Raynald  Pineault, de Les Boules.

 

Sciences politiques

Rodrigue Lavoie, de Ste-Odile-sur-Rimouski,

Yves Gauthier, de Ste-Irène,

Charles-Henri Desrosiers, de Luceville,

Alban D’Amours, de Ste-Françoise.

 

Droit

Yvan Bernier et Ghislain Bouchard, de Rimouski.

 

Orientation

Raymond Côté, de St-Robert-Bellarmin,

André Garneau, de St-Germain de Rimouski.

 

Architecture

Rémi Thibault, de St-Mathieu,

Gustave Leblanc et Léo Michaud, de St-Robert-Bellarmin.

 

Chimie

Paul-Émile Lavoie, de St-Gabriel.

 

Psychologie

Damien Chouinard, de Squatteck.

 

Sciences économiques

Jean-Marc Sinclair, d’Amqui,

Marc Tremblay, de St-Paul du Nord.

 

Génie mécanique

Jean-Paul Cyr, de Matapédia,

Claude Desjardins, de Trois-Pistoles.

 

Philosophie et lettres

Horace-Albert Gagné, de St-Charles-Garnier.

 

Pédagogie et orientation

Romain Rousseau, de Trois-Pistoles.

 

Sociologie

Alvin Caron, de Notre-Dame du Lac,

Jean-Laurent Bélanger, de Ste-Angèle de Mérici,

Michel Bellavance, de St-Germain de Rimouski.

 

Commerce

Léonard Desjardins, de St-Léon-le-Grand,

Pierre Ouellet, de St-Robert-Bellarmin,

Ghislain Jean, de St-Mathieu.

 

Mathématiques.

Jacques Bérubé, de St-Donat.

 

Lettres et pédagogie

Raymond Levasseur, de St-Léandre de Matane.

 

Pédagogie

Jean-Paul Lafrance, de St-Pie-X.

 

Agronomie

Ghislain Gendron, de Rivière-Blanche.

 

Lettres

Roger Thériault, de St-Épiphane,

Gilles Gamache, de St-Hubert,

Jean-Marc Morin, de Laval-des -Rapides.

 

Service social

Jean-Yves Dumont, de St-Jean-de-Dieu.

 

Physique

Jérôme Gendron, de St-Damase.

 

Actuariat

Louis-Jacques Pelletier, de St-Robert-Bellarmin.

 

Un excellent programme musical fut exécuté par les chorales collégiales, la Fanfare et l’Orchestre du Séminaire. » (Fin du texte cité)

 

Note : La première prise de rubans d’élèves de Rimouski qui venaient de terminer leur cours secondaire avec une 11e année a eu lieu en juin 1958 à l’école secondaire Langevin. Six des 17 finissants ont opté pour l’université.  L’école Paul-Hubert n’existait pas encore.

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# 4220           11 mars 2018

Les externes

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des règles précises. Voici les règles concernant les externes :

 

Quand ils sont dans la Maison, ils sont soumis absolument au même règlement que les pensionnaires.

 

Ils veilleront à mener une vie en accord avec leur état d’étudiants catholiques : lever et coucher à des heures raisonnables, étude à la maison durant au moins une heure chaque soir, devoirs religieux bien remplis, etc.

 

Ils doivent visiter leur directeur spirituel régulièrement, se confesser et communier de même.

 

Il leur faut éviter toutes sorties fréquentes et prolongées le soir. Faites surtout avec des compagnons qui ne fréquentent pas le Séminaire, elles les détourneront rapidement de leurs études.

 

Qu’ils aient toujours à l’esprit que leur titre d’étudiant au Séminaire ne leur permet pas des attitudes et une conduite déplacées.

 

Les externes doivent arriver au Séminaire pour entrer avec les pensionnaires qui sont alors en récréation. Ce qui signifie 8 h 20 a. m., 1 h 30 p. m., le samedi et le dimanche 3 h 50 p. m.

 

Ils quitteront le Séminaire à l’heure des repas, jamais avant et sortiront par les portes de leur salle respective.

 

Quand ils reviennent au Séminaire après une absence, si courte soit-elle, ils doivent présenter à M. le Directeur un billet explicatif signé par leurs parents.

 

Il leur est strictement défendu d’apporter quoi que ce soit aux pensionnaires, surtout des livres. Il ne leur est pas permis de mettre à la poste les lettres des pensionnaires.

 

Ils doivent se faire un devoir et un plaisir de s’inscrire dans les clubs sportifs du Séminaire, plutôt que de se joindre aux clubs de la ville.

 

Les externes ne fonderont pas de clubs en ville sous le nom du Séminaire ou avec la prétention de le représenter.

 

Enfin, pour faire partie de certaines associations sportives, folkloriques ou autres, il leur faudra une double autorisation et de leurs parents et de M. le Directeur.

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# 4195            1er mars 2018

Notes et bulletins

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des règles précises. À chaque semaine, le directeur des élèves se rendaient aux deux salles d’études. Il attribuait à chaque élève deux notes sur 10, l’une pour la conduite et l’autre pour l’assiduité au travail. Voici la signification de ces notes et leurs conséquences :

 

Les notes ont 10 comme maximum.

• 8 et 9 méritent la mention « excellent ».

• 7 mérite la mention « très bon ».

• 6 mérite la mention « bon » et enlève les petites sorties : commissions, hôpital, couvent, etc.

• 5 mérite la mention « mauvais » et raccourcit les sorties avec les parents.

• 4 mérite la mention « très mauvais » et enlève toute permission de sorties même avec les parents.

 

Quant aux externes,

 • 5 les oblige à passer au Séminaire le congé du dimanche.

• 4 les oblige à passer au Séminaire les congés du dimanche et du mercredi.

• 3 les oblige à passer au Séminaire les trois congés de la semaine.

 

Les notes se lisent le samedi soir durant l’étude de 4 heures p. m. et elles sont accompagnées de remarques du Directeur pour la semaine.

 

Quand un élève a une note inférieure à 7, il doit voir le plus tôt possible le premier Maître qui lui dira quel maître a mis cette note. Il devra ensuite demander à celui-ci l’explication et les conseils requis.

 

Une note inférieure à 5 nécessite l’explication de sa conduite devant M. le Directeur.

 

Toute mauvaise note qui n’a pas été réglée selon les indications données ci-haut est automatiquement renouvelée la semaine suivante.

 

L’année scolaire se divise en deux semestres. À la fin de ces deux semestres, un bulletin universitaire est envoyé aux parents. Par ailleurs, un bulletin mensuel est également envoyé, qui renseigne les parents sur la conduite et le travail de leur fils.

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# 4175            21 février 2018

Horaire de la journée

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à un horaire précis. Voici cet horaire en 1953-1954 :

 

Jours ordinaires (Lundi, mardi, jeudi et vendredi)

La matinée

5 h 45 Lever.

6 h 10 Prière. Étude. Méditation.

6 h 50 Messe.

7 h 30 Déjeuner. Récréation.

8 h 20 Fin de la récréation.

8 h 30 Classe.

9 h 30 Classe.

10 h 30 Récréation.

10 h 50 Fin de la récréation. Étude.

11 h 55 Fin de l’étude.

 

L’après-midi

12 h 00 Dîner. Récréation.

1 h 30 Fin de la récréation. Étude.

2 h 00 Classe.

4 h 00 Fin de la classe. Récréation.

4 h 20 Fin de la récréation. Étude.

5 h 45 Chapelet.

6 h 00 Souper. Récréation.

7 h 30 Fin de la récréation.

7 h 40 Prière. Étude (lecture).

9 h 00 Coucher.

 

Mercredi

Comme ci-dessus excepté

11 h 00 Classe.

12 h 00 Dîner. Congé.

4 h 50 Fin du congé.

5 h 00 Étude et réunion des divers cercles.

6 h 00 Souper. Récréation.

7 h 30 Fin de la récréation.

7 h 40 Prière. Étude.

8 h 45 Coucher.

 

Samedi

Comme ci-dessus excepté

11 h 00 Classe.

12 h 00 Dîner. Récréation.

3 h 50 Fin de la récréation.

4 h 00 Étude. Confessions.

6 h 00 Souper. Récréation.

7 h 30 Fin de la récréation.

7 h 40 Étude et récitation de l’Office de la Sainte-Vierge.

9 h 00 Coucher.

 

Dimanche

5 h 45 Lever.

6 h 10 Prière. Étude. Méditation.

7 h 00 Communion.

7 h 30 Déjeuner. Récréation.

9 h 00 Grand-messe. Récréation.

10 h 30 Étude.

12 h 00 Dîner. Récréation.

3 h 50 Fin de la récréation. Étude.

5 h 10 Vêpres.

6 h 00 Souper. Récréation.

7 h 40 Fin de la récréation. Prière. Étude.

8 h 45 Coucher.

 

Au fil des ans, l’horaire de la journée change très peu. Des ajustements mineurs sont apportés. Par exemple, en 1960-1961, le lever se fait à 6 h 15 le dimanche. De plus, il n’y a qu’une seule présence à la chapelle en avant-midi étant donné qu’il est alors permis par l’Église de communier pendant la grand-messe.

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# 4150            11 février 2018

Archives du Séminaire

En février 2017, la Corporation du Séminaire de Rimouski a légué ses archives à BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec), section de Rimouski. Pour le centre d’archives de Rimouski, c’est la plus grande acquisition de toute son histoire. Le fonds du Séminaire contient 350 boîtes de documents et plus de 20 000 photographies témoignant de la vie paroissiale et communautaire de la fin du 19e siècle. Le fonds a été remis dans le but d’assurer la pérennité de l’œuvre éducative du Séminaire.

 

Il est prévu que le classement de ces archives prendra plusieurs années. D’ailleurs, certains documents seront exposés à l’occasion. Les archives pourront être consultées à l’édifice gouvernemental de la rue Moreault à Rimouski.

 

Voici un extrait d’un article écrit par Adeline Mantyk, publié dans le journal l’Avantage le 5 mars 2017 : « Les premiers documents datent de 1830 et les derniers de 1968. Le Fonds se compose de 25 fonds, quatre provenant d’écoles comme l'École de commerce de Rimouski ou l'École moyenne de l'agriculture de Rimouski et 21 fonds de curés ou de prêtres qui ont enseigné, comme Ernest Lepage ou André-Albert de Champlain. Ils étaient de grands collectionneurs.

 

Ce qui donne davantage de valeur au Fonds du Séminaire, remis gracieusement par la Corporation du Séminaire à BAnQ Rimouski, c’est qu’il a été classé document patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications. Le fonds nous informe sur les débuts de l'enseignement classique à Rimouski. Les documents incluent les méthodes d'enseignement, la vie des étudiants, les activités parascolaires et dressent un portrait de la ville de Rimouski à travers différents moments de son histoire. »

 

Pour tous les anciens du Séminaire de Rimouski, c’est une nouvelle importante, car les archives contiennent notamment des renseignements sur chacun des élèves : notes de conduite et d’application, résultats scolaires, résultats de tests psychométriques et probablement des dossiers disciplinaires. Il serait intéressant de connaître si le public  pourra avoir accès à tous les documents ou s’il y a des restrictions pour certains documents.

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# 4120            30 janvier 2018

Une caste au Séminaire

Annuellement, il y avait une nouvelle caste au Séminaire de Rimouski. Les membres de cette caste possédaient des privilèges enviés de tous et exerçaient des fonctions variées. Qui étaient membres de cette caste ? Les Finissants.

 

Pour nous, jeunes débutants, ceux-ci jouissaient d’un prestige sans pareil. Ils n’avaient pas de défauts, que des qualités. Ils auraient pu faire trembler les colonnes de la salle de récréation, mais ils s’en abstenaient. Ils concentraient leurs énergies sur leurs études.

 

Ces finissants, dont la grande majorité, étaient des pensionnaires, vivaient leur huitième année au Séminaire dans une enceinte très restreinte : la bâtisse elle-même et la cour de récréation des Grands le long de la rue de l’Évêché. Pour sortir de ces lieux, individuellement il fallait demander des permissions ou collectivement obtenir des faveurs.

 

Certains finissants servaient les messes des prêtres, donnaient les ustensiles à la cafétéria, servaient au réfectoire des prêtres, géraient la cantine, distribuaient les articles de sport et étaient présidents d’associations ou d’organisme internes. De plus, leur doyen sonnait les cloches tout au long de la journée.

 

Quand je suis entré au Séminaire, depuis belle lurette, les Finissants faisaient leurs travaux scolaires à la salle d’études où il y avait des élèves de Philo I, Rhétorique, Belles-Lettres, Versification et même de Méthode. En 1955-1956, un changement important se produit. Pour la première fois dans l’histoire du Séminaire, trois classes de Méthode sont formées alors qu’antérieurement il y en avait 2 : une à la Petite salle et l’autre à la Grande salle.  Cette année-là, la décision a été d’assigner tous les élèves de Méthode à la Grande Salle. Comme conséquence, les élèves de Philo I et de Philo II devaient passer leur temps d’études dans leur classe. Une décision qui a été chaleureusement accueilli par tous les élèves concernés.

 

Cette situation a perduré jusqu’à l’ouverture du Pavillon de philosophie en septembre 1959. À ce moment, les Finissants ont perdu presque tous leurs privilèges. Personne n’a dit mot car le fait d’avoir une chambre individuelle et un règlement fort assoupli comblait amplement pour cette perte. C’était en quelque sorte la disparition d’une caste qui avait régné pendant des dizaines d’années.

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# 4090            18 janvier 2018

Les activités sportives

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Voici les règles concernant les activités sportives :

 

Culture physique

Pour maintenir sa santé, il importe d’assurer son éducation physique non seulement par la pratique assez régulière des sports, mais aussi par la culture physique.

 

Pour cela, les élèves seront fidèles à leur séance de culture physique. Ils mettront toute leur ardeur à faire exactement et dans les mouvements demandés et dans l’ordre voulu.  

 

On veillera particulièrement à observer la discipline et à respecter l’instructeur, même si c’est un confrère ».

 

La piscine

La piscine (de l’École Technique) est à la disposition  des élèves du Séminaire à certaines heures les jours de congé. Ces heures sont fixées par l’instructeur au début de l’année scolaire.

 

Tous les élèves devraient suivre un entraînement en natation. En plus d’être un sport excellent, c’est une connaissance apte à rendre service.

 

On devra se rendre en groupes déterminés à l’heure fixée, suivre toutes les règles de la modestie et sortir de la piscine au signal de l’instructeur.

 

Il est défendu à tout élève de se rendre à la piscine avec un autre groupe que le sien.

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# 4050            12 décembre 2017

Moments de détente

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des règles précises. Voici les règles concernant les récréations et les lieux permis :

 

Récréations

Les récréations sont données pour détendre l’élève et lui permettre de donner un meilleur rendement à l’étude. La vertu qui règle cette détente s’appelle eutrapélie (Saint Thomas, 11 ac, q. 168).

 

Chaque élève doit donc profiter de ses récréations pour se livrer raisonnablement à quelque jeu et non seulement pour marcher.

 

Dans les jeux, on évitera la rudesse, les injustices, les manquements à la charité et les taquineries malveillantes. Que l’émulation ne dégénère jamais en ambition exagérée et jalousie.

 

Les bousculades, le tiraillage, les mots grossiers et les jurons ne sont jamais tolérés. Ce sont toujours des attitudes déplacées pour quelqu’un de bonne éducation.

 

On devra aussi bannir les sifflements et toute autre vulgarité.

 

S’il est permis de porter des vêtements qui favorisent la pratique du sport, il ne faut pas tomber dans le débraillé. Ainsi les « jeans » et le veston de cuir ne sont pas tolérés.

 

Personne ne doit sortir des limites assignées pour la récréation. On voudra bien sortir (à l’extérieur) à temps après les repas et ne pas entrer à la salle de récréation le midi avant 1 heure et le soir avant 7 heures p. m.

 

Par mesure de justice et d’économie, on voudra bien rapporter à l’armoire des jeux immédiatement après la récréation les articles de sport empruntés. Il est tout à fait défendu de garder à son vestiaire des gants, balles ou autres objets appartenant à la communauté.

 

En vertu du civisme, on voudra bien aussi donner toute son entière collaboration au Comité des jeux et l’aider à organiser les jeux d’équipe le mieux possible.

 

Une attention spéciale sera portée aux billards et à l’équipement prêté, en particulier aux gilets, gants et balles.

 

Que chacun fasse sa part pour le déblaiement de la patinoire, le nettoyage de la cour de récréation  et l’entretien général du gymnase et de la salle de quilles. Personne ne s’y soustraira lorsqu’il y sera requis par un maître.

 

Locaux

Les élèves ont accès à plusieurs locaux qui sont confiés à la responsabilité de certains de leurs confrères. On compte la salle de lecture, le studio de peinture, l’armoire des jeux et les magasins.

 

Personne, pas même les responsables, n’est autorisé à fumer dans ces locaux. Les responsables ne doivent pas s’en faire un sanctuaire retiré et, par ailleurs, les autres ne doivent pas les y déranger inutilement.

 

Salle de lecture

On peut s’y rendre durant le temps de salle volontaire seulement soit de 1 heure à 1 heure 30 et de 7 heures à 7 heures 30 p. m. et les après-midis de congé.

 

On y trouve plusieurs revues intéressantes ainsi que les journaux quotidiens. On les consultera toujours sur place ; on ne les sortira jamais pour les apporter chez soi ou à l’étude.

 

On devra remettre les revues à leur place et toujours mettre en ordre les journaux avant de les abandonner.

 

Il n’est jamais permis de faire passer sur l’appareil de haute-fidélité ses disques personnels, encore moins ceux de musique populaire.

 

La TV est à la disposition des étudiants. Comme pour l’appareil haute-fidélité, il revient aux responsables de s’occuper de leur fonctionnement.

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# 4020            30 novembre 2017

Résurrection

Le poème qui suit a été écrit par Jean-Marc Morin, un confrère du 98e cours au Séminaire de Rimouski, alors que l’auteur avait 19 ans. Ce poème est paru dans la Revue dominicaine, vol. LXVII, tome 1, avril 1961, p. 129. Jean-Marc avait utilisé le pseudonyme de Maxime Elfax. Notez la facilité avec laquelle l’auteur combine les mots.

 

Veines gonflées de baume pascal,
Cœurs regorgeant de plasma nouveau.

La vie coule dans les éthers de l’homme,
Et ranime les souvenirs d’un soleil chrismal.

Gagné par les vents de Sion
au rocher flamboyant d’immortel,
Le dieu vieillot sent que tout est espoir.
Communion des couleurs aux ondes de joie
qui brisent la glace de silence.

Torse éclatant de la nature qui se répand
comme un fluide d’amour.
Pur des amours boueuses aux ongles de honte,
L’enfant vainqueur du Temps
élance vers les verdures vierges
ses bras grisés d’ardeur.

Et les bonheurs s’accrochent à lui comme le miel.
Toute amitié bondit des cimes,
et plane immensément sur des tapis d’espoir.

Les eaux magiques ont rongé la Mort,
dans un effort polaire.

Gisement pointé dans l’ozone
des lys d’éclat céleste,

Les cœurs ouverts sur la mer,
Des espérances qui scintillent,
feux du linceul détaché sur la pierre vive.

Flamber comme un élan de pourpre et d’innocence,
aux pieds des plaies fermées à la mort.
L’Être vit, comme une immortelle absence de néant.
En lui, tout renaît, fil ténu où l’horizon de joie
se suspend comme un noyé de fiel.

Des taches d’allégresse pointent du limon racheté par la boucherie

La vie ruisselle des veines ardentes du Christ.
Des profondeurs du roc, elle gicle splendide,
Tombante au cœur des êtres.

Résurrection, Chrême de vie, fécond comme l’Amour.
Toute espérance, après les froids du cœur de chair...

Printemps de Dieu : fusent les Alleluias sur la terre fleurie.

 

(Jean-Marc avait eu la générosité de me dédier ce poème à l’époque.)

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# 3995            20 novembre 2017

Jean-Marc Morin (1941-1990)

Jean-Marc Morin étudia au Séminaire de Rimouski et fut mon confrère du 98e cours. Il naquit au Lac-Humqui le 30 mai 1941. Il fut notamment journaliste au Devoir où il était connu sous le nom de Marc Morin. Il décéda le 14 juillet 1990 à l’âge de 49 ans.

 

Voici deux textes :

1. Celui de la directrice du Devoir publié le 17 juillet 1990.

2. Celui de Jean-Marc publié en septembre 1986.

 

1. Marc Morin, l’art du courage

LE DEVOIR est en deuil d’un collègue et ami, le journaliste Marc Morin, et ce n’est pas une simple façon de parler. Depuis plusieurs mois déjà, la salle de rédaction partageait son affrontement lucide avec la mort. Elle est survenue tard samedi, et même s’il n’était plus à son pupitre depuis longtemps, le vide s’est fait parmi nous, cruel.

 

Marc Morin s’était joint au DEVOIR à l’automne 1983, journaliste expérimenté qui dès le départ allait être au cœur de nouveaux développements au sein du journal. Il y a créé de toutes pièces un cahier « Loisirs » dont les principales chroniques ont été par la suite absorbées dans nos pages régulières, et il a œuvré essentiellement aux pages culturelles toujours en développement, selon son inclination la plus profonde.

 

Car Marc était un être de culture, un vrai. Son amour de la langue tenait de la passion, souvent sévère d’ailleurs, et s’il était aussi porté par la musique, rien des arts ne lui était étranger. Et parce qu’il aimait les arts, il ne dédaignait pas de les servir : jour après jour, tout en tenant ses chroniques, il montait les maquettes, faisait les titres, et corrigeait d’innombrables collaborateurs. Son quant-à-soi légendaire, c’était aussi l’admirable détachement de celui qui sait distinguer l’essentiel, au milieu de l’agitation quotidienne d'un journal. Ce regard nous manquera, nous manque déjà.

 

Avec l’autorisation de sa famille, que nous remercions, nous publions ici un « témoignage » qu’il avait déjà livré au DEVOIR en septembre 1986, et qui permettra à nos lecteurs de participer, à leur tour, de sa sagesse qui n’excluait pas l’indignation et l’émotion, et qui était d’abord une force de caractère. Le titre était de Marc, un refus du tragique. Il avait aussi l’art du courage.

 

À ses parents, Mme Marie-Jeanne Guérette et M. Maurice Morin, à ses douze frères et sœurs  qui perdent leur aîné, toute l’équipe du DEVOIR redit sa sympathie. (…) Nous leur offrons ici, la parole de Marc lui-même, sa réponse à notre deuil.

 

Lise Bissonnette

mardi 17 juillet 1990

 

2. « Mourir, la belle affaire... »

DIMANCHE SOIR, avec le dernier rayon du soleil d’automne, Carlos s’est « éteint », comme on dit pudiquement. La dernière fois que je l’ai vu, il fêtait ses 23 ans et projetait de rejoindre ses parents en vacances au Portugal, d’où la famille a émigré lorsqu'il avait cinq ans. Cause du décès, pneumonie double muée en tuberculose, qu’aucun antibiotique n’arrivait à contrôler, mais derrière ces maladies familières, les ailes noires du syndrome qui a osé dire son nom comme pour narguer la recherche médicale, toujours impuissante à le circonscrire.

 

Carlos est le dernier en date d’une vingtaine de connaissances, dont trop d’amis très chers, à déclarer forfait devant l’insidieuse et toujours insaisissable rigueur d’un virus venu d’on ne sait où, auquel la panique et l’intolérance se sont empressées de former escorte. Carlos était le plus jeune, Pierre, le diminutif pharmacien boute-en-train était le plus vieux, le premier aussi de ce cortège macabre qui n’en finit plus de s’allonger (une demi-douzaine d’autres que je connais s’étiolent dans l’antichambre de la mort). Il y a eu Bertrand, plus proche de nous puisqu’il avait travaillé au DEVOIR, Peter, l’architecte qui allait accéder à la présidence de son ordre professionnel, Georges, timide courtier en valeurs mobilières, Laurent le Magnifique, Alain le Huron aux doigts de manitou, partisan de poèmes sur cuir, Claude, Michel, Gaétan, Jean, Aurèle.

 

Plusieurs ont été rejetés par leur famille dès que le médecin eut posé les quatre lettres fatidiques du mal, comme un stigmate sur l’ultime expérience de toute vie. Ce fut le cas l’automne dernier de Normand, psychologue en milieu scolaire, animateur émérite de pastorale, dont les qualités, insoupçonnées même de ses proches, ont été éloquemment évoquées tant dans les témoignages de ses collègues que dans l’homélie de l’évêque de Valleyfield, qui présidait à la cérémonie du dernier repos. La famille de Normand n’était pas là pour entendre cet émouvant bouquet d’hommages. Honteusement, abjectement, ses proches par le sang s’étaient enfuis à la première mention de la maladie jugée « honteuse » entre toutes.

 

Car - on l’a deviné, on l’a déjà trop répété - les victimes ont en commun de mourir, comme on dit, dans la force de l’âge (la moyenne a 35 ans) et de partager, très souvent, une orientation et des pratiques sexuelles étrangères à la majorité. Le pas était trop facile à franchir d’invoquer la punition de Dieu. Les intégristes vengeurs, abreuvant leurs dogmes aux eaux troubles de l’irrationnel, ne s’en sont pas privés, jouissant perversement de voir le doigt du Créateur dans l’œuvre de mort davantage que dans celle de vie.

 

Derrière la boutade un peu facile, « la vie est une maladie mortelle... transmise sexuellement » se cache la plus fondamentale constante de la condition humaine. Toute vie porte en elle un germe de mort auquel le Sauveur même n’a pas voulu échapper. Les croyants s’en consolent à la perspective d’un au-delà glorieux sur l’autre rive, ou d’une réincarnation en un autre point, un autre temps de la grande roue cosmique. Les athées ne peuvent, logiquement, que trouver la mort à peine moins d’absurdité qu’ils en auront, logiquement, consenti à la vie. Les uns comme les autres seront tentés par la révolte face à l’inévitable. Dans la douleur du moment, on oubliera que le zéro et l’infini sont les deux pôles de l’incessant recyclage commun à toute créature, qu’elle soit, virus ou galaxie. Qu’il est vain de prétendre y échapper. Que la mort, pour la vie, n’est qu’un rêve qu’on remue en rêvant !

 

Carlos, Pierre, Bertrand et tous les autres, ceux qui se sont déjà « éteints » comme ceux dont la flamme vacille, dans une chambre d’hôpital, sous la coupe du grand éteignoir je retiendrai de vous par-delà le deuil, par-delà l’inévitable et inutile révolte, une leçon essentielle, mais trop rarement apprise, à trop craindre la mort on craint aussi la vie.

 

(Le titre est emprunté au regretté Jacques Brel qui, pourtant, continuera longtemps de chanter par la magie de la mémoire. Une chanson qui nous faisait danser, il y a trois ans, dit la même chose en d’autres mots : We’re all guilty of love !)

Marc Morin

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# 3965             8 novembre 2017

Dortoir et cafétéria

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des règles précises. Voici les règles concernant le dortoir et la cafétéria :

 

Dortoir

Les élèves doivent se lever au premier son de cloche et offrir immédiatement leur journée au Bon Dieu.

 

Qu’ils fassent leur toilette immédiatement pour être prêts à descendre à la troisième cloche. L’élève verra aussi à ce que son vestiaire soit sous clef et que rien ne reste à l’abandon.

 

Pour faciliter le repos et créer l’ambiance nécessaire, le silence est toujours de rigueur au dortoir.

 

Pour monter au dortoir durant la journée, il faut une permission spéciale qui ne peut être accordée que très rarement. On prendra soin d’apporter avec soi le matin tout ce dont on aura besoin dans la journée (serviettes, mouchoirs, maillots de bain, sacs à linge).

 

Au coucher comme au lever, on procédera avec célérité en respectant les lois de la modestie. Il est aussi défendu de circuler le torse nu dans le dortoir. On ne se couchera pas non plus sur son lit après s’être habillé le matin.

 

Tout le linge des élèves doit être marqué au numéro de chacun. Les réclamations à ce sujet doivent être faites à la buanderie.

 

Deux fois la semaine, on peut descendre des habits et les mettre dans un endroit spécial pour qu’ils soient portés à la salle de couture. Seuls les commissionnaires peuvent se rendre à cette salle.

 

Cafétéria

C’est à la cafétéria surtout qu’un élève donne la preuve de la bonne éducation qu’il a reçue et qu’il peut acquérir celle qu’il doit avoir.

 

C’est pourquoi, l’on s’efforcera de mettre en pratique de façon intégrale toutes les recommandations de bienséance et de politesse qui sont rappelées régulièrement.

 

Pour faciliter le service et le bon ordre, le silence est de rigueur à la cafétéria.

 

On ne prendra d’abord qu’un service, mais il sera loisible d’aller chercher un second service à un endroit spécialement destiné à cette fin et là seulement.

 

Il faut manger selon son appétit en respectant les lois de la tempérance, même aussi de la mortification chrétienne qui indique parfois un petit sacrifice.

 

En toutes occasions, il faut éviter la précipitation qui ruine la santé et empêche de prendre un repas suffisant.

 

On n’apportera aucun mets spécial au réfectoire.

 

On évitera tout gaspillage en ne prenant que la quantité nécessaire et on surveillera la propreté surtout.

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# 3930               25 octobre 2017

Relations avec l’extérieur

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des règles précises. Voici les règles concernant les relations avec l’extérieur :

 

Parloir

Les élèves se rappelleront qu’ils sont les hôtes de leurs parents au parloir. Ils les recevront donc avec toute la courtoisie, la politesse et la distinction dont ils sont capables. Il ne convient donc pas de passer le temps du parloir dans les automobiles.

 

Ils ne devront jamais se rendre au parloir dans un vêtement de sport.

 

Il est permis de se rendre au parloir durant les récréations seulement après avoir averti le surveillant en fonction. On ne s’y rend pas en passant par la porte principale lorsqu’on est à l’extérieur.

 

Les visites au parloir ne sont pas permises durant les offices religieux, les classes ou les études. Pour une raison très spéciale, M. le Directeur pourra accorder une permission pour un temps limité.

 

Téléphone

Pour faire usage du téléphone, il faut en demander l’autorisation au surveillant. S’il s’agit d’un interurbain, il faut le demander à M. le Directeur.

 

Que le téléphone ne soit pas accaparé par certains dans des conversations inutiles et interminables. Le téléphone est un bien commun et tous ont droit d’en jouir.

 

Sorties en ville

Les sorties en ville sont autorisées pour des raisons sérieuses seulement et selon les conditions suivantes :

 

Toute fréquentation des grills et des tavernes est formellement prohibée, même accompagné de parents.

 

Les jours de congé, toutes les demandes de sorties doivent être adressées à M. le Directeur. Aux autres jours, on s’adresse au premier Maître de salle après le dîner et à M. le Directeur aux autres récréations, s’il y a urgence.

 

Pour qu’un pensionnaire puisse sortir avec ses propres parents, ceux-ci doivent en demander la permission eux-mêmes à M. le Directeur.

 

Un élève est autorisé à visiter un oncle ou une tante en ville une fois par mois si ses parents ont donné l’autorisation expresse à M. le Directeur et s’il a une bonne note.

 

On peut visiter une sœur pensionnaire ou religieuse dans un couvent de la ville une fois par mois seulement, le dimanche.

 

Les visites aux malades de l’hôpital sont autorisées :

• Le soir de 7 heures à 7 heures 30 s’il s’agit d’un proche parent c’est-à-dire père, mère, frère, sœur et cela avec la permission du surveillant.

• Les jours de congé pour les oncles et tantes, etc. avec la permission de M. le Directeur.

 

Normalement, il n’y a aucune sortie le samedi après-midi.

 

Enfin, les élèves de Rhétorique ont droit à 5 sorties individuelles et au choix durant l’année scolaire.

 

Pour prendre un repas en ville avec ses parents chez l’un de ses oncles résidant en ville, il faut une demande explicite et renouvelée à chaque fois de ceux qui reçoivent. Seul M. le Directeur peut en accorder la permission.

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# 3900               13 octobre 2017

Études et classes

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des règles précises. Voici les règles concernant les études et les classes :

 

Les élèves doivent comprendre que les études sont en grande partie la raison d’être de leur présence ici. Gardant à vue cet objectif, ils devront toujours y subordonner toutes leurs autres activités.

 

Ils seront particulièrement attentifs à mettre en pratique les directives de M. le Préfet et de leurs professeurs.

 

Discipline à l’étude

Pour créer et conserver ce climat favorable aux études, ils devront prendre leur place en silence et se mettre au travail immédiatement après la prière. Un travail sérieux commande toute leur attention.

 

Le plus grand silence est donc exigé à l’étude, tant en paroles qu’en actions. Personne ne doit quitter sa place sans la permission du surveillant. On devra aussi éviter de distraire ses voisins.

 

Pour sortir de la salle d’étude, l’élève doit se munir d’un billet de permission. S’il s’agit d’une visite à un directeur spirituel, le surveillant donne lui-même le billet. Dans tout autre cas, l’élève doit passer chez le Directeur.

 

Les visites au directeur spirituel se font surtout aux études de 11 heures a. m. et de 8 heures p. m. Il faut une raison spéciale pour s’y rendre à l’étude de 4 heures 30 p. m.

 

Un élève qui s’absente de l’étude, même pour des raisons sérieuses, n’est pas dispensé de ses devoirs et leçons. Le seul cas qui dispenserait d’un devoir serait un séjour à l’infirmerie, confirmé par un billet de M. l’Infirmier ou de M. le Directeur.

 

Lecture

Les lectures sont un élément essentiel de la formation intellectuelle. Voici les règlements à ce sujet :

1. La lecture est non seulement permise mais fortement conseillée à l’étude de 8 heures p. m., à celle du mercredi à 5 heures p. m. et durant les confessions le samedi soit à 5 heures 30 p. m.

 

2. Pour lire en d’autres temps, il faut avoir une permission écrite de M. le Préfet, à la condition expresse que les devoirs soient terminés et les leçons apprises.

 

3. La lecture des journaux et revues, sauf la Vie Écolière et la Vie Étudiante, est défendue à la salle d’étude. Elle doit se faire à la salle de lecture.

 

4. Tout livre qui n’est pas de la bibliothèque du Séminaire doit être approuvé par M. le Préfet ou M. le Directeur. Les surveillants sont autorisés à enlever tout volume qui n’a pas cette approbation. Par contre, un volume approuvé pour un élève ne l’est pas nécessairement pour un autre et ne donne pas l’autorisation de le faire circuler dans toute la communauté.

 

5. Il est formellement interdit de s’abonner aux « clubs de livres » et aux digests français ou anglais.

 

Correspondance

La correspondance doit se faire aux études de lecture. Elle doit être laissée à la surveillance discrète de M. le Directeur. Les lettres seront par conséquent déposées non cachetées dans la boîte à l’arrière de la salle d’étude.

 

Classe

La montée en classe doit se faire en silence de chaque côté de l’escalier ou du mur à l’appel du maître d’étude. Après la prière, tous doivent se mettre immédiatement au travail.

 

Tout élève qui arrive en retard en classe doit justifier son absence par un billet des autorités compétentes.

 

Si un élève est congédié de l’étude ou de la classe, il doit se rendre immédiatement chez M. le Préfet ou chez M. le Directeur pour expliquer sa conduite et recevoir sa sanction.

 

Quand il y a classe à 11 heures a. m., tous les élèves doivent arrêter à l’étude et attendre le signal du maître pour monter en classe.

 

Les élèves veilleront à la propreté générale particulièrement des salles d’étude et des classes. Ils conserveront leur bureau propre et ne le détérioreront d’aucune façon.

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# 3865               29 septembre 2017

Exercices religieux

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. L’aspect religieux prenait une grande place. Les offices religieux et les prières comme le chapelet prenaient environ 12 heures dans une semaine, presque deux heures par jour. Voici les règles concernant les exercices religieux :

 

Messe

« L’auguste sacrifice de l’autel est l’acte principal du culte divin ; il faut donc qu’il soit la source et le centre de la piété chrétienne. » Mediator Dei, Pie XII

 

Pour se conformer à ce vœu de Pie XII, l’étudiant s’efforcera de comprendre la valeur transcendante de la Sainte-Messe et son sens communautaire. Il y participera de façon active en alternant dans les prières avec le prêtre, en suivant dans son missel et en communiant à la Divine Victime. (Note. La messe était obligatoire tous les jours.)

 

Vêpres

Parce qu’elles sont une partie de l’office divin, prières de louange au Très-Haut, les vêpres ne seront jamais un rite désuet. Les élèves chanteront les psaumes avec tout leur cœur en essayant de s’unir aux sentiments inspirés du psalmiste. (Note. Les vêpres étaient obligatoires tous les dimanches.)

 

Confession et direction

Tous les élèves doivent se confesser fréquemment et avec grand esprit de foi. (Note. De façon concrète, des prêtres occupaient les six confessionnaux de la chapelle tous les samedis entre 16 et 18 heures. Il était recommandé de se confesser une fois par semaine.)

 

Ils se rendront régulièrement, au moins une fois par mois, chez le directeur spirituel de leur choix pour lui exposer leurs problèmes personnels et recevoir les exhortations nécessaires au progrès de leur vie spirituelle.

 

Exercices

Une pratique religieuse fortement suggérée et à la fois très facile est l’offrande de la journée au Divin Cœur de Jésus et la récitation des trois Ave le soir.

 

Tous les étudiants sont fortement invités à pratiquer la méditation quotidienne, conversation intime avec Dieu, qui s’avère une source de grâces abondantes et précieuses.

 

Ils devront visiter souvent le St-Sacrement, faire une courte prière au moins en passant à la chapelle.

 

Les prières avant et après les classes et les études, de même que l’Angelus, recevront une attention spéciale.

 

La dévotion à la Très Sainte-Vierge doit être particulièrement cultivée par les jeunes. Non seulement la récitation du chapelet se fera quotidiennement, mais les élèves sont aussi invités à faire partie de la Congrégation mariale, afin de mieux connaître et servir cette bonne mère.

 

Dans leur milieu étudiant, les élèves devront s’efforcer de pratiquer l’apostolat par l’exemple et par leur participation aux divers mouvements d’action catholique. C’est la façon la meilleure de se préparer à jouer un rôle important dans l’avenir.

 

Chacun fera sa retraite annuelle avec esprit de foi et générosité afin de se mériter les grâces d’une bonne année scolaire.

 

À la chapelle, tous doivent avoir une tenue irréprochable, observant le silence absolu, le recueillement et être prompt à obéir aux signaux donnés.

 

Ils réciteront lentement, à haute voix, les prières de la communauté et se rendront servir la messe à leur tour.

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# 3825                11 septembre 2017

58 ans plus tard
À la mi-septembre, les confrères du 98e cours du Séminaire de Rimouski tiendront leur 12e conventum. Le premier a eu lieu en mai 1959 alors que la cohorte comprenait 64 élèves. Depuis ce temps, 12 sont décédés. Lors du prochain conventum, nous tiendrons une minute de silence en pensant à ceux-ci.

 

Voici les noms de ces 12 confrères disparus :

 

René Beaulieu

Lévis Belzile

Jean-Paul Cyr

Léonard Desjardins

Léopold Fournier

Gilles Gamache

Clément Lavoie

Paul-Émile Lavoie

Jean-Marc Morin

Marcel Rioux

Jean-Marc Sinclair

Rémi Thibault

 

Requiescant in pace !

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# 3730                8 juin 2017

Admission et exclusion

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des règles précises. Voici les règles concernant l’admission et l’exclusion :

 

Admission

On admet en Éléments-Latins un élève qui a obtenu son certificat de septième année et qui a subi avec succès l’examen d’admission du Séminaire. On exige de plus que l’élève ait des dispositions intellectuelles suffisantes pour faire un cours classique, un certain intérêt pour ce genre d’études et un bon naturel.

 

Il doit remplir sa carte d’inscription et la retourner au Directeur avant le 15 juillet avec le montant demandé. Après cette date, on ne peut garantir la place.

 

Il doit apporter une lettre de recommandation de son curé, un certificat de vaccination contre la varicelle et un certificat médical dûment signé par un médecin. Une formule est fournie à ce sujet.

 

Aucune demande d’un élève d’un autre collège ne sera prise en considération si elle n’est pas accompagnée d’une lettre explicative des Autorités de ce dit Collège et des deux bulletins universitaires de l’année précédente ou en cours.

 

Exclusion

Les délits suivants sont considérés par le Conseil comme des cas d’exclusion :

1. L’éloignement habituel des exercices religieux.

 

2. La négligence constante dans l’observance du règlement et le mauvais esprit.

 

3. Les mauvaises mœurs.

 

4. L’insubordination grave.

 

5. Le fait d’introduire au Séminaire, d’avoir en sa possession ou de faire circuler des livres, journaux, revues, magazines considérés comme gravement proscrits par la morale ou la foi.

 

6. Les sorties en ville sans autorisation et l’usage de boissons alcooliques.

 

7. Le fait d’avoir en sa possession et sans autorisation les clefs du Séminaire.

 

8. Tout autre délit suffisamment grave au jugement du Conseil pour mériter cette sanction.

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# 3660                10 mai 2017

Congés et vacances

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, bon an mal an, il y avait autour de 500 élèves. Ceux-ci étaient soumis à des règles précises. Voici les règles concernant les congés et les vacances :

 

Les congés

Les congés sont fixés au mercredi de 12 heures à 5 heures p. m. et au samedi et dimanche de 12 heures à 4 heures p. m.

 

Ces congés ne sont pas donnés pour fournir l’occasion de sortir en ville. Au contraire, ils doivent servir à organiser les jeux sur le terrain et dans le gymnase.

 

On se fera un point d’honneur d’être présent à l’heure et à l’endroit déterminé durant le congé afin que les jeux puissent fonctionner à plein rendement.

 

Durant le congé, un élève doit ordinairement être capable de faire une heure de lecture environ à la salle de lecture, à la salle d’études ou à la bibliothèque.

 

On profitera de ce temps pour se rendre au studio de dessin et de peinture, si on y est intéressé. On pourra de même pratiquer les instruments de musique aux heures indiquées, sans oublier la visite au St-Sacrement fortement recommandée.

 

On veillera cependant à ne pas se trouver à des endroits indus et isolés. Ainsi on ne peut pas se rendre en classe sans une permission du Directeur.

 

Pour organiser des excursions scoutes ou de ski, il faut faire une entente au préalable avec M. le Directeur.

 

On viendra faire signer la liste des participants après le dîner. Seuls ceux qui ont 7 et plus en travail et en conduite pourront y participer.

 

On se fera un point d’honneur de se rendre seulement aux endroits indiqués et dans les heures déterminées.

 

Tout concours sportif organisé en dehors des limites du Séminaire et des Écoles doit être expressément autorisé par M. le Directeur.

 

Les vacances

Durant l’année scolaire, l’élève jouit de trois périodes de vacances : à la Toussaint, à Noël et à Pâques. La date et la longueur de ces vacances sont déterminées par le Conseil (du Séminaire).

 

Les élèves sont autorisés à se rendre dans leur famille pour assister aux funérailles de leurs proches parents (père, mère, frère, sœur, grand-père, grand-mère) et au service anniversaire de leur père ou mère, frère ou sœur.

 

Ils pourront aussi se rendre aux noces d’argent de leurs parents ou pour toute autre raison jugée assez sérieuse par M. le Directeur.

 

Il ne leur est cependant pas permis d’assister au mariage de leurs frères et sœurs.

 

Quand un élève revient d’une de ces sorties, il doit venir avertir M. le Directeur de son retour.

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# 3610                 18 avril 2017

 

Esprit du règlement

Dans les années 1950 et au début des années 1960, au Séminaire de Rimouski, la majorité des élèves étaient des pensionnaires. Ceux-ci étaient soumis à des règles de conduite strictes qui étaient généralement appliquées avec souplesse. Les autorités du Séminaire étaient conscientes que ces règles avaient été conçues pour des élèves de 12 à 22 ans. Aussi, elles avaient eu la précaution d’établir des principes de base pour que la vie se déroule normalement et le plus sereinement possible. Voici un texte rédigé par les autorités du Séminaire qui établit dans quel esprit devait être élaboré et appliqué un règlement et comment il devait être reçu par les élèves :

 

« Tout d’abord, le règlement ne doit pas être conçu et élaboré de façon à créer une discipline militaire, unique et rigide pour tous. On sacrifierait les personnalités à un ordre trop uniforme.

 

Il doit, au contraire, créer un climat de sécurité en indiquant clairement les obligations et les sanctions. Il doit créer un climat de liberté, laissant aux élèves le plus d’initiatives personnelles possible dans des cadres bien limités cependant.

 

Le règlement doit guider le choix, mais celui-ci reste personnel : c’est le véritable apprentissage de la liberté. On devra tenir compte de cet aspect dans l’application du règlement par le directeur et les maîtres de salle.

 

Par contre, le règlement doit être bien accepté par les élèves. C’est la condition même de sa valeur formatrice. Il faut que l’élève comprenne que c’est un bien pour lui d’obéir et d’être zélé dans l’observance du règlement. L’autorité, en fait, n’est pas là pour briser ses élans, mais au contraire pour les orienter dans la bonne direction.

 

Si, au contraire, le règlement est mal accepté, il favorisera le développement d’un esprit critique (voir la note ci-après) si facile et fréquent à cet âge et si nuisible pour l’avenir.

 

Comment faire comprendre à chaque élève que le règlement est bon pour lui, qu’il est meilleur que son intérêt particulier ?

 

Comment établir un règlement et l’appliquer de façon à ce qu’il soit formateur pour les divers groupes d’élèves selon les âges respectifs ? Ce sont deux grands problèmes qui ne seront jamais résolus complètement et il y aura toujours du progrès à faire. Les principes de la solution se trouvent énoncés dans un discours de Sa Sainteté Pie XII. Ils se résument dans ces trois mots : discernement, modération et douceur ».  (Fin du texte cité)

 

Note. L’esprit critique est généralement « la disposition d'une personne à examiner attentivement une donnée avant d'établir la validité de celle-ci. » (Wikipédia) À cette époque, quand on parlait d’esprit critique, on faisait allusion au fait qu’un élève était négatif. Il est probable que le grand philosophe Pascal Parent n’aurait pas utilisé ici cette expression.

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# 3550                 25 mars 2017

 

Quelques souvenirs

Je me souviens qu’un soir à la chapelle en septembre 1953 lors de la prière du soir au Séminaire de Rimouski, alors que j’avais 12 ans, je réfléchissais à mon avenir. Je me disais : « Je vais être pensionnaire pendant 8 ans. Quand j’aurai terminé mon cours classique, j’aurai 20 ans, presque la moitié de ma vie. J’espère ne pas être malade d’ici ce temps ». J’étais angoissé.

 

Je me souviens quand le cardinal Paul-Émile Léger est venu au Séminaire en 1953. Il est reçu en grandes pompes. Ses habits cardinalices sont impressionnants. Il donne deux causeries et un congé de classe. On le considère comme le Prince de l’Église. C’est le roi des rois. Il règne sur le diocèse de Montréal.

 

Je me souviens quand Jean Drapeau est venu au Séminaire en 1956. Il avait été élu maire de Montréal l’année précédente en faisant campagne sur la base d'une épuration des mœurs dans la métropole. Lui aussi est reçu en grandes pompes par les autorités du Séminaire. Il donne une conférence à la salle d’études sur le rôle de la jeunesse canadienne. Il compare la vie en société à une roue dont tous les moyeux sont nécessaires à l’équilibre. Je me suis toujours demandé pourquoi on l’avait invité.

 

Je me souviens qu’à chaque automne on fête le Supérieur du Séminaire comme si c’est un Dieu. Il y a un spectacle organisé par les élèves où se côtoient chants, musique et présentations d’hommages. Lui aussi donne un congé, mais ce congé permet d’aller dans nos familles lorsque c’est possible, soit de faire l’aller-retour en une seule journée. À défaut, on peut aller faire un tour en ville.

 

Je me souviens que l’abbé Raoul Thibaut, plus tard nommé chanoine, vient nous rencontrer à la salle d’études à 6 heures 15 du matin pour nous dire qu’on sera plus tard l’élite de la société à la condition de placer nos études et notre carrière future sous la protection de la Vierge Marie.

 

Je me souviens de ces retraites de vocation qui durent parfois une semaine dans le silence le plus total où le prédicateur nous dit que la meilleure façon de nous sauver (lire : aller au ciel), c’est de consacrer sa vie à Dieu en embrassant l’état sacerdotal. Plusieurs réflexions du prédicateur provoquent de l’angoisse chez la plupart des élèves, surtout chez ceux qui veulent servir la société dans l’état civil.

 

Je me souviens de bien d’autres choses. Nous vivions alors dans une société obnubilée par la religion et plusieurs pasteurs de l’époque ont abusé de la situation. Ils ont aidé à nous construire, mais il a fallu se déconstruire par la suite.

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# 3500                 5 mars 2017

 

Les employés du Séminaire

Quand le Séminaire de Rimouski existait, les tâches d’enseignement et de surveillance étaient attribuées principalement à des prêtres. Bon an mal an, ils étaient une cinquantaine à se dévouer auprès des élèves pour un piètre salaire.

 

Dans l’enseignement, ils étaient assistés par des professeurs laïcs masculins dont la rétribution était légèrement inférieure à celle des enseignants masculins des écoles publiques. Pour le même travail, un enseignant marié gagnait plus que le célibataire. C’est en 1965 que cette disposition fut abolie. Gérard Bernier qui en était à sa dernière année d’enseignement cette année-là m’avait dit : « Vous les jeunes, vous êtes chanceux. Vous avez le même salaire que les hommes mariés ». Personnellement, j’en étais à ma première année d’enseignement au Séminaire.

 

Pendant longtemps, le Séminaire a été une véritable PME. Du personnel était affecté à l’entretien, à la surveillance de nuit et à la réception. L’institution possédait une cafétéria, une menuiserie, une meunerie et une buanderie dans son édifice.

 

Sauf la cafétéria et la buanderie qui étaient gérées par les Petites Sœurs de la Saint-Famille depuis 1906, les employés étaient des laïcs. En 1956-1957, on comptait 112 employés dont 26 religieuses, 58 servantes et 11 serviteurs qui pensionnaient au Séminaire. Si on inclut le personnel enseignant qui comptait cette année-là 51 prêtres et 7 laïcs, le total était de 170 employés, tout cela pour 593 élèves dont 445 pensionnaires. C’était donc un gros village avec presque tous les services de base.

 

Le Séminaire possédait aussi une maison sur la rue Sainte-Marie en face du Centre des loisirs. Un membre du personnel y résidait avec sa famille. Lors de la vente du Séminaire au Cegep en 1968, les autorités du Séminaire avaient l’intention de conserver cette maison, mais le négociateur en chef Claude St-Hilaire ignorait ce détail si bien que la maison fit partie de la transaction. La meunerie avait été vendue quelques mois plus tôt.

 

Parmi les employés d’entretien, dans les années 1950, citons sœur Pauline qui a dirigé la cafétéria pendant plus de 20 ans, un M. Picard, appelé le Père Picard, qui avait débuté la même année que sœur Pauline et qui racontait des histoires aux élèves, un M. Chassé à la menuiserie et J. A. Ouellet à la meunerie.

 

Il ne faut pas oublier un portier du nom de Pierre Cellier. C’était un homme pas très grand qui accueillait les visiteurs, annonçait leur présence par intercom à la salle de récréation et transférait les appels téléphoniques des parents aux élèves. Quand le Séminaire ferma ses portes, on lui permit d’occuper un modeste logement à l’entrée de la résidence des prêtres dans l’ancienne école d’Agriculture. Il en était officiellement le portier.

 

Ajoutons qu’un concierge de nuit avait la tâche de surveiller l’immense bâtisse du Séminaire et de ses écoles adjacentes pour éviter le feu et les vols. Des boîtes étaient installées au mur à des endroits stratégiques. L’homme devait suivre un itinéraire précis à des heures données. Il avait en main un trousseau de clés. Il insérait une clé dans chaque boîte et ainsi la preuve et l’heure de sa présence étaient enregistrées. Le Procureur du Séminaire pouvait donc vérifier son passage dans tout l’édifice et dormir tranquille.

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# 3435                 7 février 2017

 

Les films

Dans les années 1950, quand j’étais pensionnaire au Séminaire de Rimouski, des films étaient présentés à la Salle académique lors des congés où le temps était maussade. C’était une joie d’entendre la voix des maîtres de salle qui annonçaient une telle activité.

 

Personnellement, au début j’y assistais. Toutefois, j’avais un problème de taille. Comme j’ai beaucoup de difficultés à reconnaître les visages, je perdais des séquences à me demander si le comédien était le même qui était apparu auparavant. Mes interrogations étaient si nombreuses en cours de représentations que je finissais par sombrer dans le sommeil. De tous les films que j’ai vus à l’époque, j’ai souvenance de n’en avoir vu aucun en entier. Je sortais de la Salle académique le corps reposé, mais j’étais frustré. Si bien que j’ai abandonné de me consacrer à cette activité masochiste.

 

Rendu à la grande salle, il était permis d’aller voir des films au Cinéma Auditorium de la rue Michaud le dimanche après-midi à la condition d’avoir 16 ans pour certains films. Il y avait présentation de deux films en rafale. Le tout commençait à 13 heures. Chaque dimanche, un problème se dessinait à l’horizon. Nous devions revenir au Séminaire à 16 heures 10. Évidemment, le deuxième film roulait encore. Nous n’avions pas le choix de respecter l’heure du retour, sinon ce privilège nous aurait été personnellement retiré.

 

Quand mon maigre budget le permettait, je consacrais 25 sous pour aller à ce cinéma. Avec beaucoup d’efforts, je réussissais à mieux suivre le film surtout quand je connaissais certains acteurs. Évidemment, j’avais exclu tout film d’espionnage, car il arrive qu’on joue sur la ressemblance des figurants.

 

La grande majorité des spectateurs en ces dimanches après-midi étaient des jeunes du Séminaire et de d’autres institutions comme de l’école de Commerce et de l’école Technique. À partir de 16 heures, les élèves du Séminaire, portant le blazer marine, sortaient un à un gênés, frustrés, la tête entre les deux jambes. On ne savait jamais comment s’est terminé le deuxième film.

 

Parmi les films que j’ai retenus de cette époque, on retrouve :

Certains l’aiment chaud (Some Like It Hot), un des films le plus drôle du 20e siècle avec Marylin Monroe et Tony Curtis, 1959, dont la durée est de 120 minutes.

Le pont de la rivière Kwaï, 1957, d’une durée de 161 minutes.

Une vie, 1958, d’après le roman du même titre de Guy de Maupassant. Ce film d’une durée de 86 minutes que j’ai vu au Cinéma Cartier m’avait profondément troublé. D’ailleurs, une nouvelle version a vu le jour en 2016.

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# 3365                 10 janvier 2017

Communautés religieuses

Au début de la colonie, les institutions religieuses achetaient des terres pour assurer notamment la subsistance de leurs membres. Là où elles s’implantaient, les lieux se développaient rapidement et finissaient par attirer suffisamment d’habitants pour former une ville.

 

En 1937, la ville de Rimouski occupait un espace restreint, soit 3,4 kilomètres carrés, alors qu’aujourd’hui son territoire est de 529,5 kilomètres carrés.

 

Les communautés et institutions religieuses à savoir l'Évêché, le Séminaire, les Frères du Sacré-Cœur, les Sœurs du Saint-Rosaire, les Sœurs de Jésus-Marie, les Sœurs de la Charité et les Ursulines occupaient dans la ville 0,38 kilomètre carré, soit 11 % de la superficie totale. Ces institutions employaient 267 personnes. En plus, la ville comptait 546 propriétaires : trois propriétaires de fermes et 543 propriétaires de maisons.

 

Les quatre rangs de Rimouski  formaient la municipalité rurale de Saint-Germain-de-Rimouski qui occupait 58,9 kilomètres carrés. Cette dernière était entourée par les municipalités rurales de Sainte-Anne-de-La-Pointe-au-Père, Saint-Anaclet-de-Lessard, Sainte-Blandine, Notre-Dame-du-Sacré-Cœur et la ville de Rimouski.

 

Quatre institutions religieuses y possédaient des terres qui étaient les prolongements de celles qu’elles possédaient dans la ville de Rimouski. Ces institutions détenaient 2,66 kilomètres carrés : 1,04 kilomètre carré pour le Séminaire de Rimouski, 0,04  kilomètre carré pour les Frères du Sacré-Cœur, 1,16 kilomètre carré pour les Sœurs du Saint-Rosaire et 0,42 kilomètre carré pour les Ursulines.

 

De plus, le Séminaire de Rimouski détenait une petite terre de 0,2 kilomètre carré au Bic. Cela correspond à un lot de 2 arpents de front par 30 arpents de profondeur. Peut-on penser qu’un père de famille a cédé son lot pour payer les frais de pension et de scolarité d’un de ses fils au Séminaire ?

 

La paroisse religieuse de Saint-Germain-de-Rimouski comprenait alors le territoire de la ville et une bonne partie de la municipalité rurale de Saint-Germain-de-Rimouski.

 

Je me souviens que, dans les années 1960, sous la deuxième rue, il y avait un tunnel pour laisser passer les vaches du Séminaire dont le gestionnaire était l’École d’agriculture.

 

(La plupart des renseignements de ce texte sont puisés dans Rapport d’un inventaire des ressources naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski, publié en 1938 par l'Office de recherches économiques du Québec. »

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# 3305                 17 décembre 2016 

Mon professeur le moins estimé

De nouveau, c’est la rentrée au Séminaire de Rimouski en septembre 1955. Je suis en Méthode C. Pour la première année dans l’histoire de ce collège classique, il y a trois groupes dans ce degré. Les titulaires  des classes A et B sont des laïcs qui ont bonne renommée.

 

Le professeur titulaire de mon groupe est l’abbé Firmin Bonnet (ce n’est pas son vrai nom). C’est un amateur de littérature et de musique. Il est plutôt de nature insouciante et n’a pas l’air d’aimer son métier, sauf quand il nous parle de ses passions.

 

L’abbé Bonnet arrive souvent en retard en classe. Le temps, pour lui, semble ne pas compter. Il fait son possible pour nous enseigner les rudiments des matières dont il est responsable : français, latin, histoire et géographie. Toutefois, on ne sent aucun enthousiasme dans son enseignement. Il semble plutôt exercer sa tâche en amateur et sans zèle véritable. Parfois, il a l’air endormi et ailleurs.

 

Il corrige rarement les travaux dont il nous gratifie. Quand il le fait, les travaux reviennent deux ou trois semaines plus tard avec presque pas d’annotation.

 

Un jour, l’abbé Bonnet arrive en classe … en retard. Pour une fois, il nous donne la raison de ce retard. « Je viens de rencontrer le préfet des études, dit-il, et il me demande les notes du trimestre pour après-demain. Je n’ai aucune note en latin depuis le début de la session. Demain, vous aurez un examen. »

 

Le lendemain arrive. Comme les autres élèves, je m’attends à une version latine, à un thème latin ou encore à des questions de grammaire latine. Pas du tout. Il nous propose 20 proverbes … en français. Il s’agit pour nous d’associer deux à deux des proverbes qui ont à peu près le même sens.

 

Après l’examen, il demande à trois ou quatre élèves de la classe d’aller à sa chambre le soir même pour corriger les travaux. Le lendemain, pour une fois rapidement, les résultats nous arrivent. Nous avons notre note de latin pour le trimestre.

 

Un fait significatif. Quatre ans plus tard, l’abbé Bonnet est nommé desservant dans une paroisse de la Gaspésie. Dès son arrivée, il annonce aux fidèles qu’une messe aura lieu à 16 heures chaque jour de la semaine. Toutefois, comme il sait qu’il est souvent en retard, il indique qu’il sonnera la cloche de l’église 15 minutes avant le début de la messe. De plus, si la cloche ne résonne pas, il n’y a pas de messe.

 

L’année où l’abbé Bonnet m’a enseigné, mes résultats furent catastrophiques. Il est clair que j’ai porté le bonnet d’âne.

 

Je tiens à ajouter que cette appréciation relève de mon vécu. Les autres élèves n’avaient pas nécessairement la même opinion à son égard.

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# 3250                 25 novembre 2016

Les programmes d’études

Aujourd’hui, le ministère de l’Éducation conçoit un programme d’études pour chaque matière et pour chaque degré à l’intention des écoles du Québec. Il n’est pas rare de voir un programme dans un document dépassant les 100 pages. Les éditeurs de manuels scolaires produisent à partir de ce programme. Les élèves sont évalués par des examens du Ministère dans les matières qu’il choisit.

 

Autrefois, le Séminaire de Rimouski était affilié à l’université Laval. La responsabilité des programmes relevait de la faculté des Arts de cette université. Le diplôme était décerné par l’université. Il s’appelait baccalauréat ès arts.

 

Cette faculté faisait passer des examens de fin d’année dans certaines matières de quatre degrés : Versification, Rhétorique, Philosophie I et Philosophie II. Ces examens ne tenaient qu’à une feuille. Par exemple, en Philosophie II, l’examen de mathématiques d’une année ne comportait que six problèmes.

 

Les programmes étaient généralement succincts.  La photocopieuse n’existait pas encore et les moyens d’impression étaient plutôt artisanaux.

 

En 1953-1954, alors que j’étais élève au Séminaire de Rimouski, les programmes pour une matière ne dépassaient pas 10 lignes par degré. À titre d’exemple, je présente dans leur intégralité les programmes de mathématiques pour les huit années du cours classique cette année-là. Les mots en italique réfèrent à un titre de manuel scolaire.

 

• Éléments latins : Les mathématiques de la vie courante (FEC).

• Syntaxe latine : Arithmétique (FEC). Algèbre et géométrie.

• Méthode : Algèbre et géométrie.

• Versification : Programme de l’immatriculation : Arithmétique, cours supérieur (FEC). Algèbre, géométrie. Trigonométrie (FIC).

• Belles-Lettres : Programme de l’université Laval : algèbre, géométrie plane et géométrie analytique. Trigonométrie (FIC).

• Rhétorique : Programme de l’université Laval : algèbre, géométrie plane, géométrie analytique, trigonométrie.

• Philosophie I : même programme qu’en deuxième année : algèbre, géométrie. Trigonométrie (FIC).

• Philosophie II : Programme du baccalauréat : Cours d’algèbre élémentaire (Réunion de professeurs). Cours de géométrie (Classes de 2e et de 1e, Réunion de professeurs). Trigonométrie (Hall & Knight). Calcul différentiel.

 

Certains manuels avaient été écrits par des communautés de Frères (FEC : Frères des Écoles chrétiennes et FIC : Frères de l’Instruction chrétienne). Ceux provenant d’une réunion de professeurs avaient été édités en France. Hall & Knight étaient deux auteurs américains dont le livre avait été traduit en français.

 

Il est probable que les jeunes enseignants de mathématiques d’aujourd’hui seront surpris de constater la brièveté des programmes et des examens, surtout quand on sait que, de nos jours, un examen de mathématiques peut s’étendre sur une dizaine de pages.

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# 3195                 3 novembre 2016

Distribution des prix

À la fin de chaque année, au Séminaire de Rimouski, comme dans tous les collèges classiques, il y avait la distribution solennelle des prix. L’événement se tenait pour encourager la réussite scolaire, tout en soulignant la fin des classes. Les parents étaient invités à assister à cette cérémonie.

 

Généralement, deux prix d’excellence et deux accessits d’excellence étaient attribués dans chaque groupe-classe. Les prix d’excellence allaient aux deux élèves qui avaient obtenu la meilleure moyenne de toutes les matières et ce, pendant toute l’année. Les deux suivants obtenaient des accessits d’excellence. Il y avait aussi de telles distinctions pour chaque matière. De plus, tout élève qui avait obtenu une moyenne de plus de 66 ⅔ % et qui n’avait pas de prix ou d’accessits recevait une mention honorable.

 

À titre d’exemple, voici les honneurs reçus par les quatre premiers de classe d’Éléments latins C en 1953-1954 :

 

• Charles-Henri Desrosiers : Premiers prix d’excellence, de composition française, de grammaire française, de grammaire latine, d’anglais, de sciences, de devoirs et leçons. Deuxièmes prix d’explication française et de version latine. Premiers accessits de thème latin et de catéchisme. Deuxième accessit d’histoire.

 

• Jérôme Gendron : Deuxième prix d’excellence. Premiers prix d’analyse, d’histoire et de thème latin. Deuxièmes prix de grammaire française, de devoirs et leçons. Premier accessit d’anglais. Deuxièmes accessits de composition française et de version latine.

 

• Paul Bérubé : Premier accessit d’excellence. Deuxièmes prix d’histoire, de chant et de diction. Premier accessit de devoirs et leçons. Deuxièmes accessits de dictée, de grammaire française, de grammaire latine et de catéchisme.

 

• Raymond Levasseur : Deuxième accessit d’excellence. Premier prix de version latine. Deuxièmes prix de dictée et d’analyse. Premiers accessits de grammaire française, de grammaire latine et d’histoire. Deuxièmes accessits de thème latin, d’anglais, de devoirs et leçons.

 

Il n’était pas rare que les trois ou quatre premiers d’une classe raflent une grande partie des prix. En 1953-1954, pour cette classe, les deux prix de catéchisme sont allés à Joseph Saint-Pierre et à Lévis Belzile. Les deux prix de mathématiques sont allés à Louis-Germain Lévesque et à Raymond Côté.

 

D’autres premiers prix ont été obtenus : diction (Raymond Côté), dictée (René Dionne), chant (Georges-Noël Fortin) ; de même, d’autres deuxièmes prix : composition française (Raymond Côté), grammaire latine (Romain Rousseau), thème latin (René Boisvert), anglais (Jacques Bujold), sciences (Georges-Noël Fortin), sans compter 12 accessits.

 

Lors de la cérémonie de distribution des prix qui se déroulait dans l’auditorium du Séminaire (aujourd’hui salle Georges-Beaulieu du Cégep), chaque élève concerné était invité à monter sur la scène où on énonçait ses distinctions. Les plus méritants recevaient de trois à dix livres. En 1953-1954, il y avait 15 groupes-classes au Séminaire. Imaginez la patience qu’il fallait avoir pour entendre ce palmarès.

 

Toutefois, notre attention était très grande quand arrivait notre classe car nous ne savions pas qui étaient les heureux nommés. « Peut-être, aurais-je un prix ? » se disait-on.

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# 3180                 28 octobre 2016 

Robert Michaud (1916-2011)

Demain le 29 octobre, c’est le centième anniversaire de naissance de l’abbé Robert Michaud dont la paroisse natale est L’Isle-Verte.

 

L’abbé Robert Michaud a été directeur des élèves au Séminaire de Rimouski de septembre 1954 à juin 1957. Dès son entrée en fonction, il a mis l’accent sur les activités socio-culturelles et sportives. Reconnu pour sa jovialité, il n’hésitait pas à faire confiance. Il fit des ententes de services avec la ville de Rimouski pour que les élèves aient accès au Colisée de même qu’au gymnase et autres locaux du Centre des Loisirs de Rimouski, édifice situé derrière le Séminaire.

 

En novembre 1954, il décida d’ouvrir un dossier pour chacun des élèves. Auparavant, tout était inscrit dans des grands livres : les notes de conduite et d’assiduité au travail de même que les résultats scolaires. Il me contacta pour que j’inscrive sur chaque chemise le nom des élèves, soit un peu plus de 500. Il prétexta que j’avais une belle écriture. Peut-être que c’était vrai à l’époque, mais aujourd’hui cela a beaucoup changé. Pendant quelques jours de congé, je me suis attelé à cette tâche. Quand le Séminaire a fermé ses portes en 1968, le classeur contenait encore les mêmes dossiers.

 

J’ai eu l’occasion d’entrer en relation avec l’abbé Michaud à quelques occasions. Il a été directeur du Cercle missionnaire alors que je faisais partie de ce groupe dont j’ai été le président en 1960-1961. Il m’a enseigné l’Écriture sainte au Grand Séminaire. En 1968-1969, alors qu’il était aumônier au Séminaire, alors école de la Commission scolaire régionale du Bas-Saint-Laurent, il avait conçu un projet pour que les élèves se rencontrent le soir. Le Cegep de Rimouski avait accepté de lui prêter un local sur la rue Sainte-Marie. Ce lieu de rencontres fut appelé La meunerie. Malheureusement, le site ferma ses portes quand il y eut un vol dans la petite caisse. Ce fut très douloureux pour lui étant donné la confiance qu’il témoignait envers les élèves.

 

Dans le site du diocèse de Rimouski, on peut lire : « Robert Michaud a été nommé professeur émérite et écrivain résident à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) en 1982 ; il a reçu le prix Arthur-Buies du Salon du livre de Rimouski en 1985 et le prix Esdras-Minville des Loisirs scientifiques de l’Est du Québec et de Radio-Québec en 1986 ; il a été fait membre de l’Ordre du Canada en 2000. […] L’abbé Michaud a aussi publié neuf volumes sur l’Ancien Testament, dont cinq traduits en italien, espagnol ou portugais, et sept livres sur l’histoire régionale. »

 

En ce centième anniversaire, il me semble opportun d’avoir une pensée pour cet homme qui est reconnu mondialement à titre de spécialiste de la Bible, lui qui a écrit plus de 2600 pages sur le sujet. Il a aussi écrit plus de 1300 pages sur l’histoire de L’Isle-Verte. Un bel héritage.

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# 3140                 12 octobre 2016

La meunerie

En 1938, l'Office de recherches économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. On y retrouve notamment des renseignements sur la meunerie du Séminaire. Voici ce que l’auteur du rapport écrit :

 

« On relève dans la ville une seule meunerie appartenant au Séminaire de Rimouski et administrée pour ce dernier par Monsieur J. A. Ouellet. Cette petite industrie est établie sur les dépendances du Séminaire depuis environ 25 ans. Elle fonctionne actuellement 12 mois par année à rendement très irrégulier. En 1937, on y a produit 20 000 livres de farine et 700 000 livres de moulée.

 

Cette meunerie est exploitée pour les besoins des cultivateurs de la région. Le Séminaire garde 10 % des grains à titre de rétribution. Ce qui reste ainsi à l'administration est employé en très grande partie soit à la boulangerie du Séminaire pour la farine, soit à la ferme de l'École d'agriculture pour les moulées ; une très faible proportion est vendue aux consommateurs locaux. » (Fin du texte cité)

 

Le Séminaire n’avait pas le choix de minimiser les dépenses liées à l’alimentation de ses centaines de bouches bon an mal an, plus de 1000 dans les années 1950. Le pain que des générations d’élèves à partir de 1912 ont consommé provenait de grains de blé transformés dans la meunerie, local situé derrière le Séminaire à l’est de la buanderie. La farine était pétrie dans la boulangerie du Séminaire.

 

Dans le même ordre d’idées, une bonne partie de la nourriture provenait de l’École d’agriculture, notamment les œufs, les légumes, le lait et la viande. Cette école a vu le jour en 1926 et a fermé ses portes en 1969.

 

La meunerie a été vendue en 1968, peu avant la vente du Séminaire au Cegep de Rimouski.

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# 3100                 26 septembre 2016

Les Amis du Séminaire

Quand le Séminaire de Rimouski existait, les frais de pension et de scolarité demandés aux parents des élèves étaient le plus bas possible.

 

En 1956-1957, les déboursés pour les pensionnaires s’élevaient à 425 $. Cela comprenait 20 $ pour l’inscription, 250 $ pour la pension, 120 $ pour l’instruction, 15 $ pour le lit entretenu et  20 $ pour le lavage du linge.

 

La plupart des parents n’avaient pas tout cet argent. Ils se faisaient aider par des bienfaiteurs prêtres et laïcs qui avaient à cœur l’instruction de la jeunesse. Des bourses étaient disponibles de la part de l’Archevêché. La cinquantaine de prêtres qui enseignaient au Séminaire de Rimouski, à cette époque, touchaient de maigres salaires, soit autour de 400 $ par année alors qu’une institutrice de campagne gagnait autour de 1200 $. Bien sûr, les prêtres étaient logés et nourris.

 

Un organisme a été créé pour permettre au Séminaire de survivre : l’Œuvre du Séminaire. Cet organisme était appuyé par l’Association des amis du Séminaire. Chaque année, dans toutes les paroisses du diocèse de Rimouski, des bénévoles faisaient le tour des foyers pour vendre des billets à 1 $ chacun. Pour encourager les gens à ouvrir leur maigre gousset, des prix étaient attribués par tirage au sort.

 

Voici ce que rapporte le journal régional, le Progrès du Golfe, en date du 22 février 1957 :

« M. Paul Hubert, inspecteur d’écoles régional, a été choisi président de l’Association des Amis du Séminaire de Rimouski, lors de l’assemblée générale annuelle de cet organisme. Au cours de cette réunion, les Amis du Séminaire ont fait l’adjudication des récompenses aux amis de l’œuvre.

 

Les cinq premières ont été remises depuis à M. Marcel Turcot de Cabano, 500 $, à M. Augustin Michaud de Sainte-Irène de Matapédia, 200 $, et les trois autres de 100 $ chacune à MM. Pierre Charest de Mont-Joli, Fernand Paradis de Saint-Jean-de-la-Lande, Témiscouata, et Mlle Marie Gagnon de Bic. Comme 1’an dernier, la paroisse de Notre-Dame du Sacré-Cœur s’est classée première des localités du diocèse en souscrivant à l’Œuvre du Séminaire une moyenne de 3 $ par famille. » (Fin du texte cité)

 

Un simple calcul nous permet de constater qu’au moins 1000 $ étaient attribués en prix. Ce qui laisse voir que plusieurs milliers de billets à 1 $ chacun avaient pris preneur.

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# 3070                 14 septembre 2016

Amitié particulière de Zéphir

Zéphirin Verreau entra au Séminaire de Rimouski en septembre 1887. Il avait alors 16 ans. Dans son journal personnel, il décrit ses relations avec un ami. Ce texte apparaît dans le livre Zéphirin Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891.

 

Zéphir avait plusieurs amis, il en avait un en particulier à qui il était étroitement uni. Cette amitié paraît remonter à l'année 1888-1889. Dans son journal, on trouve le texte suivant :

 

Samedi, 9 mars 1889

Ce soir, la récréation s'est écoulée avec rapidité, car j'ai eu une conversation animée avec mon ami. Durant la promenade nous parlions d'abord de l'amitié et de ses douceurs. D'où, nous sommes venus à parler de Notre Mère (la Vierge Marie), centre de notre amitié. Il ne m'avait jamais parlé avec autant de sincérité et d'affection. Cette conversation si agréable pour les enfants de Marie se prolongea après la promenade et nos cœurs se réunirent encore davantage. Heureux ceux qui ont choisi Marie pour le centre de leur amitié.

 

25 mars, fête de l'Annonciation.

À la récréation du soir, je marche avec mon ami et nous nous communiquons les divers sentiments qui nous ont animés pendant la journée et le chagrin avec lequel nous faisons nos adieux à cette fête.

 

30 mars 1889.

Je commence à marcher seul sur le jeu de balle. Je me rappelle tout-à-coup que c'est samedi soir et je regrette de ne pas avoir été marcher avec mon ami ; mais un instant après son compagnon le quitte et il vient marcher avec moi.

 

6 avril 1889.

Je marche d'abord avec G., puis vient se joindre à moi mon ami qui ne fait qu'augmenter notre conversation qui, comme tous les samedis, se tient au sujet de notre aimable Mère.

 

11 avril 1889.

Je m'entretiens avec mon ami sur les douleurs de notre Mère, car c'est demain la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs.

 

19 avril, Vendredi Saint.

Promenade avec mon ami. Nous nous entretenons des douleurs de notre Mère en ce jour au pied de la croix.

 

11 mai 1889.

Ce soir à la promenade, j'ai pu converser avec mon ami. Nous constatons avec plaisir que notre affection pour notre Mère augmente toujours. Oh ! que nous sommes heureux ! L'amitié n'est pas pour les cœurs corrompus. Puissent toujours nos cœurs unis et serrés l'un contre l'autre être renfermés dans celui de Marie et comprendre leur bonheur, là, à l'abri de tout danger, loin du tumulte du monde et de la chair. Aimer notre mère de plus en plus, telle est notre devise.

 

1er juin, samedi.

Après souper, j'ai pu converser avec mon ami sur le lien inséparable qui existe entre la dévotion à Marie et la dévotion au Sacré-Cœur.

 

15 juin 1889.

Ce soir, j'ai passé la récréation avec mon ami, et nous nous sommes entretenus sur la grandeur des vertus de notre Mère et de la puissance qu'elle a sur le cœur de son divin Fils.

 

22 juin 1889.

Ce soir, agréable conversation avec mon ami sur ce que nous ferons lorsque nous serons sé-parés pour les vacances.

 

Pendant l'année 1888-1989, Zéphir ne goûta que des douceurs et des consolations dans une amitié toute franche ayant pour mobile l'amour de Marie. Toutefois sa mère si prudente, à la vue de cette amitié si forte et si vive, ou plutôt agissant sous la direction de la sainte Providence, exposa à son vénérable curé les quelques légères appréhensions qu'elle avait sur cette liaison. Celui-ci en parla à Zéphir. Dès lors, Zéphir alla beaucoup moins souvent avec son ami ; au témoignage de celui-ci, il se soumit avec résignation et bon vouloir. Cette amitié n'avait d'autre principe ni d'autre fin que l'amour de Marie, et l'ami de Zéphir déclara qu'il lui devait certainement son salut. (Fin du texte cité)

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# 3030                 29 août 2016

Implications de Zéphirin Verreau

Dès son entrée au Séminaire de Rimouski, Zéphirin Verreau s’est impliqué dans différentes associations. On en retrouve des traces dans le livre Zéphirin Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici un extrait :

 

« Zéphir aimait cette vie de collège. Il se plaisait à en décrire les charmes dans son journal et à y insérer cette foule de petits faits et de petits détails qui sont propres à la vie d'écolier.

 

Ses relations avec ses confrères furent toujours des plus cordiales ; sa grande bonté, son humeur joviale, son caractère franc et ouvert le firent estimer de tous. […] Il fut un véritable apôtre du bien, ayant toujours à cœur le maintien du bon ordre, sachant donner un bon conseil, s'efforçant avec le concours de ses amis de ramener dans le bon chemin ceux qui s'en éloignaient.

 

Il fut reçu dans la Congrégation de la sainte Vierge dès l'année de son entrée au séminaire. Au commencement de l'année 1891-1892, il en était le secrétaire. Le titre de congréganiste lui était particulièrement cher. Il le disait à ses confrères. Il mettait ce titre bien au-dessus de tout autre, quelque honorifique qu'il put être.

 

Il fut aussi membre de l'Académie St-Jean. Un petit nombre seulement font partie de cette société et, pour y être admis, il faut avoir fait preuve d'une certaine capacité littéraire. Il y fut admis durant son année de Belles-Lettres.

 

Il appartenait à la société St-Louis de Gonzague, qui s'occupe principalement d'exercices de déclamation.

 

Dans ses classes, Zéphir eut toujours une bonne place. Dieu lui avait donné d'assez bons talents, et, comme le bon serviteur de l'Évangile, il sut les faire fructifier par un travail intelligent et sou- tenu. Il travaillait avec un ordre parfait : ses devoirs journaliers sous le rapport de la propreté et de l'écriture peuvent être donnés comme modèles.

 

Ses professeurs furent toujours satisfaits de lui : je ne crois pas qu'il ne se soit jamais attiré le moindre reproche. » (Fin du texte cité)

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# 2965                 17 juillet 2016

Gérard Plourde (1909-1987)

L’abbé Gérard Plourde a passé toute sa vie active au Séminaire de Rimouski comme infirmier. Il travaillait sous la supervision d’un médecin, dont pendant plusieurs années Jacques Ringuet, le père de Michel Ringuet, ancien recteur de l’UQAR.

 

Dans sa biographie publiée sur le site du diocèse de Rimouski, on ne mentionne pas qu’il ait fait des études en soins infirmiers. Après son ordination en 1936, il fut nommé au Séminaire.  « En raison de sa constitution plutôt délicate », on lui assigna le poste d’infirmier. Son biographe dit que « sa santé ne lui permettant pas de tenter par la suite un autre ministère, il demeura lui-même 34 ans à ce poste, soit jusqu'à la prise de sa retraite en 1970 ».

 

Au Séminaire, dans les années 1950, quand on avait des malaises passagers,  le moment privilégié pour se rendre à l’infirmerie était au début de l’étude du soir. Il n’était pas rare de voir des files d’élèves, surtout les plus jeunes, attendre de recevoir des soins de M. Plourde. Pour les maux de gorge, son intervention la plus courante était de passer la « moppe ». En québécois, la moppe, qui provient du mot anglais mop, est un torchon fixé à une manche pour laver les planchers. La moppe de l’abbé Plourde était constituée d’une tige de bois portant à une extrémité une boule d’ouate. Après avoir trempé la ouate dans un liquide brun rougeâtre, il n’avait qu’à gargariser la gorge. C’était souvent un placebo.

 

Les élèves lui avaient donné comme surnom Fatima. D’où vient ce sobriquet ? On peut penser que c’était en raison de sa très grande ferveur envers la Vierge Marie. En 1917, à six reprises, cette dernière serait apparue à trois enfants à Fatima, petit village du centre du Portugal.  On désignait alors la Vierge Marie comme Notre-Dame de Fatima.

 

Cette hypothèse me semble très plausible. En effet, quand je faisais des séjours à l’infirmerie, après la sieste de l’après-midi, l’abbé Plourde récitait le chapelet avec nous, parfois les bras en croix. Il récitait le Je vous salue Marie avec beaucoup de conviction. Entre les dizaines, il parlait longuement de la Vierge Marie comme étant la mère de Dieu et nous incitait à la dévotion à son égard.

 

On m’a raconté qu’un jour un jeune, à qui on avait fait croire que son vrai nom était Fatima, l’avait remercié de ses services en disant : « Merci, monsieur Fatima. » Est-ce une forme de naïveté ou une insolence orchestrée ? Je ne le sais pas.

 

Lors de ses petits sermons à l’infirmerie, un jour, l’abbé Plourde avait tenu des propos sur le jazz pendant au moins cinq minutes. Il a décrit ce genre musical originaire du sud des États-Unis comme un élément de perdition. Les qualificatifs employés étaient très durs et laissaient croire à une menace sérieuse de perte du salut éternel pour ceux qui écoutaient cette musique. J’étais troublé. Je ne connaissais pas le jazz, mais je me demandais en quoi cette musique pouvait être néfaste à l’âme.

 

Son biographe écrit que l’abbé Plourde « n'était pas habilité à donner les injections de la médecine ». Pourtant, quand j’ai contracté la grippe asiatique en 1957, il me donna une piqûre dans une fesse. Il a lancé l’aiguille avec un tel élan et une telle force que j’ai craint, pendant un instant, que la vilaine me transperce le corps. Maladresse de sa part ou manque de confiance en lui de ma part, la piqûre me fit extrêmement mal.

 

Dans la chapelle du Séminaire, il y avait six autels collatéraux : trois de chaque côté. Au moins durant une année scolaire, l’abbé Plourde disait sa messe sur un de ses autels pendant que le directeur des élèves faisait de même en avant pour l’ensemble des élèves. Souvent, je jetais un coup d’œil de côté vers l’abbé Plourde. De par ses gestes lents et un fort sentiment de ferveur qui se dégageait, j’avais l’impression qu’il flottait dans les airs, qu’il lévitait.

 

Au milieu des années 1970, vers 21 heures, j’étais dans un restaurant de Rimouski quand je vis arriver l’abbé Plourde avec un groupe de charismatiques. Il était revêtu de sa soutane et portait le signe distinctif de ce mouvement. Il semble qu’il en a été un membre actif pendant longtemps.

 

Je me suis souvent demandé comment les prêtres professeurs du Séminaire percevaient l’abbé Plourde en raison de sa tâche. En revanche, j’aurais aimé savoir comment lui-même se situait par rapport aux autres prêtres qui souvent avaient une scolarité supérieure à la sienne. Son biographe répond en partie à cette interrogation en écrivant : « On pourrait croire que l'abbé Gérard Plourde eut à souffrir de devoir consacrer toute son activité sacerdotale au soin des malades et qu'il regrettait de ne pouvoir, comme la généralité des prêtres, se livrer à d'autres formes de ministère. Mais il n'en fut rien : il lui suffisait de savoir qu'il faisait la volonté divine en accomplissant la tâche que l'obéissance lui assignait. »

 

(La photo appartient au diocèse de Rimouski.)

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# 2920                 29 juin 2016

Les sentiers de la volupté

Dans l’histoire de l’humanité, la période qui me fascine le plus est celle du Moyen Âge. Il y a près de 20 ans, j’ai eu l’occasion de lire un roman de Rodrigue Lavoie, un confrère de classe au Séminaire de Rimouski. J’ai adoré ce roman de 388 pages dont le titre est Les sentiers de la volupté. Il a été publié par Les éditions du Septentrion en 1995.

 

Rodrigue, un historien, a fait sa carrière à l’Université Laval en tant que spécialiste de l’époque médiévale et de l’histoire de la sexualité.

 

Martin Bérubé, un autre confrère, a fait une critique de ce roman. Cet article a été publié en avril 1997 dans un « petit journal » diffusé à l’époque à l’intention des confrères du Séminaire. Je me permets de citer des extraits de ce texte. Le titre de la critique est Les sentiers de la volupté, un plaisir à lire.

 

« J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le roman écrit par notre confrère Rodrigue Lavoie. Il est identifié comme un roman de mœurs médiévales et il n'est point besoin d'en lire plusieurs pages pour être d'accord avec cette définition.

 

En fait, tout est occasion pour décrire les mœurs de cette époque et les personnages bien campés dans leur métier respectif. Leurs valeurs et leurs habitudes de vie se prêtent bien à cette description : ils la suscitent.

 

Voyons de plus près :

- Bertrand Maurel dans son métier de commerçant et ses différentes façons successives de vivre le mariage avec ses trois Jeanne.

- Pierre, fils de Maurel, qui, subissant un mariage d'affaires tramé par les parents avec la Giraude, vit le grand amour avec Mathilde Payen, l’héroïne du roman, tout en étant un fidèle (!) client de la "Chatte".

- Atanoul, le juriste, qui nous décrit les mœurs de la justice de l’époque avec moult exemples.

- Astruge, la jeune veuve, campée dans son veuvage jusqu'à ce que Mathilde et elle se laissent aller ensemble, l’occasion faisant le larron.

- sans oublier la Giraude et son père Gauthier, commerçant lui aussi, la Bertrande, etc.

 

Dans ces quelques 380 pages, l’auteur nous donne l’occasion de connaître les valeurs et le vécu des années 1250 à 1350 au sujet du mariage, de la vie de couple, du commerce, de la justice, de la religion, des stratégies du temps, de l’ouverture d'esprit, etc.

 

Malgré la situation de l’histoire de ce roman au Moyen Âge, le texte est dans un français du 20e siècle à part quelques termes propres à cette époque que l’auteur nous explique dans un lexique en fin de volume. Mais lorsqu'on constate que ce lexique ne contient que 11 mots, on ne peut accuser l’auteur d'avoir fait un abus du langage d'époque.

 

En prenant connaissance des usages et coutumes du temps qui y sont décrits, on peut souvent se dire « Nihil novi sub sole ». (Il n’y rien de nouveau sous le soleil).

 

J’ai pris plaisir à lire ce roman : l’action est soutenue, la rétroaction bien utilisée, le dialogue vivant, le qualificatif bien placé. L’auteur a eu le tour d’insérer ses portraits de mœurs plus dans le dialogue et dans l’action que dans de longs paragraphes descriptifs. Et l’histoire racontée, qui a sa part de vérité paraît-il (mettrait-on en doute ce prof. d’histoire médiévale !) est intéressante, bien structurée, juteuse à l’occasion. » (Fin du texte cité)

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# 2880                 13 juin 2016

Trois prêtres décédés

Depuis le début de 2016, trois prêtres sont décédés dans le diocèse de Rimouski. Tous trois ont été des éducateurs et m’ont enseigné à un moment ou à un autre.

 

Martin Proulx, décédé le 13 février 2016, à l’âge de 91 ans

Il a notamment été maître de salle et professeur au Séminaire de Rimouski (1950-1968), puis professeur à l’école Paul-Hubert, toujours à Rimouski (1968-1971). Il a vécu la fermeture du Séminaire et a dû accepter des conditions de travail plus difficiles dans une commission scolaire.

 

Il m’a enseigné le français, l’arithmétique et l’histoire en 1953-1954, alors que j’étais en Éléments latins au Séminaire de Rimouski.

 

Jean Drapeau, décédé le 22 février 2016, à l’âge de 85 ans

Il a obtenu son baccalauréat ès arts en 1950. Il était un confrère de Gilles Vigneau. Il a notamment été professeur au Grand Séminaire de Rimouski (1954-1969). Il a vécu la fermeture du Grand Séminaire. Il a alors enseigné à l’UQAR qui offrait dorénavant la formation en théologie. Il a aussi enseigné à  l’École normale Tanguay, puis à d’autres universités.

 

Il m’a enseigné la théologie dogmatique au Grand Séminaire de Rimouski. Il donnait tout son cours en langue latine.

 

Jean-Guy Nadeau, décédé le 25 mars 2016 à l’âge de 85 ans

Il a obtenu son baccalauréat ès arts en 1950. Il était un confrère de Gilles Vigneau. Il a œuvré au Séminaire de Rimouski de 1954 à 1965, comme maître de salle, professeur de littérature et directeur des études au cours collégial. Il a vécu l’abandon du collégial par le Séminaire de Rimouski, qui est dorénavant offert par le CEGEP. Il fut premier directeur général de la Commission scolaire régionale du Bas-Saint-Laurent (1965-1967), puis premier directeur général du Cégep de Rimouski (1967-1970). Pendant 13 ans, il enseigna la littérature à l’UQAR. Il fut membre de plusieurs commissions et fut honoré de nombreux prix.

 

Il m’a enseigné le grec en 1955-1956 alors que j’étais en Méthode au Séminaire de Rimouski.

 

Il y a une certaine similitude entre les carrières de ces trois éducateurs. Ils ont tous vécu des changements majeurs au sein de la structure scolaire. Le premier au secondaire, le deuxième à l’université et le troisième au collégial.

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# 2830            24 mai 2016

Zéphirin Verreau au primaire

Zéphirin Verreau fait ses études primaires dans son village natal, Baie-des-Sables et entra plus tard au Séminaire de Rimouski. Dans son journal personnel, il décrit la vie de tous les jours. Ce texte apparaît dans le livre Zéphirin Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici ce qu’on y trouve d’après son journal :

 

Lorsqu'il avait huit à neuf ans, sa mère était souvent malade. En plusieurs circonstances, il fallait veiller auprès d'elle la nuit. Le petit Zéphir voulut veiller à son tour. Douze ans après, il écrivait ce souvenir : « Aussi longtemps ma mère restait au lit, aussi longtemps mon petit cœur était malade et ressentait les plus cruelles douleurs à la vue de celle que j'aimais tant. »

 

À sept ans, il commença à servir la messe tous les jours, pieux office qu'il remplit presque tout le temps jusqu'à sa mort. « À l'autel, dit son curé, il avait plutôt la tenue d'un ange que celle d'un enfant : l'air grave sans avoir l'air guindé, il faisait toutes les cérémonies avec une dignité, une précision et une piété vraiment remarquable. Sa mise était simple, mais tout en lui respirait une propreté exquise, des idées d'ordre et surtout une grande élévation de sentiments. On sentait en l'approchant que l'enfant respirait dans une atmosphère de piété peu commune.

 

Au catéchisme, sa piété l'éclaira et suppléa parfois à ses talents. Ses réponses, sans être toujours parfaitement exactes, n'étaient jamais dénuées de sens. Que dire de la ferveur avec laquelle il fît sa retraite et s'approcha de la Table Sainte pour la première fois.

 

À partir de cette époque sa piété plus éclairée devint aussi plus remarquable aux yeux de tous. Qui ne l'a point vu un dimanche après-midi, vers la tombée du jour, agenouillé à l'autel de Marie ou parcourant avec la plus grande piété les stations du Chemin de la Croix, seul ou avec ses compagnons, dont plusieurs sont maintenant de saints religieux.

 

À dater de sa première communion, il s'approcha régulièrement des sacrements tous les quinze jours ou toutes les trois semaines et il ne cessa jamais d'être un sujet d'édification pour sa famille et ses compagnons. Il fréquenta encore l'école quelques années.

 

À l'âge de douze ou treize ans, il servit comme commis dans un magasin de l'Assomption (Baie-des-Sables) pendant un an.

 

Son père était cordonnier. Il fallait un travail constant pour faire subsister la famille, qui se composait du père, de la mère et de quatre enfants. Zéphir travailla avec son père. Il avait une très forte répugnance pour ce travail qui le fatiguait beaucoup, cependant l'amour de sa « chère petite famille » lui donnait des forces pour s'y livrer avec courage et persévérance.

 

Après la prière en famille, il disait son chapelet et faisait de longues prières. Souvent, sa mère s'éveillait et le trouvait encore en prière. Alors, elle lui disait d'aller se reposer et il obéissait aussitôt.

 

Ces détails qui font bien voir l'amour dont son cœur brûlait pour Dieu, sa mère seule les connut. Les amis mêmes qu'il eut plus tard et à qui il ouvrit son âme ont reconnu qu'ils ne l'avaient pas assez admiré, qu'ils avaient été plutôt l'objet de sa charité que les témoins de ses vertus.

 

Tout en se livrant à un travail manuel, Zéphir ne négligea rien pour s'instruire, espérant sans doute pouvoir un jour faire des études. Une dame charitable, amie de la famille, lui enseigna les éléments de la langue anglaise. Tout en travaillant assidûment avec ses parents, il souffrait beaucoup ; souvent on voyait de grosses larmes couler sur ses joues. Son père comprit bien la cause de ses larmes, et confiant dans la Providence qui sait toujours proportionner les moyens à la fin, il se rendit à ses désirs et lui permit d'assister aux leçons que le bon curé de l'Assomption donnait déjà à quelques enfants qui se préparaient à entrer au Séminaire.

 

« Le 2 novembre après-midi, dit son curé, Zéphirin transfiguré, arrive à la classe avec ses compagnons. Sa figure est toute rayonnante. Depuis quelques mois surtout, sa figure portait une teinte de mélancolie causée par les souffrances morales, que l'enfant supportait chrétiennement, mais qui se trahissaient malgré lui au dehors. J'en fus heureux, car depuis longtemps j'avais remarqué en cet enfant quelque chose d'extraordinaire. Je croyais y voir des signes évidents de vocation au sacerdoce ou à la vie religieuse." Il étudia ainsi pendant six mois.

 

Grâce à cette application, à son travail éclairé d'ailleurs par la grâce, lorsqu'il entra au Séminaire de Rimouski au mois de septembre 1887, il fut jugé capable de faire ses Humanités.

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# 2785            5 mai 2016

Le petit monde du Séminaire

Zéphirin Verreau entra au Séminaire de Rimouski en septembre 1887. Il avait alors 16 ans. Dans son journal personnel, il décrit la vie du Séminaire. Ce texte apparaît dans le livre Zéphirin Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici ce qu’il écrit :

 

« Le séminaire est un petit monde à part, ayant ses lois et ses coutumes. De fait on y retrouve en miniature ce que l'on voit dans les grandes sociétés.

 

Il y a dans ce peuple écolier de grandes divisions : les pensionnaires, les externes, le cours classique, le cours commercial, qui sont comme autant de castes, de tribus distinctes. Dans ces tribus il y a des familles : les différentes classes, dont les membres sont étroitement unis entre eux.

 

Il y a des officiers publics : le doyen d'abord, qui est le plus ancien élève de la plus haute classe. Chaque classe a aussi son doyen qui comme tel est toujours entouré d'une certaine considération ; puis les présidents et les autres officiers des différentes associations qui sont presque innombrables : associations religieuses, littéraires, scientifiques, sociétés musicales, corps militaires, sociétés de jeux de toutes sortes : jeux de paume, de balle, de ballon, de croquet, etc., sociétés de promenades à la raquette et de patin durant l'hiver, etc.

 

Il y a un code de lois qui est le règlement de l'institution. En dehors de ce règlement il y a des traditions et des coutumes.

 

On trouve dans ce petit monde des illustrations dans les différentes branches : il y a des philosophes, des orateurs, des écrivains, des musiciens, des célébrités dans les différents jeux, etc. On en rencontre un certain nombre qui ont de l'influence sur leurs confrères, dont la parole fait autorité, qui imposent leur manière de voir, d'autres qui ont le don de l'intrigue, d'autres à qui la fortune semble toujours contraire. On y trouve un mélange de tous les caractères : des esprits nobles, amateurs de la paix, des esprits droits, parfois aussi des esprits violents, turbulents, égoïstes, à charge à leurs confrères.

 

Il y a aussi une opinion publique, ce tribunal qui s'enquiert et qui juge un peu de tout. Et j'ajouterai qu'il faut s'en méfier, car le peuple écolier est perspicace et observateur : rien ne lui échappe, les petits défauts et les petits travers moins que toute autre chose. Heureux si en cela il savait toujours rester dans de justes limites et ne jamais outrepasser les règles de la charité chrétienne. » (Fin du texte cité)

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# 2720            2 avril 2016

Zéphirin Verreau : son enfance

S’il est un élève qui a marqué la vie du Séminaire de Rimouski à la fin du 19e siècle, c’est le jeune Zéphirin Verreau. Cela est dû en grande partie à sa dévotion sans bornes envers la Vierge Marie, à son journal personnel et à sa mort prématurée.

 

Trois ans après sa mort, soit en 1894, l’imprimeur C. Darveau a publié sa biographie d’après son journal et ses lettres. En mai 1894, l’évêque de Rimouski, Monseigneur André-Albert Blais a écrit : « Nous avons fait examiner le manuscrit intitulé : Zéphirin Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891, et ayant jugé que l'histoire de la vie si courte mais si bien remplie de ce jeune homme pourrait contribuer à faire aimer davantage la religion et la vertu, nous en permettons l'impression et en recommandons la lecture aux fidèles de notre diocèse, aux élèves de notre séminaire plus particulièrement. » Les textes en guillemets qui suivent sont tirés de ce livre.

 

Zéphirin est né le 9 février 1871 à l’Assomption de McNider, aujourd’hui paroisse de Baie-des-Sables. Il était le fils de Jean Chrysostome Verreau et de  Marie Langlois. On l’appelait communément Zéphir. Son biographe écrit : « Ce surnom lui convenait admirablement bien : on retrouvait en lui l'agréable douceur du zéphir. Sa figure empreinte d'une candeur angélique exprimait la bonté ; le léger sourire qui errait constamment sur ses lèvres rappelait le zéphir de mai agitant les feuilles des arbres et faisant éclore les fleurs. »

 

« Dès l'âge de deux à trois ans, sa mère lui apprit à prier, et, dit-elle, depuis ce temps jusqu'à ce qu'il put prier seul, il ne manquait jamais de me remercier et de m'embrasser quand il avait fini sa prière. Il a toujours été, ajoute-t-elle, d'une piété angélique. »

 

« Lorsqu'il n'avait encore que trois ans, souvent sa mère le trouvait dans sa chambre, agenouillé avec un petit compagnon au pied des images des Saints Cœurs de Jésus et de Marie ; les mains jointes et les yeux au ciel, il répétait les prières qu'il savait. Dès qu'il put comprendre la manière de dire le chapelet, il se mit à le réciter, et pas un jour de sa vie il ne manqua à cette pratique. »

 

« On ne voyait pas chez lui cet égoïsme naturel à presque tous les enfants. Avait-il des friandises, des joujoux, il fallait partager avec ses frères et sœurs, avec sa mère surtout. Au souvenir de sa mère, il n'eut jamais le moindre différend avec ses frères et sœurs. Quand quelque chose ne lui plaisait pas, c'était à lui toujours qu'il attribuait le tort, et cela non seulement dans sa famille mais encore avec ses petits compagnons de jeu et d'école. »

 

« Lorsque venait le carême, il mettait de côté son petit traîneau pour faire pénitence. Il savait déjà que le sacrifice est la vie du chrétien. Il aimait à raconter dans son journal les souvenirs de son enfance. Ce sont avec sa mère des conversations intimes où elle lui apprend à faire le bien ; elle lui enseigne en particulier l'exercice de la présence de Dieu. Ce sont des promenades par les beaux jours de l'été où elle lui apprend à remercier Dieu d'avoir fait le firmament si beau, le vent si frais, les champs si beaux, d'avoir donné une si belle voix aux oiseaux.

− Un point, dit-il, sur lequel ma mère tenait surtout à m'instruire : c'était la connaissance de Dieu et de ses perfections. »

 

« Tous les jours, écrit-il encore, ma mère trouvait de nouveaux moyens de nous rendre agréable et attrayante l'étude de nos devoirs religieux : le récit d'un fait, une petite histoire, un exemple frappant étaient autant de moyens dont elle se servait habilement pour inculquer dans nos jeunes cœurs l'amour de la vertu et la haine du vice, sachant mêler l'utile à l'agréable. »

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# 2675         11 mars 2016

Marcel Rioux (1919-1992)

Au Séminaire de Rimouski, la vie dans les années 1930 semble légèrement différente que celle des années 1950. En 1981, Jules Duchastel a écrit un livre publié aux éditions Nouvelle Optique dont le titre est Marcel Rioux. Entre l’utopie et la raison. Voici un extrait de ce livre : 

« En 1931, l’année de la « grande déprime », Rioux entre comme pensionnaire au séminaire de Rimouski. C’est sa mère qui réussit à le faire accepter, avec l’aide morale du curé du village. Il s’agit là de la première coupure avec sa famille et son village, où il ne retournera qu’à Noël et aux grandes vacances. Une toute autre vie commence pour lui : entouré de jeunes privilégiés ou de fils de la terre choisis par leur curé de village pour accéder au sacerdoce, il se trouve plongé dans un milieu clérical qu’il rejette très tôt, mais aussi initié à la vie intellectuelle plus ou moins malgré lui.

 

Ce qui marque Rioux, c’est d’abord le passage de la campagne à la ville. Rimouski est une petite ville, mais le séminaire accueille des gens venus d’aussi loin que Québec. Ce sont ceux-ci qui le fascinent. Il s’agit souvent d’élèves renvoyés de leur collège et que les séminaires de province acceptent de rescaper. Rioux se lie avec les frères Barrette et un certain Paillard, tous de joyeux garnements. Ils fondent ensemble « l’ordre de la sapinière » couverture pour « la ligue léniniste » qu’ils n’osent pas appeler comme telle. Cette ligue léniniste n’a pas grand chose à faire avec une quelconque pensée politique élaborée. La révolution a eu lieu en URSS, ils connaissent Lénine. Mais là s’arrête leur politisation. Leurs activités plus ou moins secrètes consistent à « snoffer » du tabac à priser, à empêcher les compagnons d’aller communier à la messe, à se raconter des histoires de femmes. Paillard y ajoute une touche communiste en faisant état de ses courtes connaissances en la matière. Cette « ligue léniniste » était en fait une réponse à la provocation de ce milieu fermé, gorgé de cléricalisme au point où ils en faisaient une indigestion, se rappelle Rioux. Certains vont jusqu’à inventer toutes sortes d’actions blasphématoires.

 

Sa révolte contre la religion est d’autant plus radicale qu’il a été victime d’un assaut sexuel de la part d’un religieux. C’est à ce moment que naît son athéisme. Tout en provoquant le scandale chez lui, cet événement lui permet d’expérimenter son premier rapport de force. En effet, il refuse de témoigner au procès ecclésiastique intenté à ce religieux (surnommé le « rat ») suite à de nombreuses plaintes. Il préfère ainsi garder barre sur lui pour les années que dure le procès. L’institution fait traîner à souhait ce genre d’affaire pour ne pas accréditer les rumeurs qui circulent. Mais une justice « naturelle » se manifeste tout de même. Un jour où il y a une panne d’électricité à la chapelle, certains étudiants « lapident » littéralement le « rat » avec leurs missels. Voilà un exemple de révolte spontanée contre le carcan très fort des collèges classiques et le cléricalisme.

 

Si cette époque du collège est celle de la grande crise économique, Rioux n’en éprouve pas vraiment les effets au séminaire, milieu tourné vers l’ère des classiques, et où la réalité contemporaine a peu de prise. Il n’a évidemment pas beaucoup d’argent de poche : il ne reçoit que 25 sous par mois pour se faire couper les cheveux. Autant dire qu’il a le plus souvent les cheveux longs.

 

La crise se manifeste davantage au village d’Amqui. Ses parents, quoiqu’ils s’en tirent assez bien doivent faire face à la révolte des habitants des colonies. Ceux-ci, complètement démunis, viennent dévaliser les marchands d’Amqui. Son père et d’autres marchands doivent se munir d’un revolver et engager un garde pendant un certain temps. Malgré cela, les rapports entre le marchand général et les habitants n’en sont pas vraiment affectés. Il a toujours valorisé le travail manuel. Il fait crédit. Au pire, il doit réduire quelquefois l’ampleur de celui-ci. Quand un habitant en souffrance de dettes demande trois « baloneys », il dit au commis : « Mets-lui en deux! » Son esprit communautaire comprend la pauvreté. Et comme son commerce s’exerce surtout avec les habitants, les échanges prennent souvent la forme du troc. Ainsi, contre des produits qu’ils ne peuvent fabriquer, les habitants échangent des cochons, des vaches. Par la suite, le marchand général les revend aux hôteliers, aux professionnels et aux travailleurs.

 

Durant la période de son cours classique, Rioux retourne à Amqui pour les vacances d’été. Il partage son temps entre le travail au magasin avec son père, et ses relations avec les enfants des professionnels du village. D’une part, il garde le contact avec son milieu d’origine et y prend grand plaisir. Il aime faire la tournée des rangs avec son père, tout autant que l’atmosphère chaleureuse du magasin général. D’autre part, des pratiques de citadin commencent à s’intégrer chez lui. Il fait beaucoup de sport, fréquente les jeunes filles. Avec des copains de collège, il fait la connaissance des « mauvaises filles », revenues de la ville pour passer les vacances d’été dans leur famille. Marcel Rioux se plaît à évoquer aujourd’hui ses premières fréquentations avec la fille d’un ingénieur écossais, qui épousa par la suite un directeur de compagnie multinationale. » (Fin du texte cité)

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 # 2625              13 février 2016

Le bocage du Séminaire

Du temps qu’il existait comme institution, le Séminaire de Rimouski avait aménagé un boisé sur la terre de l’école d’Agriculture. Ce boisé, appelé Bocage, avait son origine un peu au sud du Grand Séminaire, mais à l’ouest. Il se terminait où est aujourd’hui la deuxième rue Ouest.

 

Dans ce boisé, il y avait des sentiers et des marécages. L’endroit était parfois visité par des écoliers pour de courtes excursions, des pique-niques ou des activités diverses. Par exemple, le 22 juillet 1934, les scouts de la troupe du Séminaire s’y déplaçaient pour faire leurs promesses solennelles.

 

Tout au sud du boisé, on avait érigé une chapelle qui fut bénie le 27 septembre 1923. Dans un lopin de terre autour de la chapelle, un cimetière fut aménagé pour y déposer les corps des prêtres du Séminaire. J’ai visité ce cimetière pour la première fois à l’automne 1953 lors du décès d’un prêtre retraité du Séminaire dont j’ai oublié le nom.

 

De temps à autre, j’allais visiter le cimetière pour me recueillir et me souvenir de prêtres qui avaient consacré leur vie à l’éducation de jeunes comme moi. Vers 1984 ou 1985, je faisais une randonnée à bicyclette et en passant sur la deuxième rue, je pensai faire un détour pour visiter le cimetière. J’ai été estomaqué de constater que la plupart des stèles étaient soit renversées soit réduites en morceaux. J’avais la gorge nouée. Je ne pouvais pas comprendre la motivation des auteurs de ce désordre. Un manque de respect évident envers les morts, mais aussi envers la vie.

 

Devant cette situation, la Corporation du Séminaire a décidé de fermer le cimetière. Au total, 58 corps furent exhumés et déménagés au cimetière Saint-Germain de Rimouski en octobre 1985. La chapelle fut démolie. Le Bocage fut vendu pour laisser place à des développements résidentiels et commerciaux.

 

Pendant longtemps, l’abbé André-Albert Dechamplain aura assuré la garde du Bocage.  

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# 2570             20 janvier 2016

Éléments-latins (1953-1954)

Le 8 septembre 1953 est une journée mémorable pour 158 jeunes de 11 à 15 ans provenant principalement du diocèse de Rimouski : c’est la rentrée au Séminaire de Rimouski pour ces nouveaux élèves dont je suis. Dès les premiers jours, je réalise rapidement qu’il y a deux mondes au Séminaire : le pensionnat et les classes.

 

1. Le pensionnat

Il faut d’abord connaître les locaux. Le plus important est de situer les toilettes. Il y a deux salles dont l’une avec des urinoirs séparés par de larges panneaux. C’est la première fois que je vois des urinoirs.

 

Au rez-de-chaussée, à l’est, on retrouve la salle de récréation. Au-dessus, c’est la salle d’études avec ces 240 bureaux. Plus haut, ce sont les classes et les dortoirs.

 

Le repas vient vite. Il faut se rendre à la cafétéria qui est au centre du rez-de-chaussée pour les Grands et les Petits. La cafétéria est là pour la nourriture du corps. Au-dessus, c’est la salle académique pour la nourriture de l’esprit et toujours au-dessus, c’est la chapelle, pour la nourriture de l’âme. Voilà notre « terrain de jeux ».

 

Il faut s’habituer aux cinq maîtres de salle qui nous surveillent constamment. L’un parle fort et a l’air imposant ; un autre est timide, du moins au début ; un autre est enclin à communiquer avec nous ; un autre a des yeux perçants qui semblent tout voir ; un autre se demande bien ce qu’il fait là. Ils ont chacun leur façon de faire et leur tempérament propre. Pour un jeune de 12 ans comme moi qui n’a jamais connu un encadrement strict à l’école, je n’ai pas l’habitude d’une surveillance constante et c’est très impressionnant.

 

Il faut aussi apprendre à apprivoiser le règlement. Le silence est de rigueur partout, sauf à la salle de récréation et dans la cour. Les rappels à l’ordre sont nombreux et ne sont pas toujours communiqués avec diplomatie.

 

2. Les classes

Pour moi, le début des classes est un choc. Je me rends compte rapidement que je n’ai pas les prérequis nécessaires en termes de connaissances et d’habiletés. Je n’ai jamais suivi un cours si ce n’est quand j’ai marché au catéchisme. À l’école, comme j’ai presque toujours été seul dans mon degré, je travaillais à mon rythme. J’exécutais dans mon cahier les travaux suggérés par l’institutrice. Là, il y a un professeur en avant de la classe qui peut parler pendant 50 minutes et qui a des connaissances poussées. Je n’arrive à me concentrer pendant tout ce temps et je décroche.

 

Par ailleurs, vu mon âge, je n’ai pas encore atteint complètement le stade abstrait. Par exemple, le professeur de français parle abondamment de la Chanson de Roland, un poème du 12e siècle qui raconte les exploits d’un chevalier du nom de Roland qui va en guerre. Pour moi, c’est une chanson composée par un monsieur du nom de Roland. À partir de cette prémisse, il est impossible que je comprenne quoi que ce soit.

 

En latin, la déclinaison de rosa est au programme. Si on dit : la rose est belle, on traduit par rosa. Si on dit : le jardin de la rose, on traduit par rosae. Si on dit : j’aime la rose, on traduit par rosam. Au pluriel, pour les mêmes phrases, on traduit respectivement par rosae, rosarum et rosas. J’ai cité trois déclinaisons, mais il y en a 6 pour le singulier et 6 pour le pluriel.

 

En anglais, je vis une expérience pénible. En novembre, le professeur veut vérifier notre connaissance de la prononciation des lettres en anglais. La question posée, il me pointe du doigt le premier. Je commence é, bi, ci, di, ... en une prononciation très approximative. À partir de g, j’émets des sons bizarres et à j, je suis incapable de continuer. Là, un éclat de rires s’abat dans la classe. Le prof, au lieu de réprimer cette avalanche, se met à ricaner lui aussi. C’est un choc terrible pour moi. L’émotion prend le dessus, mes oreilles se ferment et je perds le goût pour l’apprentissage de l’anglais.

 

Évidemment, il y a beaucoup de positif. Les cours sont intéressants. Les connaissances pleuvent sans arrêt. Je réussis quand même à tirer mon épingle du jeu. À mesure que l’année avance, je me sens plus en confiance, sauf en anglais.

Pendant tout ce temps, la prière y compris les offices religieux et le chapelet prennent environ 12 heures dans une semaine, presque deux heures par jour. Les études et les cours vont chercher 42 heures. En somme, 14 % du temps à part le sommeil sont consacrés à la prière, 47 % aux cours et à l’étude. Il reste 39 % pour les repas, les récréations, les déplacements et l’hygiène du corps.

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# 2525              31 octobre 2015

Sous les marronniers

En 1996, Laurent Dubé, natif de Saint-Paul-de-la-Croix et ancien du Séminaire de Rimouski (1949-1957), a relaté ses souvenirs de collège dans un livre intitulé  Sous les marronniers, publié aux Éditions du Septentrion. Adrien Thério, natif de Saint-Modeste et ancien du Séminaire de Rimouski (1942-1946) qui fut romancier, conteur et dramaturge a commenté le livre de Dubé en ces termes sous le titre « La mort annoncée du cours classique ».

 

« Des moments inoubliables qui nous permettent de comprendre un peu mieux d'où nous venons. Mort de sa belle mort depuis une quarantaine d'années, soufflé par la Révolution tranquille qui a chambardé tout l'enseignement au Québec, à la fin des années cinquante et au commencement des années soixante, voici que le cours classique refait surface dans un rappel de lointains souvenirs. Laurent Dubé a été parmi les derniers à vivre ou survivre aux soubresauts de ce cours d'humanités qui était censé faire de tous ceux qu'il attirait dans ses filets des testes bien faites. Difficile de juger du résultat en l'absence de tout autre système qui aurait pu nous mener aux portes de l'université.

 

Des testes bien faites

En ce temps-là, peu de fils de cultivateurs pouvaient penser faire des études avancées. Rares étaient les parents qui avaient les moyens de payer les frais de huit années passées dans des séminaires ou des collèges. Quand un enfant montrait beaucoup de talent à l'école, le curé tâchait de lui trouver un bienfaiteur qui paierait en tout ou en partie les frais de cette longue hibernation. On espérait qu'à la fin, le fils reconnaissant entrerait dans les ordres comme on disait si bien. M. Dubé, lui, a opté, le temps venu, pour une carrière libérale. Devenu juge aujourd'hui, le voici qui remonte le fil des ans pour nous dire comment cela se passait dans un séminaire à la fin des années quarante et pendant la décennie suivante. Nous sommes au séminaire de Rimouski. C'est le séminaire diocésain puisque l'auteur est né à Saint-Paul-de-la-Croix. Mais à Rimouski ou à Nicolet, c'est du pareil au même puisque c'est le même rouleau compresseur qui se charge de faire des testes bien faites.

 

En fait, même si le récit est linéaire et nous conduit des Éléments latins jusqu'à la fin, en Philosophie II, nous avons surtout affaire, dans chacun des chapitres, à des sketches qui tâchent d'illustrer certains moments importants de cette vie d'étude parsemée de temps en temps de visions d'ailleurs ou venues d'ailleurs. Évidemment, certaines expressions reviennent régulièrement comme les maîtres de salles, le directeur, le préfet des éludes, M. le Supérieur ; on se retrouve dans des salles d'étude, des réfectoires, des dortoirs dont les dimensions ne sont pas données. Si mon souvenir est bon, c'étaient des centaines d'étudiants qui étaient cordés les uns sur les autres, parfois pendant des heures et des heures comme au dortoir par exemple.:p>

 

Tout au long du récit, l'auteur utilisera les noms de famille de tous ces éducateurs qu'il côtoiera. J'en ai reconnu plusieurs au passage puisque j'ai fréquenté la même institution quelques années avant M. Dubé.

 

L'auteur exagère-t-il ? De retour chez lui pendant les premières vacances de Noël, on le retrouve dans sa chambre le nez dans ses livres. « Le séminaire m'avait initié à la drogue de la connaissance, au plaisir d'étudier les beaux textes de la littérature [...]. »

 

De retour au séminaire

Nous sommes en 1950. Une année difficile à oublier puisque en quelques heures, le feu avait rasé une grande partie de la ville. Restaient debout le séminaire, l'évêché et la cathédrale. Congé forcé pendant quatre mois. Le collégien se remet difficilement aux travaux des champs. Et il ne faut surtout pas compter sur lui pour nous faire entrer dans la vie intime d'une famille de cultivateurs de l'époque. Sa famille, c'est le séminaire, ce sont les études. Mais les études, il faut en sortir de temps en temps. M. Dubé, qui ne semble pas être un grand sportif, joue au ballon, à la balle-au-mur, mais il est plus à l'aise avec son cor dans la fanfare. Cela lui permettra, avec ses compagnons, de faire quelques promenades en dehors de Rimouski.

 

La grande visite

D'autres moments inoubliables : les Compagnons de la Chanson « venus nous offrir les airs de la lointaine France ». À l'entracte, Bozo ou Félix, comme vous voudrez, qui commençait une carrière qui allait le propulser à l'avant-scène. On aura aussi droit à la visite du premier ministre du Québec, Maurice Duplessis. Un peu plus tard, à celle du premier ministre du Canada, Louis Saint-Laurent. Ce dernier semble avoir été moins apprécié que Duplessis qui parlait du « respect des maîtres » et des « mérites de l'éducation ». Saint-Laurent, « dans notre esprit, était nettement identifié aux affaires et aux protestants ».

 

Et pour initier ces jeunes gens à la musique, M. Beaulieu (l'abbé Georges) réussissait à attirer au séminaire quelques grands noms. « Ainsi nous avons pu acclamer les plus grands maîtres du clavier, du violon, les plus belles déesses de la harpe et du chant. » Et j'allais oublier l'échappée en autobus au Cap-à-1'Orignal, journée remplie d'émois s'il en fut une. Il paraît que c'est vraiment extraordinaire. Dire que j'ai manqué cela pendant mon séjour là-bas !

 

Et je n'ai jamais été invité à faire partie de la Patente, de son vrai nom, L'Ordre de Jacques Cartier. Une « société secrète qui, selon M. Michaud, le directeur, œuvre  à la défense de nos droits, de notre langue et de notre foi ». Initiation, rencontres secrètes, etc. En I960, avec la Révolution tranquille, la Patente a disparu.

 

Développer le libre arbitre

Voici l'auteur en Philosophie I. Même si le professeur invite les étudiants à développer « leur libre arbitre », il reste qu'il faut toujours « demander des permissions, des laissez-passer à tout propos ». Et « défense de lire les plus beaux livres [...] ».

 « Défense de dire, de penser autrement des autres.» C'est vers la même époque que la télévision fait son entrée dans la salle de lecture. Enfin, l'ouverture sur le monde ! Décriée par les bien-pensants, louangée par les autres. Signe des temps, la célèbre redingote  bleu marine avec le ceinturon vert est reléguée aux orties. Et voici que ces garçons qui sont presque des hommes, qui sentent un peu trop l'enfermement, pour un rien, pour satisfaire leur ego, sautent la clôture.

 

Pour éviter le renvoi, ils devront faire des excuses publiques. Puis, c'est « la prise de rubans », symbole de la vocation à venir. Et de dire l'auteur avant de quitter les lieux : « J'étais heureux, il est vrai, d'en découdre avec la cloche et le règlement [...].» On ne peut qu'être d'accord. Au terme de ce récit, on peut se demander comment une institution comme le cours classique a pu vivre et si bien se défendre pendant si longtemps.

 

Comme on le voit, même après quarante ans, M. Dubé a bonne mémoire. Son récit est fait de façon sobre, mais il réussit quand même à recréer avec justesse, un brin d'humour et certaines critiques bien senties, la vie quotidienne d'un collège ou d'un séminaire de cette époque. C'est un passé qu'il fait bon revivre et qui nous permet de comprendre un peu mieux d'où nous venons. » (Fin du texte cité)

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# 2475              24 septembre 2015

Quiz sur le Séminaire

1. Qui a gagné un prix du Prince de Galles ?

a) Jacques Ringuet     b) Georges-Étienne Talbot    c) Pascal Parent         c) Nive Voisine

 

2. Quel ancien du Séminaire a été premier ministre du Québec ?

a) Jacques Parizeau    b) Gilles Vigneault    c) Adélard Godbout   d) Robert Bourassa

 

3. Comment s’appelait la fête des philosophes ?

a) Saint-Mathieu        b) Sainte-Catherine    c) Saint-Charles         d) Saint-Thomas d’Aquin

 

4. Qui a réalisé le Fils du croisé dans les années 1940 et 1950 ?

a) Antoine Perreault  b) Charles Morin       d) Alphonse Fortin     d) Georges Beaulieu

 

5. Quel ancien du Séminaire a été le premier à être évêque de Rimouski ?

c) Bernard Lebel        b) Louis Lévesque     c) Charles-Eugène Parent      d) Yves-Marie Dionne

 

6. Quelle était la couleur du ruban de ceux qui choisissaient le sacerdoce ?

a) blanc           b) rose            d) brun                        c) rouge

 

7. Qui était maître de salle chez les Petits en 1954-1955 ?

a) Antoine Gagnon     b) Gilles Roy              c) Gilles Vigneault    d) Raoul Thibault

 

8. Combien y avait-il de dortoirs au Séminaire dans l’édifice construit dans les années 1920 ?

a) 2                 b) 3                 c) 4                 d) 5

 

9. Qui a été infirmier pendant de nombreuses années ?

a) André-Albert Gauvin        b) Bernard Lebel        c) Gérard Plourde      d) Louis Martin

 

10. Dans quelle décennie le Séminaire a-t-il fermé ses portes ?

a) 1950           b) 1960           c) 1970           d) 1980

 

 

Réponses

1a. Jacques Ringuet

2c. Adélard Godbout

3b. Sainte-Catherine

4d. Georges Beaulieu

5c. Charles-Eugène Parent

6a. blanc

7b. Gilles Roy           

8c. 4 dortoirs

9c. Gérard Plourde

10b. 1960

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# 2430              27 août 2015

Les veuves

Au Séminaire de Rimouski, on appelait veuves les élèves qui étaient très peu sportifs. N’y a-t-il pas une expression : Défendre la veuve et l’orphelin, qui signifie Défendre les faibles et les opprimés ?

 

Je faisais partie de cette catégorie de veuves car, en plus d’être peu sportif, je n’avais pas tellement d’habiletés dans ce domaine, sauf peut-être au tennis où j’avais un bon service.

 

À la Petite salle, le soir dans une cour peu éclairée, on jouait au drapeau. Je m’y présentais au début. La première opération consistait à composer deux équipes avec les volontaires. J’étais toujours un des derniers choisis : c’était très difficile pour l’estime de soi. Il fallait que j’accepte cette situation parce que je n’étais pas très performant.

 

Avec les années, particulièrement à la Grande Salle, ce terme disparaissait du vocabulaire collégien. Les sportifs continuaient à être sportifs, mais les autres comme moi manifestaient des habiletés autres qui étaient considérées à leur juste valeur.

 

Il y avait une tradition au Séminaire. À la fin de chaque hiver, les finissants (autour de 20 ans) devaient jouer une partie de hockey contre une équipe d’Éléments (autour de 13 ans), soit les plus jeunes. Évidemment, les finissants devaient présenter une équipe comportant les moins habiles. Je fus un des premiers choisis – peut-être un juste retour du balancier – pour faire partie de cette équipe.

 

Un de mes confrères, un expert dans ce sport, m’a approché pour m’offrir tout son attirail. Ce fut avec une sensation hors de l’ordinaire que, avec l’aide de ce confrère, j’ai posé les épaulettes et tous les autres objets de protection. Il me semblait que ce confrère m’a aidé à me transformer en joueur de hockey.

 

Ayant peu patiné dans le passé, mon problème consistait à me déplacer sur la glace. J’ai été assigné à la défense. J’ai fait de mon mieux, mais je n’ai pas pu arrêter les jeunes joueurs qui me contournaient sans trop d’efforts. Nous avons perdu la partie, mais ce fut une expérience spéciale que je suis loin d’avoir oubliée.

 

Les jeunes étaient fiers de nous avoir battus. À cause de notre piètre performance, mes confrères avaient pu rigoler et se moquer gentiment de nous. Ce qui était le plus rigolo, c’est que nous n’avions pas fait exprès pour perdre la partie.

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# 2385              1 août 2015

Déboursés au Séminaire

En 1953-1954, au Séminaire de Rimouski, il en coûtait 385 $, y compris la literie, pour les pensionnaires et 122 $ pour les externes. Pour un élève à l’infirmerie, on devait débourser 1 $ par jour. De plus, les cours de piano exigeaient 30 $.

 

Dans la Revue d’histoire du Bas-Saint-Laurent de janvier 1996, Marcel Leblanc raconte combien il en coûtait une quarantaine d’années plus tôt et comment se faisaient les déboursés. Voici son texte :

 

« Pour inscrire un élève pensionnaire, il en coûtait 100 $ par année de 1905 à 1910 et 120 $, de 1910 à 1914. Un élève externe n’avait que 30 $ à débourser pour les frais scolaires d’une année complète. Comme frais supplémentaires, on demandait 10 $ pour la literie, 10 $ pour les élèves du cours commercial désirant apprendre la clavigraphie, 20 $ pour l’étude du piano et 15 sous par jour pour celui qui avait le malheur de se faire interner à l’infirmerie.

 

Le jour de la rentrée scolaire, au début de septembre, la cour de récréation du Séminaire était envahie par des voitures chargées de jarres de beurre ou fromage, de billots ou tout autre produit de la ferme. C’était de cette manière que de nombreux cultivateurs défrayaient les frais de scolarité de leur enfant, promis à de hautes fonctions. C’était la foire à l’instruction ou le tribut que la culture de la terre rendait à la culture tout court. » (Fin du texte cité)

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# 2345              24 juillet 2015

Léonard Desjardins

J’ai appris avec stupéfaction le décès de Léonard survenu le 21 juillet 2015 à l’âge de presque 75 ans.

 

Léonard est né à Saint-Mathieu-de-Rioux le 25 juillet 1940. Il est le fils de Cyprien Desjardins et de Régina Jean. Quelques années après sa naissance, sa famille est allée s’établir à Saint-Léon-le-Grand. Il a fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski de septembre 1953 à juin 1961. Il s’est fait remarquer par ses aptitudes sportives, notamment au soccer, au hockey, au billard et aux quilles.

 

Il a consacré sa vie active à l’éducation avec comme résidence à Amqui. Voici ce qu’on retrouve sur le site de la Maison funéraire Fournier d’Amqui : « Monsieur Desjardins était un passionné des mathématiques. Il a été enseignant et conseiller pédagogique à la Commission scolaire de la Vallée de la Matapédia de 1963 à 1996. Au cours de sa vie, il a développé plusieurs passions, le golf, les quilles, la pêche au saumon, la marche et la raquette. Mais par-dessus tout il était très fidèle envers sa famille ; il adorait son épouse, ses enfants et ses petits-enfants. Il laisse en souvenir son amour qu'il vouait avec tendresse pour chacun d'eux. »

 

Léonard m’expédiait de temps à autre des courriels sur des sujets mathématiques ou logiques. Il était mon cousin du 3 au 4 du côté de sa mère. Le 14 juillet dernier, suite à un de ces messages, je lui avais détaillé l’état de notre parenté.

 

La célébration commémorative aura lieu en l'église d'Amqui le vendredi 31 juillet 2015 à 10 h 30.

 

Mes sincères condoléances à la famille éprouvée.

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# 2330              21 juillet 2015

La vie de pensionnaire

Au Séminaire de Rimouski, dans les années 1950,  la vie de pensionnaire n’était pas toujours facile, du moins pour certains. La perspective d’entreprendre huit années de pensionnat en effrayait plusieurs. Les règlements, même s’ils étaient appliqués d’une façon souple, pouvaient représenter une entrave à la liberté.

 

Dans ma cohorte, nous étions 158 élèves en septembre 1953 et nous avons terminé 61 en juin 1961, incluant sept élèves qui nous ont rejoints en cours de route. C’est donc dire qu’il y a eu 104 départs. De ce nombre, la grande majorité avait les capacités intellectuelles de mener à terme leurs études classiques.

 

Dans la Vie écolière de janvier-février 1954, Yves Joncas, un élève d’Éléments, originaire de Sept-Îles, décrit sa perception et son état d’âme à son retour du congé des Fêtes :

 

« Ah ! Ce qu’ils ont l’air perdu les gars de la Petite salle à la rentrée des Fêtes. Personne n’a le goût à rire ni même à jouer pour se distraire. On se donne la main, on se souhaite la bonne année, c’est tout.

 

Dans la salle ou dans la cour, on voit des groupes formés uniquement d’élèves venant de la même ville ou du même village. On les voit se rongeant les ongles ou se frottant nerveusement les yeux, discuter de la dernière veillée en famille. Ils sont bien bêtes, me dis-je, de tourner le fer dans la plaie comme ça.

 

À la prière du soir, on entend des reniflements pas toujours discrets qui rappellent les dames de Sainte-Anne à l’enterrement de leur présidente. Ce soir-là, à l’étude, contrairement à nos habitudes, on ne cherche pas à chuchoter à notre voisin : « Passe-moi ta gomme à effacer ou passe-moi ta plume ».

 

Au dortoir, cette nuit-là, il y a des pleurnichements et des grincements de dents qui auraient empêché la douce Morphée elle-même de dormir. Aussi après une pareille nuit, on se lève « les pieds plus légers que la tête », comme le dit la chanson. Au réfectoire, nul mets n’excite leur envie ; tous se meurent d’ennuyance. Après le déjeuner, il faut se remettre au travail. On trouve ça bien difficile de remplacer les belles randonnées en ski et les émouvantes parties de hockey par une méchante version (latine) dont le pronom réfléchi, ma bête noire, est l’objet.

 

Mais au bout d’une semaine ça revient peu à peu. Petit à petit, on oublie les joies des vacances laissées en chemin mais qui nous attendent en juin. En attendant, attendons ! » (Fin du texte cité)

 

Personnellement, je n’ai jamais ressenti cette déchirure au retour des vacances des Fêtes. Mais, on le perçoit dans son texte, l’auteur trouvait la situation extrêmement pénible. C’est peut-être pour cela qu’il n’est pas revenu l’année suivante.

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# 2280              27 juin 2015

Fête du Supérieur

Dans les années 1950, au Séminaire de Rimouski, l’automne était marqué par trois fêtes traditionnelles : celle du Supérieur à la troisième semaine d’octobre, les retrouvailles des anciens le 4 novembre en la fête de Saint-Charles, puis la fête des philosophes le 25 novembre, jour de la Sainte-Catherine.

 

Ci-après un compte-rendu écrit par Gérard Pelletier de Versification concernant la fête du Supérieur en 1953. Ce texte a été publié dans la Vie écolière de novembre-décembre 1953.

 

« En automne, s’il est un événement attendu avec hâte au Séminaire, c’est bien la fête de Monsieur le Supérieur. Cette année, on en parlait trois semaines à l’avance, et c’était tout un spectacle le 21 (octobre) après-midi que de voir les confrères revêtir avec soin leurs plus beaux atours et onduler leur chevelure.

 

À 4 h 30 : les vêpres pontificales. Nous avions l’honneur d’accueillir dans notre chapelle, en même temps que notre vénéré archevêque, Son excellence Mgr Louis Lévesque, qui fit le sermon de circonstance avec toute l’éloquence à la fois solide et touchante qu’on lui connaît.

 

L’âme rassasiée, nous sommes toujours heureux de penser un peu à l’estomac. Ce soir-là, une corne d’abondance se déversait dans notre cabaret : jambon, gâteaux et bonnes fraises.

 

C’est peut-être une des raisons pour lesquelles tout le monde était de si bonne humeur le soir à l’auditorium. Après Chanson triste et Marche triomphante par notre brillant orchestre, un des nôtres, Gabriel Bérubé, présenta les hommages de la communauté à Monsieur le Supérieur.

 

Tout le monde fut heureux d’entendre dire de la bouche même de son Supérieur que nous étions de bons élèves. Naturellement, nous le savions, mais ça fait toujours plaisir. La joie déborda en vigoureux applaudissements à l’annonce du grand congé promis pour le lendemain.

 

Suivirent deux chants fort bien rendus par la chorale : Hommages, dont les paroles sont d’un de nos finissants, Yvonnik Saint-Pierre, puis Le vent. On admira, dans le numéro suivant, les talents d’acteurs de neuf de nos confrères dans Un trésor est caché dedans. Puis, huit garçons du Séminaire, sous l’habile direction de Monsieur l’abbé Georges Beaulieu, nous présentèrent trois chants goûtés de tous : Un canadien errant, O nuit, C’est notre grand-père Noé. Après le numéro classique Les anarchistes de l’orthographe, l’Harmonie Sainte-Cécile clôtura brillamment la soirée par Marche occidentale suivie d’un répertoire de choix.

 

Le lendemain matin, ce fut Monsieur le Supérieur qui dit la messe de communauté. Après un déjeuner hâtif, nous désertions rapidement l’Alma Mater qui demeura vide et silencieuse jusqu’à 8 heures du soir. Puis, fatigué mais heureux, chacun se replongea avec courage dans la routine quotidienne … en attendant les Fêtes. » (Fin du texte cité)

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# 2240              19 juin 2015

La prise de rubans

Chaque année en avril ou en mai, au Séminaire de Rimouski, les finissants dévoilaient leur choix de carrière. Cela se faisait à la Salle académique devant les élèves, les parents des finissants et des invités d’honneur. Cette cérémonie était appelée prise de rubans.

 

En se présentant sur la scène, chaque finissant était épinglé du ruban associé à son choix. Une couleur était attribuée à chaque profession. Par exemple, le ruban blanc revenait à ceux qui avaient choisi le sacerdoce.

 

Pour plusieurs, la marche vers ce choix avait été pénible. Bien sûr, il fallait penser à soi et à ses capacités, mais aussi aux bienfaiteurs grâce à qui on en était rendu là. Il fallait aussi avoir vécu au préalable deux retraites de vocation d’une semaine : l’une en philosophie I et l’autre en philosophie II où les prédicateurs avaient insisté pour montrer que la voie la plus certaine pour réussir sa vie et aller au ciel était la prêtrise.

 

Même si les prêtres du Séminaire ne faisaient aucune pression pour orienter les élèves à la prêtrise, beaucoup de parents espéraient que ce choix soit celui de leur fils. Là où c’était plus compliqué, c’est lorsqu’un élève avait eu un bienfaiteur unique qui avait consenti à payer tous les frais de pension et de scolarité pendant huit ans. En effet, certains bienfaiteurs, surtout les laïcs, avaient espoir que, par leur entremise, ils auraient contribué à donner un fils à l’Église.

 

Les applaudissements, lors de la cérémonie, montraient bien que le sacerdoce, au clergé séculier ou régulier, avait la plus grande ferveur.

 

À titre d’exemples de choix, voici la répartition des professions pour les 32 finissants de juin 1954 :

Architecture : 1

Droit économique : 1

Droit et diplomatie : 1

Génie électrique : 1

Génie mécanique : 1

Génie minier : 1

Hautes études commerciales : 2

Lettres et musique : 1

Médecine : 6

Missions Étrangères : 4

Notariat : 1

Orientation professionnelle : 1

Relations industrielles : 1

Sacerdoce : 9

Service social et psychiatrie : 1

 

On notera qu’aucun élève n’a choisi l’enseignement, les sciences pures ou encore les sciences politiques qui en étaient à leur balbutiement. Sans connaître les statistiques, il est probable que certains de ces finissants ont fait une carrière en enseignement.

 

Dans les années suivantes, le choix de carrière a évolué en regard des ouvertures que fournissaient les universités. En 1954, les universités du Québec et l’université de Sherbrooke n’existaient pas encore. Il fallait s’inscrire à l’université Laval, à l’université de Montréal ou dans les Grands Séminaires.

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# 2185              8 juin 2015

Décès de Robert Lebel

Robert Lebel est né le 8 novembre 1924 au rang 3 Est de Trois-Pistoles. Il fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski. Licencié en théologie de l’université d’Ottawa, il est ordonné prêtre en 1950 à Trois-Pistoles. Par la suite, il obtient en doctorat en théologie à Rome.

 

Il est professeur au Grand Séminaire de Rimouski de 1951 à 1955. De 1952 à 1963, il est rédacteur de la revue diocésaine Le Centre Saint-Germain dans laquelle il écrit des dizaines d’articles.

 

De 1963 à 1965, il est directeur du Grand Séminaire de Rimouski où il m’a enseigné la patrologie. En 1965, il est nommé supérieur du Séminaire. C’est lui qui m’a nommé directeur-adjoint au secondaire du Séminaire en remplacement de l’abbé Rosaire Dionne et dont le directeur était Lionel Dion. Il a la lourde tâche de décider de la survie ou pas de cette institution centenaire. Après avoir effectué de nombreuses consultations auprès du personnel et du clergé, il décide d’abandonner le cours classique et de vendre les bâtisses du Séminaire et de ses écoles au Gouvernement du Québec pour y loger le cégep de Rimouski.

 

Comme président de la corporation du Séminaire, il signe l’acte de vente en août 1968. J’ai l’honneur d’être à ses côtés pour y apposer ma signature à titre de secrétaire. Pour le cégep de Rimouski, Jean-Guy Nadeau et Fernand Dionne sont les signataires.

 

Il redevient directeur du Grand Séminaire en 1969. En même temps, il est président de la Corporation du Séminaire. En 1974, il est nommé évêque auxiliaire du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, puis en 1976, à l’âge de 51 ans, il est nommé  évêque de Valleyfield. En 2000, ayant 75 ans, il démissionne de son poste.

 

Il est décédé le 25 mai 2015 à Valleyfield et est inhumé le 3 juin au cimetière de cette ville dans le lot réservé aux anciens évêques.

 

Mgr Robert Lebel laisse en héritage une œuvre littéraire considérable. Ses dons pour l’écriture et la caricature ont transcendé ses écrits. Il a produit huit livres et écrit de nombreux billets spirituels dans différentes publications et même sur internet.

 

J’aurai eu la chance de le côtoyer pendant près de 10 ans.

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# 2140             30 mai 2015

Les pique-niques

Au Séminaire de Rimouski, les pique-niques de classe ont commencé en 1954. Auparavant, il y avait un pique-nique annuel pour toutes les classes qui durait une journée. Le tout se déroulait généralement dans la cour du Séminaire. Les autorités ont alors décidé qu’au lieu d’un pique-nique général, il y aurait deux demi-journées de congé d’études, l’une consacrée à un pique-nique de classe et l’autre à des activités communautaires comme les Olympiades.

 

Le pique-nique de classe avait lieu ordinairement en mai. Il se déroulait au bocage du Séminaire, sur le bord de la Rivière Rimouski, à la Rivière-Hâtée où était situé le chalet des prêtres du Séminaire, au bois à Pierrot, un boisé situé aujourd’hui derrière la polyvalente Paul-Hubert ou même, plutôt rarement au Cap à l’Orignal. Certaines classes faisaient le pique-nique plus tôt, soit en avril, pour profiter des plaisirs de la cabane à sucre.

 

Le conseil de classe était responsable de l’organisation de cette activité. À même le budget de la classe, il achetait des chips, des liqueurs, des friandises et même … des cigarettes. Imaginez le tollé aujourd’hui si on offrait à l’école des cigarettes à de jeunes écoliers. Certaines classes faisaient appel aux mères des externes pour confectionner des amuse-gueules, comme des sandwiches ou des petits gâteaux.

 

L’après-midi était consacré à participer à certains jeux comme le drapeau, à se lancer des balles, à se reposer au soleil ou encore à écouter les musiciens en herbe de la classe qui n’avaient pas hésité à apporter leur instrument de musique. Des chants, des histoires étaient aussi le menu de cet après-midi qui passait trop rapidement.

 

Les professeurs venaient nous visiter. Ils s’amusaient gaiement à participer aux activités et à nous faire voir leur performance sportive. Ils étaient un élément d’attraction. Comme on leur parlait très peu en dehors des classes, ils en profitaient pour nous faire voir un côté qu’on ne leur connaissait pas en racontant des blagues ou des expériences vécues.

 

La plupart du temps, le menu du souper consistait en des fèves au lard qui étaient fournies par les bonnes Sœurs, responsables de la cafétéria. Après le souper, c’était le retour au bercail.

 

Nous étions heureux d’avoir fraternisés entre confrères de classe. L’objectif de cette activité était atteint parce qu’il avait été conçu pour renforcer les liens qui unissaient les élèves de chaque cohorte.

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# 2105             23 mai 2015

La Saint-Thomas

S’il est un homme qui a eu une grande influence dans l’Église catholique, c’est bien Thomas d’Aquin. Il est né vers 1224 en Italie. Il est devenu religieux de l’ordre dominicain. Son œuvre philosophique et théologique a été considérable. Dans les collèges classiques de l’époque, le thomisme était la base de l’enseignement de la philosophie. Ce docteur angélique est décédé le 7 mars 1274.

 

À mon époque, les livres de philosophie étaient écrits en latin et reproduisaient parfois mot par mot la doctrine de saint Thomas. Ce dernier avait tenté de faire une synthèse de la foi et de la raison, en s’inspirant de la philosophie d’Aristote.

 

Aussi, pour les élèves de Philosophie I qu’on appelait d’ailleurs les philosophes, le 7 mars était appelé jour de la Saint-Thomas. À cette occasion, pour eux, les cours étaient suspendus afin de s’adonner à des activités relaxantes ou sérieuses.

 

Le 7 mars 1954, les philosophes ont fêté leur saint patron en faisant une excursion à Sacré-Cœur. Ils s’y rendirent dès l’avant-midi en autobus, sur le pouce ou à pied. Dans la Vie écolière de mars-avril 1954, Rodrigue Roy, un des philosophes raconte qu’ils en ont profité pour se divertir et « déguster crêpes, tire ou sandwichs ».

 

Le 7 mars 1960, les philosophes profitent de leur congé d’études pour approfondir la doctrine et l’influence de saint Thomas. Des comités d’études avaient été préalablement formés pour préparer la journée. Des finissants comme Jean-Yves Thériault, Paul-Martel Roy et Gérald Laforest ont démontré un esprit philosophique et scientifique en présentant des exposés relatifs au thomisme. Un cahier assez volumineux a d’ailleurs été publié à cette occasion. Je me souviens être allé voir l’abbé Pascal Parent, directeur des élèves et éminent professeur de métaphysique, pour faire autographier cet ouvrage. Il avait écrit : « À un élève moqueur » et avait signé son nom. Je n’ai jamais compris le sens de cette remarque.

 

En juin, les finissants devaient faire une dissertation aux examens de l’université Laval. En 1961, trois sujets étaient proposés dont l’un consistait à prouver l’existence de Dieu en s’inspirant des propos de saint Thomas. J’avais choisi ce sujet et j’ai tenté de discourir sur une des cinq preuves élaborées par ce docteur de l’Église.

 

Au cours de l’année, le professeur s’était souvent interrogé sur l’origine du monde en cherchant à savoir qui avait été en premier, la poule ou l’œuf.

 

Heureusement, aujourd’hui, dans les cégeps, on a élargi l’éventail des grands penseurs et des philosophies qu’ils prônent.

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# 2070             8 mai 2015

La descente du drapeau

En 1961, deux ou trois de mes confrères plus nationalistes ont mijoté un coup qu’on n’était pas habitué à voir dans ces années-là. Sur le toit du bureau de poste de Rimouski, trônait le Red Ensign britannique. Ce drapeau qui n’avait jamais été officiellement adopté par le Parlement du Canada montrait l’Union Jack et les Armoiries du Canada. Il flottait sur les édifices gouvernementaux du Canada depuis 1945.

 

Le coup consistait à aller décrocher le drapeau pour montrer l’émergence du Québec et le souci d’être libéré des symboles canadiens. Un samedi après-midi, les confrères concernés ont monté sur le toit du bureau de poste de la rue de la Cathédrale de Rimouski, ont pris le drapeau et l’ont amené au Séminaire en toute discrétion.

 

Je me souviens d’avoir été informé de ce coup d’état et de m’être précipité au bureau de poste. Malheureusement, tout était terminé.

 

Le risque était grand, car tous se rappelaient qu’en juin 1957 un Finissant avait été congédié pour avoir découché. Il avait dû aller subir ses examens universitaires au collège de Saint-Anne de la Pocatière.

 

Concernant le drapeau, la GRC a fait enquête. Ils l’ont retrouvé et l’ont confisqué ; mais, ils n’ont porté aucune accusation. Il est probable de penser que les dirigeants du Séminaire ont informé la GRC qu’ils règleraient eux-mêmes le problème. Le cas de ces élèves s’est sûrement rendu jusqu’au Supérieur. Peut-on penser que le chanoine Alphonse Fortin, un éminent nationaliste et un disciple du chanoine Lionel Groulx, ait eu son mot à dire ? Il était alors assistant-supérieur.

 

Toujours est-il que les élèves concernés n’ont pas été punis, pas même une réprimande. C’était là une façon tacite de montrer l’accord des autorités avec le but poursuivi.

 

Un tel événement au début des années 1960 dans un collège classique était hors du commun.

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# 2040             2 mai 2015

La bouffe au Séminaire

La Vie écolière de mars-avril 1955 publiait certaines données concernant les dépenses et le personnel de l’année précédente au Séminaire de Rimouski en incluant ses écoles.

 

On comptait cette année-là 435 pensionnaires au Séminaire, 333 à l’école Technique, 162 à l’école de Commerce, 28 à l’école de Marine,  ce qui faisait 958 bouches à nourrir. De plus, il y avait 63 prêtres pour la surveillance et l’enseignement, de même que cinq prêtres retraités. Pour nourrir tout ce monde, faire le lavage et l’entretien, on comptait 28 religieuses, 52 servantes et 12 hommes préposés à l’entretien.

 

Le coût des provisions pour l’année s’est élevé à 141 850 $, soit environ 200 $ par personne. Les salaires ont exigé un peu plus de 50 000 $ : une moyenne de 308 $ par personne. Il faut se souvenir que la plupart d’entre eux étaient logés et nourris. L’entretien a coûté 39 487 $. L’électricité, le chauffage, l’eau et les taxes sont allés chercher 33 676 $.

 

Il s’est ingurgité 400 boîtes de beurre (12 768 $), du lait pour 25 450 $, 109 792 quarts de pain (15 474 $), 8700 brioches pour l’année, 2000 livres de bœuf et 1000 livres de porc par semaine (32 650 $), et 19 minots de pommes de terre par jour.

 

En mars 1959, un auteur anonyme précisait :

 

• Il faut 300 livres de bœuf désossé pour un seul repas, soit l’équivalent d’un bœuf.

 

• Pour un hot chicken, il faut 180 quarts de pain et 200 poulets.

 

• Un repas aux œufs nécessite 155 douzaines d’œufs.

 

• Un déjeuner exige 144 boîtes de Corn Flakes et 120 livres de beurre d’arachide. Pour une année, il faut 43 200 boîtes de Corn Flakes et 36 000 livres de beurre d’arachide.

 

• Il faut 1500 livres de lait, 200 livres de sucre et 320 quarts de pain par jour.

 

Toutes ces statistiques ont de quoi provoqué une indigestion.

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# 2000             24 avril 2015

La télévision au Séminaire

La télévision a vu le jour à Montréal en 1952 par l’entremise de Radio-Canada. C’était alors le seul poste disponible. À Rimouski, ce fut l’homme d’affaires et sénateur à Québec, Jules-A. Brillant, qui a implanté le premier poste en 1954. Le poste CJBR (Canada, Jules Brillant, Rimouski) diffusait sur le canal 3 et était affilié à Radio-Canada. Depuis 1937, cet homme avait la licence de la radio de Radio-Canada à Rimouski.

 

Au Séminaire de Rimouski, le premier téléviseur pour les élèves a été installé dans la salle de lecture des Grands en janvier 1955. C’était un don des professeurs et des prêtres de la maison. Il fut présenté par le Supérieur comme le cadeau de Noël des élèves. À l’époque, un appareil noir et blanc – les seuls disponibles – coûtait autour de 400 dollars. Les prêtres professeurs gagnaient 400 $ annuellement.

 

C’était une petite révolution, car c’était une ouverture vers l’extérieur qui existait peu si ce n’est que par les activités artistiques qui étaient présentées à la Salle académique. Monsieur Lionel Dion, professeur au Séminaire qui est devenu plus tard préfet des études et directeur général du cours secondaire, me racontait qu’avant l’avènement de la télévision à Rimouski, souvent le dimanche, les autorités du Séminaire accueillaient les personnes de la ville pour la présentation de films, de conférences ou même de panels. Quand la télévision est apparue dans le décor, toutes ces activités cessèrent faute de combattants.

 

Certains élèves et certains prêtres s’interrogeaient sur l’influence que pourrait avoir cette nouvelle technologie sur l’ensemble des élèves. Dans un article de la Vie écolière de janvier-février 1955, le finissant Paul-Émile Bouillon s’exprimait ainsi : « Devant cette nouvelle acquisition, nos esprits sont à la fois un peu inquiets et pleins d’espoir.

 

D’abord, nous sommes inquiets parce que réellement nous nous demandons comment nous pourrons bénéficier des avantages de notre télévision. […] Nous remarquons cependant que l’horaire de notre journée ne coïncide pas beaucoup avec celui des programmes télévisés. […]  Nous savons bien que l’avènement d’une télévision au Séminaire … présume, par le fait même,  que nous pourrons en bénéficier en maintes circonstances.

 

En effet, on n’aurait pas acheté un appareil si dispendieux simplement pour le plaisir de dire que les élèves ont une télévision à leur disposition. […] Pourquoi ne pas avoir confiance qu’un de ces bons soirs, la communauté sera invitée à suivre tel ou tel programme à sa télévision. […] Et ainsi, notre télévision serait pour nous, non seulement un divertissement agréable et nouveau, mais même un moyen de culture et de formation. »

 

Si mes souvenirs sont exacts, CJBR-TV ne diffusait qu’à partir de 16 heures ou de 17 heures. Pour les élèves, le seul moment possible de s’asseoir devant le téléviseur était de 18 heures 30 à 19 heures 30. La prière à la chapelle était cédulée pour 19 heures 40. Après, c’était l’étude jusqu’au coucher à 21 heures. L’horaire de la journée n’a pas été modifié d’un iota. Au Pavillon de philosophie et plus tard à la Grande salle, il y avait des permissions spéciales pour certaines émissions comme pour voir la partie de hockey de la Ligue nationale le samedi soir.

 

Bref, l’avènement de la télévision au Séminaire n’a pas amené la secousse que certains appréhendaient.

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# 1965             17 avril 2015

Les activités d’hiver

Au Séminaire de Rimouski, particulièrement à la Grande salle, les activités parascolaires étaient nombreuses en hiver. À titre d’exemple, je vous présente les activités de l’hiver 1955-1956. Les renseignements proviennent d’un article de la Vie écolière écrit par Jacques Tremblay de Versification B.

 

Mardi 6 décembre. Conférence sur la faculté de commerce de l’université Laval donnée par le frère Hormidas.

 

Dimanche 18 décembre. Conférence sur le génie minier donnée par Hormidas Langlais, député des Îles-de-la-Madeleine et adjoint parlementaire du ministre des Mines.

 

Mardi 20 décembre. Conférence sur les sciences sociales donnée par le Frère Tremblay.

 

Samedi 21 janvier. À la Salle académique, réception des anciens du Séminaire qui étudient à l’université Laval.

 

Dimanche 22 janvier. Partie de hockey entre les anciens et les élèves.

 

Jeudi 2 février. Causeries sur la tempérance du secrétaire-fondateur du comité de la Moralité publique de Montréal, J.-Z.-Léon Patenaude, l’une à l’étude de la Grande salle et l’autre chez les philosophes.

 

Samedi 11 février. Concert du pianiste français Bernard Ringeissen, alors âgé de 21 ans.

 

Mardi 14 février. Programme récréatif à la Salle Académique pour souligner le mardi gras et le festival de l’école Technique.

 

Mercredi 15 février. Projection du film Fabiola.

 

Mercredi 22 février. Projection d’un film sur l’Afrique, suivi d’une conférence sur la vie des missionnaires dans ce pays par le Père Vigneault des Pères du Saint-Esprit.

 

Mercredi 29 février. Débat oratoire sur la situation économique du Canada français. Le gagnant est Gérard Pelletier.

 

Même jour. Conférence sur la physique médicale par le Docteur Kerwin.

 

Dimanche 4 mars. Présentation d’un spectacle intitulé La bible vivante par René-Salvator Catta au Centre des loisirs sous le patronage de Mgr Parent, archevêque de Rimouski.

 

Outre ces activités, les nombreuses associations tenaient des réunions. La fanfare et l’orchestre poursuivaient leur pratique. Au hockey, la ligue intercollégiale, la ligue intermédiaire et la ligue mineure présentaient les éliminatoires.

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# 1925             9 avril 2015

Une tradition abandonnée

Depuis fort longtemps, la cohorte d’élèves qui était promue en Méthode au Séminaire de Rimouski était scindée en deux classes. L’une se retrouvait à la Grande Salle et l’autre devait demeurer avec les Petits pour une troisième année.

 

En septembre 1955, la tradition disparut. Tous les élèves de Méthode se sont retrouvés à la Grande salle. Fait important, c’était la première année dans l’histoire presque centenaire du Séminaire qu’il y avait trois groupes en Méthode. Il était impossible de composer deux groupes avec 89 élèves.

 

La salle d’études des Grands ne pouvait pas accueillir tous les élèves de Méthode à Philosophie II. Les autorités décidèrent donc d’assigner les élèves des deux Philosophies dans leur classe respective pour le temps prévu à l’étude. Il y avait alors 34 élèves en Philosophie I et 27 en Philosophie II. La salle d’études des Grands accueillait donc les élèves de Méthode, Versification, Belles-Lettres et Rhétorique.

 

Je faisais partie de ce groupe qui a vu s’implanter cette nouvelle tradition. Dans la Vie écolière de septembre-octobre 1955, Claude Marin de Syntaxe C écrit :

 

« L’année dernière, (parmi) les élèves de Syntaxe, les uns espéraient devenir les doyens de la petite cour ; les autres, voulant s’approcher du chemin, opinaient pour la grande cour. Enfin, les idées étaient diverses. […] Plusieurs d’entre eux se promettaient bien de revenir à la petite salle, afin de montrer aux jeunes leur adresse aux sports. Les derniers désiraient faire parler d’eux parmi les grands. »

 

L’auteur raconte qu’en septembre 1955, les premiers arrivés, inscrits en Méthode, apprirent qu’on les dirigeait vers la Grande salle et que finalement « devant la joie des uns et la consternation des autres », ils constatèrent que la Petite salle était du passé.

 

Claude Marin conclut en disant : « Alors, ce à quoi personne n’avait songé arriva : les gars de Syntaxe était les doyens à la petite cour. Pensez-y donc : un tennis et une balle au mur de plus ; nous jouerons à la balle et au hockey plus souvent. Si un concert ou quelque spectacle est donné au Séminaire, nous en serons les premiers bénéficiaires à la petite cour. En tout cas, si ce changement a fait des mécontents, ce n’est sûrement pas à la petite salle ! »

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# 1875             30 mars 2015

Le directeur spirituel

Au Séminaire de Rimouski, un groupe de quatre ou cinq prêtres étaient désignés chaque année pour assumer la fonction de directeur spirituel. Au moins dans les premières années du cours classique, il était recommandé de visiter son directeur une fois par mois. Un prêtre avait la charge de coordonner les activités de ces personnes.

 

En 1953-1954, c’est l’abbé Raoul Thibault qui était le directeur principal. Il remplissait cette fonction depuis qu’il avait quitté son poste de directorat des élèves en 1948. Il était assisté des abbés Émile Saint-Pierre, Pierre Bélanger, Robert Michaud et Hervé Beaulieu.

 

En 1954-1955, Robert Michaud quitte ce poste car il devient directeur des élèves. Se joignent à l’équipe : Réal Lamontagne, Pascal Parent, Louis-Jacques Morissette, Yves-Marie Dionne et Marcel Morin.

 

En 1955-1956 et en 1956-1957, l’abbé Thibault est assisté des abbés Émile Saint-Pierre, Pierre Bélanger, Hervé Beaulieu, Lionel Pineau et Pascal Parent.

 

En 1957-1958, l’abbé Thibault conserve son poste chez les Grands. Lionel Pineau devient le directeur principal chez les Petits. Mgr Georges Dionne se joint à l’équipe. Les autres assistants sont Émile Saint-Pierre, Hervé Beaulieu, Simon Amiot et Marcel Morin.

 

En 1958-1959, l’abbé Martin Proulx s’ajoute à l’équipe. L’année suivante, on retrouve la même équipe.

 

En 1960-1961, l’abbé Robert Michaud devient le directeur principat. Il est assisté des abbés Raoul Thibault, Lionel Pineau et Marcel Morin.

 

Dans la Vie écolière de février-mars 1956, Albert Roy de Philo I fait un réquisitoire sur la nécessité de consulter son directeur spirituel. Il écrit notamment :

 

« On dit souvent que le directeur spirituel est un grand ami, qu’il passe de beaux livres, qu’il peut nous dire notre tempérament. C’est plus ou moins vrai. Ta direction spirituelle n’a d’autre but que te guider dans ta marche vers la sainteté. »

 

Plus loin, il écrit : « Le directeur est un ami qui veut te connaître pour te diriger dans le droit chemin de la vérité. [...] Tu dois être obéissant envers ton directeur. Tu as décidé de te faire aider. Pour être logique, tu dois suivre ses conseils. Tu ne dois pas craindre d’aller te confesser à lui. »

 

Après avoir conseillé de rencontrer régulièrement son directeur spirituel, Albert Roy conclut en disant : « La direction spirituelle est aussi importante pour réussir ta vie et ta sanctification que les cartes géographiques pour le voyageur. »

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# 1840             23 mars 2015

Vie au Pavillon de Philosophie

Le 4 septembre 1959, un pavillon ouvrait ses portes au Séminaire de Rimouski pour recevoir les 65 élèves de Philosophie I et les 43 élèves de Philosophie II. Les élèves du 98e cours, dont j’étais, étaient les premiers à entrer dans cette bâtisse toute neuve pour y étudier pendant deux ans.

 

Le premier geste pour chacun fut de visiter la chambre qui lui était assignée : un lit, un bureau, une chaise berçante, une toilette et un lavabo. Des douches sur chaque étage. Quel luxe ! La visite continuait et permettait de  découvrir la salle de repos, appelée salon, contenant des chaises, des petites tables et un téléviseur. Puis c’était le gymnase, les vestiaires au sous-sol et les trois classes. Le laboratoire de chimie n’était pas encore prêt. Quant à la chapelle, la plupart préférait la voir lors de la messe du lendemain.

 

Puis, vint l’inauguration officielle le 3 octobre où on pouvait accueillir le premier ministre Paul Sauvé et de nombreux dignitaires. Le lendemain, les parents des élèves étaient invités à visiter les nouveaux locaux.

 

Dès le début de l’année, il fut assez facile de s’adapter à cette nouvelle vie. Au lieu de se lever à 5 heures 45, la cloche sonnait à 6 heures 30. En milieu d’année, pour favoriser l’exercice physique, un  tintement plus court, se faisait entendre à 6 heures 15 pour inviter les élèves au gymnase. Si on ne s’y rendait pas, il restait 15 minutes à dormir.

 

À 6 heures 45, c’était la messe qui était dite par le directeur du Pavillon, l’abbé Pascal Parent. La messe terminée, soit vers 7 heures et demie, les élèves se rendaient à la cafétéria du Séminaire. Il n’était pas requis de prendre les rangs de doyens pour y aller. On avait un intervalle de 20 à 30 minutes pour aller se sustenter.

 

Là, on devait observer le silence, comme les autres élèves de la Petite salle et de la Grande Salle. De façon générale, les surveillants étaient tolérants et n’intervenaient pas à moins d’abus ou de propos trop forts. Après tout, nous étions des philosophes !

 

Après une courte récréation pour aérer ses poumons, deux heures de classe suivaient et une troisième heure les mercredis et les samedis. Puis, c’était le dîner à la cafétéria.

 

La récréation du midi se passait à faire du sport ou à participer à des activités socioculturelles. En principe, il n’était pas permis d’aller en ville. Deux heures de cours suivaient en après-midi, puis une longue étude avant le souper. Il arrivait que certaines émissions de télévision, comme Roquet belles oreilles qui commençait à 18 heures, obligeaient (!) certains élèves à enfiler leur repas.

 

À 19 heures 45, les élèves se retrouvaient à la chapelle pour la récitation du chapelet ou pour toute autre cérémonie. À 22 heures, c’était le couvre-feu.

 

Les mercredis, samedis et dimanches après-midi, il était permis d’aller en ville sans demander de permission. Toutefois, il fallait absolument rentrer à 17 heures pour l’étude ou pour les vêpres le dimanche.

 

Dans le salon, on pouvait lire le journal, regarder la télévision, jouer aux cartes … ou simplement jaser. Si un élève voulait s’acheter des friandises et s’il ne l’avait pas fait en ville, il pouvait se rendre au magasin coopératif de la Grande Salle aux heures d’ouverture. Le courrier était distribué chaque jour par le portier en avant-midi.

 

De façon générale, le règlement était bien respecté. S’il y avait des écarts de conduite, la liste noire pointait les coupables qui pouvaient perdre certains privilèges. Le châtiment le plus important était de devoir quitter sa chambre pour une semaine et d’être obligé de séjourner à l’étude et au dortoir de la Grande Salle.

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# 1805        16 mars 2015

La Sainte-Catherine

À l’article 1250, j’ai publié un texte d’un élève d’Éléments latins dans lequel ce dernier décrivait ce qu’il avait retenu de la fête de la Sainte-Catherine du 25 novembre 1953. Comme c’était la fête des élèves de Philosophie I, il y avait participé de l’extérieur.

 

Aujourd’hui, je vous invite à la Sainte-Catherine du 25 novembre 1959. Ce sont deux confrères, Léopold Fournier et Jean-Marc Sinclair qui nous décrivent les événements de ce jour auxquels ils participaient. Le texte a paru dans la Vie écolière de décembre 1959. En voici des extraits :

 

" Jeudi, 6 heures ! Les lumières des chambres s’allument, les verres de jus circulent, les boucles s’ajustent et voilà les philosophes lancés dans cette formidable et inoubliable journée !

 

À la pressante invitation des élèves du petit Séminaire (élèves de la Petite et de la Grande Salle), nous nous sommes fait un plaisir de nous rendre à la grande chapelle pour exécuter un programme de chants dodécaphoniques.

 

Vers 8 heures, ce fut l’entrée triomphale à la cafétéria aux acclamations hystériques d’une jeune foule en délire, accompagnées de la traditionnelle danse des cuillers sur les cabarets.

 

La fête elle-même, nous devrons dire les effervescences, débutèrent pour de bon quand des artistes de la classe exécutèrent un programme de danse, pour garçons et … chaises. […] Les échauffements furent refroidis dans la piscine. […]

 

Et les invités commencèrent à affluer. Ce fut une débandade de frères qui arrivèrent de tous les coins du pavillon et à qui l’on offrait de volumineux cigares, question de les avoir assis et bien tranquilles. […] Après le banquet (à la dinde), les activités se poursuivirent au salon. Nous fûmes très heureux d’y accueillir la plupart de nos professeurs anciens et actuels, ainsi que les dévoués maîtres de salle. […]

 

La soirée nous apporta la visite des ecclésiastiques (étudiants du Grand Séminaire) qui ne se sont pas fait prier pour participer à la partie récréative de cette journée. Comme nous l’avions prévu, la partie artistique, exécutée par le Trio Baroque, semble avoir répondu aux aspirations de tous. […]

 

Cette inoubliable journée se prolongea dans l’intimité du salon où l’on s’aperçut que, malgré notre bonne volonté de bien nourrir nos invités des dernières heures, il ne restait pas beaucoup de papillotes (kisses) à leur offrir, mais une franche sociabilité. " (Fin du texte cité)

 

C’était la première année que cette fête avait lieu au Pavillon de Philosophie.

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# 1760             7 mars 2015

La cloche au Séminaire

S’il était un être résonnant qui était omniprésent au Séminaire, c’était bien la cloche. Elle entrait en scène dès le lever et se taisait au coucher. Entre temps, par sa sonnerie, elle dictait le début et la fin des récréations ; elle commandait le début et la fin des classes ; elle dirigeait les élèves à la chapelle et ne disait mot même si la cérémonie se prolongeait.

 

Son sosie, une clochette à main, était espéré, chez les Petits, quand la température était froide, qu’il pleuvait ou qu’il neigeait abondamment. À ce moment, un maître de salle sortait dehors avec sa clochette et après deux ou trois tintements, il criait Salle volontaire.

 

Quand j’étais au Séminaire, je n’ai jamais su qui était la personne qui posait son doigt sur la sonnerie. Je n’ai jamais pensé que la cloche s’ennuyait pendant nos vacances. C’est en lisant un texte de Guy Bélanger dans la Vie écolière de septembre-octobre 1955 que j’ai compris mon manque d’empathie envers la cloche. Voici l’extrait :

 

« Mercredi, 7 septembre. La rentrée ! Jour d’épreuve pour les élèves, mais jour de joie pour la cloche. « Ah ! se dit-elle, que c’est beau de voir arriver tous ces élèves ! Après un dernier baiser à maman, un cordial merci à papa, ils passent tout près de moi sans même me regarder, excepté les nouveaux qui me tournent de gros yeux inquisiteurs ! Oh ! les petits s’ils savaient comme je suis heureuse de voir la fin de deux longs mois de silence ! »

 

Après des recherches, j’ai trouvé le coupable qui activait méthodiquement la cloche : c’était le doyen des élèves de Philosophie II. En 1954-1955, il s’appelait Paul-Émile Bouillon. À une question posée par Jean-Paul Gagnon qui voulait savoir ce que cela impliquait d’être le doyen, celui-ci a répondu : « C’est bien simple, mon vieux. Ici, le doyen, c’est un simple carillonneur. Règle générale, c’est un Finissant, le plus vieux et le plus ancien. D’ordinaire, c’est le plus sage » (Vie écolière, mars-avril 1955)

 

À la suite d’une autre question posée par le journaliste en herbe, Paul-Émile Bouillon a révélé qu’antérieurement le doyen avait une clef commune en sa possession et qu’il pouvait demander certains congés. Il concluait en disant : « La seule influence qui me reste, c’est de commander élèves et professeurs avec ma cloche. »

 

En 1956-1957, c’est Jean-Guy Théberge qui était responsable de sonner la cloche.

 

En terminant, voici une courte parodie de la fable Les Animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine :

 

Un mal qui répand sa clameur,
mal que le ciel en sa fureur
inventa pour contrôler les élèves du Séminaire,
la cloche (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
capable de réveiller en un coup les plus cons,
faisait aux paresseux la guerre.
Ils ne flânaient pas tous, mais tous étaient sonnés.
On n'en voyait point d'occupés
à découvrir le gentil messie

qui maniait cette sonnerie.
Nulle âme qui vive ne cherchait
à calmer ce rabat-joie.

Les élèves obéissaient,
moins de soucis, mais pas de choix.

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# 1720             27 février 2015

Un chant éphémère

Dans son numéro de septembre-octobre 1953, la Vie écolière lançait un concours pour doter le Séminaire d’un chant qui lui soit propre. Un prix de 15 $, don de l’abbé Ernest Simard, était promis à l’élève qui écrirait le meilleur texte. C’est Laurent Dubé, de Belles-Lettres, qui remporta le concours.

 

L’abbé Robert Michaud alors directeur des élèves et reconnu pour sa jovialité a écrit : « Le Chant du Séminaire est très beau. C’est un magnifique chant de joie. Il est l’impression de l’idéal de tout un monde d’étudiants. On l’entendra souvent. Il sera toujours un signe de ralliement. Il nous aidera à voir grand ».

 

Dans son roman Sous les marronniers publié par Septentrion en 1997, Laurent Dubé écrit : « Le Séminaire, gardant l’œil bien ouvert sur les mutations sociales, avait passablement rajeuni notre look l’année précédente en laissant tomber notre solennelle redingote et notre ceinturon vert, ces oripeaux démodés, témoins d’un autre âge. En prenant ses distances avec notre accoutrement folklorique, mon Alma Mater vouait à l’oubli, du même souffle, l’hymne du séminaire … que j’avais griffonné en classe de Belles-Lettres, entre une page de Chateaubriand et un poème de Lamartine, une commande de monsieur Armand Lamontagne, qui n’avait vraiment plus rien à voir avec le pantalon gris et le blazer marine qui nous flanquaient des allures modernes de jeunes universitaires anglais. »

 

La version finale de cet hymne, comme l’appelle son auteur, fut publiée dans la Vie écolière de septembre-octobre 1954. Voici les paroles :

 

I

Vous les voyez passer, lala lala

Rimouskois enjoués, lala lala

Prêts à rire, à chanter, lala lala

En redingote bleue

Avec ceinturon vert

Du bonheur plein les yeux, lala lala

Ils sont du Séminaire.

 

II

Ce sont jeunes garçons, lala lala

Ennemis des façons lala lala

Tous aimables et bons lala lala

À l’étude, à la cour,

Avec le même entrain

Ils s’appuient tout à tour lala lala

Et vont main dans la main.

 

III

Quand viennent les vacances, lala lala

Holà ! thèmes et stances, lala lala

Et Plutarque et Térence, lala lala

Ils revoient leur papa.

Ils revoient leur maman

Et quelqu’un après ça … lala lala

Qu’ils saluent gentiment.

 

IV

À l’heure des repas lala lala

On enfile son plat lala lala

Qu’il soit maigre ou bien gras lala lala

Les pâtés de nos Sœurs

Les hachis et les fèves

Font monter les ardeurs lala lala

Et nourrissent les rêves.

 

V

Ils aiment leur métier, lala lala

Prennent le temps aisé lala lala

Sans jamais rechigner lala lala

Et si quelques chagrins

Assombrissent leur vie

D’un léger coup de main lala lala

Les voilà repartis !

 

VI

Y’a des petits, des grands lala lala

Des foncés et des blancs lala lala

Des calés, des savants lala lala

Mais lorsqu’ils quitteront

Leur jeune Alma Mater

Tous ils se souviendront lala lala

De leur jeunesse fière.

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# 1685             20 février 2015

Faits remarquables : 1960-1961

7 septembre – Rentrée des élèves.

 

Le Pavillon de Philosophie accueille des élèves pour la deuxième année. On compte 54 élèves en Philosophie 1e année et 61 en 2e année.

 

Une enquête de la Vie écolière révèle que 72,4 % des élèves des trois dernières classes ont travaillé pour un salaire pendant les vacances. Celui-ci s’élève à 289,96 $ en moyenne par élève.

 

Le doyen des professeurs laïques, Gérard Bernier, fête ses 25 années d’enseignement.

 

15 octobre – Le Théâtre universitaire canadien présente la pièce Le journal d’Anne Frank.

 

20 octobre – À la surprise générale, l’abbé Raoul Thibault est nommé chanoine. Il reçoit les hommages de la part des élèves, du clergé et de ses confrères de classe.

 

Le football prend de l’envergure à la Petite Salle.

 

Le sujet de l’année à l’AJC (Association de la Jeunesse canadienne) est la culture canadienne-française.

27 octobre – Félix Leclerc et Gilles Vigneault donnent un récital.

5 novembre – Les Jeunesses musicales présentent un concert.

 

7 novembre – La Société des concerts présente le ténor Richard Verreau.

 

15 novembre – L’Orchestre symphonique présente un concert.

 

 La Vie Écolière souligne les 50 ans d’existence du journal en publiant un album-souvenir. L’Archevêque de Rimouski, Mgr Charles-Eugène Parent, y publie un long texte où il souligne le fait qu’il faudrait peut-être modifier les structures en éducation. Mais, il mentionne qu’il n’appartient pas à la jeunesse étudiante de s’aventurer sur ce terrain. On rappelle que Mgr Georges Dionne fut le fondateur de ce journal.

 

13 décembre – Une commotion s’empare des élèves et des prêtres du Séminaire. L’abbé Simon Amiot âgé de 44 ans décède des suites d’une crise cardiaque.

 

28 janvier – Les Jeunesses musicales présentent un concert.

 

29 janvier – La retraite des Vocations débute pour les élèves de Philosophie 1e année. Elle est prêchée par le Père Hudon, un jésuite.

 

La Vie écolière souligne les 22 ans de dévouement de Sœur Pauline qui est en charge du réfectoire des prêtres, de même que du Père Picard qui s’occupe de l’entretien lui aussi depuis 22 ans.

 

19 avril – Les élèves de Philosophie 2e année prennent l’autobus pour aller à la cabane à sucre à Saint-Fabien.

 

23 avril – Lors de la prise de rubans des élèves de Philosophie 2e année, le Supérieur du Séminaire, Mgr Antoine Gagnon, remet à Jean-Yves Thériault, un finissant de l’année précédente, le prix du Prince-de-Galles.

29 avril – Présentation d’Horace de Pierre Corneille par le TUC à la Salle académique.

 

L’année scolaire se termine par un succès aux examens universitaires de fin d’année. Paul-Émile Vignola, un Finissant, remporte le prix du Prince-de-Galles. C’est la deuxième année consécutive que le Séminaire reçoit cet honneur.

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# 1635             10 février 2015

La Vie écolière

La Vie écolière était le journal des élèves du Séminaire de Rimouski. Le premier numéro est publié le 27 octobre 1911. Le tout est présenté sous une forme manuscrite et est sous la responsabilité du Cercle Saint-Joseph qui était affilié à l’A. C. J. C. (Association catholique de la jeunesse canadienne-française). Mgr Georges Dionne est le premier modérateur et il est considéré comme le fondateur du journal.

 

Lors de la fondation, la devise du journal est Parlons français. Il est publié chaque jeudi. Les élèves doivent s’abonner pour une somme de 10 sous par année ; tandis que les Anciens déboursent 50 sous. La revue relate les événements quotidiens, des opinions de lecteurs, des invitations au bon parler français, des chroniques variées et même des renseignements nécrologiques. Les numéros originaux des quatre premières années furent réunis en deux volumes dans une reliure de cuir rouge et noir.

 

À partir de 1915, la forme manuscrite disparaît. En 1930, le bulletin de l’Amicale naît et est intégré à la revue. La première photographie apparaît le 27 février 1933. En 1936, un numéro spécial est publié pour souligner le 25e anniversaire de fondation. Le numéro contient au-delà de 100 pages. En 1948, le journal se mérite La Griffe d’Or de la Corporation des Escholiers Griffonneurs.

 

J’ai connu la Vie écolière de 1953 à 1961. La revue était publiée généralement quatre fois par année et était distribuée avant l’étude du soir puisque c’était une période où la lecture était permise. Tout au long de ces années, la revue a été l’objet de nombreuses critiques de la part des lecteurs. Le point fort et en même temps le point faible étaient dus au fait que les responsables étaient des élèves de Philosophie I et II qui avaient une culture incontestée et en même temps qui étaient âgés de 19 à 23 ans. L’âge du plus jeune lecteur, bon an mal an, était de 11 ans. Le dilemme a toujours été de concilier les intérêts et les expériences des pré-adolescents et des jeunes adultes.

 

Au début de chaque année, le nouveau directeur du journal, conscient des difficultés de pénétration, faisait appel aux élèves pour qu’ils apportent leur contribution, mais seule une minorité relevait le défi. En décembre 1960, Jacques Ross, le directeur, lançait un cri d’alarme. « La Vie écolière mourra si la collaboration des élèves ne se fait pas meilleure. (…) La plupart des articles (du présent numéro) sont signés par des élèves du Pavillon, sauf heureusement quelques exceptions. » On le voit, avec l’implantation d’un nouveau pavillon, le problème devenait plus crucial. Pendant les années précédentes, ces élèves étaient à la Grande salle. Ils pouvaient au moins témoigner des activités de cette salle.

 

En mars 1959, la Vie écolière publiait un numéro spécial sur les systèmes d’éducation autour du monde. On y trouvait 12 pages sur 24 traitant de ce sujet. Les articles provenaient d’étudiants de France, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Allemagne de l’Ouest, de la Belgique, de l’Irlande, de la Guinée, de l’Éthiopie, du Vietnam, d’Haïti et du Chili. C’était un effort louable pour ouvrir l’esprit des élèves et leur faire voir comment d’autres jeunes vivaient leur scolarisation. Il y eut sûrement peu d’élèves qui ont lu ces pages.

 

Il y avait aussi, certaines années, un certain équilibre à apporter entre les articles qui touchaient aux élèves et ceux qui donnaient des nouvelles des anciens. En effet, l’Amicale des Anciens défrayait une bonne partie, sinon totalement, les coûts de production.

 

Malgré ces difficultés, d’une année à l’autre, la Vie écolière survivait et était une tribune de choix pour les griffonneurs qui prenaient le risque … d’être critiqués ou louangés. En 1963, la forme traditionnelle fut remplacée par le format tabloïd de quatre pages. Le dernier numéro du journal étudiant a été publié le 13 mars 1967 après 57 ans d’existence. Il a été remplacé par Le Scribe, qui était désormais le journal des élèves du cégep de Rimouski.

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# 1595             2 février 2015

Le Cercle missionnaire

Quand j’étudiais au Séminaire de Rimouski de 1953 à 1961, on nous recommandait de faire partie d’au moins une association étudiante. J’avais choisi le Cercle missionnaire. J’en fus secrétaire pendant quelques années. En 1958-1959, cet organisme cessa ses activités. Sous l’impulsion de l’abbé Robert Michaud, alors professeur d’Écriture sainte au Grand Séminaire, en septembre 1959, les activités reprirent sous un nouveau nom : le SMJ (Service missionnaire des jeunes). Je devins alors vice-président et président, l’année suivante. Un grand local était à notre disposition du côté de la Petite salle.

 

Le SMJ s’occupait de quatre volets : la récupération de remèdes pour envoyer aux missions, la production de chapelets, la cueillette de timbres et l’information aux autres élèves sur les activités missionnaires. En 1960-1961, on comptait 120 membres.

 

Voici un extrait d’un article paru dans la Vie écolière de février 1960 sous la signature de Pierre-Paul Parent, qui était alors le président :

 

« Après deux mois d’action, nous avons eu le plaisir de recevoir le Révérend Père Gendron, s. j., directeur provincial des SMJ. Le Père Gendron, après nous avoir parlé d’un club américain (The Rosary Making Club), nous montra que la fabrication de chapelets par des élèves comme nous est assez facile. Notre aumônier et nous-mêmes, enthousiasmés par cette proposition, avons décidé de la mettre à exécution. Rendus au mois de janvier, nous avons déjà quelque 50 chapelets de fabriqués, lesquels chapelets peuvent rivaliser facilement avec la plupart de ceux que chacun possède. Cette initiative sans précédent est vraiment une réussite.

 

Les 30 premiers chapelets ont été envoyés en pays de mission. Un Père de la Société des Pères Blancs, le Révérend Père Édouard Gagnon est le premier à recevoir des chapelets missionnaires. Ces chapelets, bénis par notre Archevêque Mgr Parent, sont fabriqués exclusivement pour les missions.

 

Ceci n’est qu’une des nombreuses activités du SMJ du Séminaire. Nous nous occupons de plus à recueillir les timbres usagés. Nous avons une collection de timbres étrangers à entretenir. » (Fin du texte cité

 

Les jeunes de la Petite salle, en particulier, se vouaient corps et âme dans la fabrication de chapelets. Cette activité manuelle les distrayait de leurs manuels scolaires.

 

Je me souviens d’être allé cogner à la porte de la maison de Jules-A. Brillant, en compagnie de Pierre-Paul Parent, pour recueillir de l’argent en vue d’achat de matériel : grains de chapelets, croix, broche et pinces. Madame Brillant nous avait reçus aimablement et nous avait donné 5 dollars : une fortune pour nous.

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# 1560             26 janvier 2015

Le Séminaire et ses écoles

Le Séminaire de Rimouski a fêté dernièrement son 150e anniversaire de fondation. Les fêtes ont débuté en octobre 2013 pour se terminer en juin 2014. Plusieurs événements ont eu lieu marquant non seulement la vie du Séminaire mais aussi de toutes ses écoles.

 

C’est un véritable cégep que le Séminaire a mis en place au fil des ans. En effet, le Séminaire a assumé la responsabilité d’une école de Commerce, d’une école Technique, d’une école de Marine, d’une école moyenne d’Agriculture et d’une école normale pour former des enseignants, sans compter la mise en place d’un Centre d’études universitaires au début des années 1960. Cette grappe d’écoles spécialisées qui gravitaient autour du Séminaire a permis l’éclosion du Cégep de Rimouski, de l’Institut maritime du Québec et de l’université du Québec à Rimouski (UQAR).

 

Dans le cadre des fêtes du 150e anniversaire et pour souligner cette évolution, un livre a été publié en 2013 avec la collaboration de la Corporation du Séminaire. Son titre est : Le Séminaire de Rimouski : ses écoles, ses œuvres. C’est un comité formé d’historiens qui a rédigé cet ouvrage de 189 pages sous la coordination de Sylvain Gosselin. L’histoire du Séminaire et de ses écoles a été partagée en quatre périodes : Kurt Vignola (1855-1881), Nive Voisine (1882-1925), Noël Bélanger (1926-1950) et Pascal Gagnon (1951-1967). Un dernier chapitre clôt l’ouvrage. Il s’agit d’un compte-rendu des activités et des politiques de gestion du patrimoine du Séminaire pour la période 1968-2012.

 

Des exemplaires de l’ouvrage sont encore disponibles. On peut en trouver à la Librairie l'Alphabet de Rimouski, à la Coopsco du Cégep et au bureau de la Corporation du Séminaire. Sur demande, la Corporation du Séminaire peut faire parvenir des exemplaires au coût de 20 $ (frais de port en sus) à quiconque en fait la demande par téléphone au 1 418 723-0448. On peut aussi le faire  par courriel à l'adresse corporationseminaire@globetrotter.net.

 

En terminant, il est bon de se rappeler un texte de l’abbé Alphonse Fortin en introduction à un bref historique du Séminaire dans l’Album des Anciens, publié en 1940. « L’histoire du Séminaire de Rimouski, quand elle sera achevée, démontrera à l’évidence que cette institution n’a pas été l’œuvre d’un homme ou d’un groupe d’hommes, mais bien le fruit de la collaboration du clergé et du peuple rimouskois. » C’est le bout de phrase quand elle sera achevée qui a attiré mon attention. Comment le futur chanoine Fortin voyait-il la fin du Séminaire ?

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# 1520             18 janvier 2015

Décès de l’Archevêque de Rimouski

Mgr Pierre-André Fournier, archevêque de Rimouski depuis 2008 est décédé le 10 janvier 2015 à l’âge de 71 ans après 47 ans de vie sacerdotale. Outre sa famille immédiate, il laisse dans le deuil les membres du clergé dont deux confrères du Séminaire de Rimouski : Benoît Hins et Paul-Émile Vignola.

 

Comme d’autres confrères en 2011, un samedi de juin, nous avons eu le privilège de faire une visite guidée dans les locaux de l’Archevêché. Cette visite avait été organisée par Benoît Hins. À cette occasion, Mgr Fournier nous avait aimablement reçus dans son bureau.

 

Les funérailles de Mgr Fournier auront lieu aujourd’hui, le dimanche 18 janvier 2015 à 14 h 30 en l’église de Saint-Robert. On sait que la Cathédrale a fermé temporairement ses portes depuis novembre 2014 pour des raisons de sécurité.

 

Le service funèbre sera présidé par le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat de l'Église au Canada. Il sera diffusé en direct sur Internet grâce à la collaboration de la webtélé de l'archidiocèse de Québec, www.ecdq.tv à compter de 14 h 10.

 

Le vicaire général, Benoît Hins, s'est dit atterré du départ de l’Archevêque : « Le départ de Mgr Pierre-André Fournier, je dirais que c'est la mort du Père. [...] Pour nous, diocésains et diocésaines, c'est notre père dans la foi, donc le diocèse de Rimouski vient de perdre son évêque mais son père aussi », a-t-il confié, la voix nouée.

 

Suite à ce décès, le Collège des consulteurs de l'Archidiocèse de Rimouski s'est réuni le 14 janvier 2015 afin de procéder à l'élection d'un administrateur diocésain. C'est l'abbé Benoît Hins, alors vicaire général, qui a été élu. Il est immédiatement entré en fonction. Il sera en poste jusqu'à l'arrivée du prochain évêque diocésain qui sera nommé par le Saint-Siège.

 

Nos condoléances à Paul-Émile Vignola et à Benoît Hins. Nos pensées accompagnent dans ses nouvelles fonctions l’administrateur élu de l’archidiocèse de Rimouski.

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# 1485             11 janvier 2015

Faits remarquables : 1959-1960

4 septembre – Rentrée des élèves.

 

L’abbé Pascal Parent est le premier directeur du Pavillon de Philosophie.

 

L’abbé Pierre Sirois est le nouveau directeur du Petit Séminaire. Il succède à l’abbé Pascal Parent qui a occupé ce poste pendant deux ans.

 

Guy Bélanger demeure le président du comité des Présidents de classe. Il est assisté de Damien Chouinard, vice-président, et de Claude Perron, secrétaire.

 

3 octobre – Un événement majeur se déroule au Séminaire. C’est l’inauguration du Pavillon de Philosophie. L’Harmonie Sainte-Cécile interprète le God Save the Queen, suivi de l’O Canada. Mgr Charles-Eugène Parent bénit les nouveaux locaux. J’ai eu l’honneur d’être servant et d’accompagner en solo l’Archevêque jusqu’à la chapelle pour la bénédiction de l’autel. Les invités de marque sont le premier ministre Paul Sauvé, nouvellement élu, et le lieutenant-gouverneur Onésime Gagnon. Le premier ministre promet d’accorder un octroi additionnel de 200 000 $ pour aider à défrayer le coût du Pavillon.

 

4 octobre – Les élèves de Philosophie reçoivent leurs parents pour faire visiter leur Pavillon.

 

La liste noire fait son apparition au Pavillon. On y trouve les noms de Jean-Yves Dumont, Martin Gamache, Jean-Paul Cyr, Ghislain Jean et Charles-Henri Desrosiers. Qu’ont-ils donc fait ?

Pour la première année, la retraite des Vocations en Philosophie II se transforme en Exercices spirituels de Saint-Ignace, une semaine en silence.

15 novembre – Mgr Charles-Eugène Parent célèbre la messe en la chapelle du Pavillon et adresse la parole aux élèves qui terminent une retraite de huit jours.

 

Le directeur de la Vie écolière, Jérôme Gendron, écrit un article dans lequel il explique les raisons qui ont amené les autorités du Séminaire à décider de construire un Pavillon de Philosophie. Il écrit notamment : « C’est un placement qui peut assurer de bonnes annuités au Séminaire sous forme de résultats brillants aux examens, il est permis de l’espérer. » Ses confrères de classe ne se surprendront pas des mots placement et annuités qu’il a utilisés. Pourtant, il avait vu juste, car dans chacune de ses deux premières années, un élève du Séminaire a remporté le prix du Prince de Galles.

 

Les élèves de la Petite salle et de la Grande salle ont accès au gymnase du Pavillon de Philosophie autant pour la gymnastique que pour le badminton et le ballon-panier.

 

Au soccer, les deux équipes de Philosophie I se rendent en finale. Il est décidé de ne pas présenter la finale à cause de la rivalité qui existe entre les deux équipes … pourtant d’une même classe.

 

Pour la sixième fois consécutive, l’équipe de Philosophie I remporte les honneurs aux quilles lors du tournoi d’automne.

 

La Vie écolière rend hommage à Gilles Vigneault qui a collaboré à cette revue alors qu’il était élève au Séminaire. On y présente un extrait de la revue publié en avril 1949 qui décrit le poète.

 

21 décembre – Lors de la soirée traditionnelle au pied de l’arbre de Noël, le Supérieur lance l’idée qu’il faudrait intégrer une Maman Noël comme accompagnatrice du Père Noël.

 

17 janvier 1960 – Les élèves de Philosophie I entrent en retraite des Vocations pour une semaine en silence. Les externes doivent pensionner au Séminaire. Tous suivent les Exercices spirituels de Saint-Ignace avec un Père Jésuite, le Père Hudon, qui parle abondamment de la mort et de l’enfer. À la suite de cette retraite, au moins la moitié des élèves avaient décidé de se diriger vers le sacerdoce, la seule voie pour se sauver.

 

27 janvier – L’Association de la jeunesse canadienne (A. J. C.) s’interroge sur ce qu’est le séparatisme.

 

27 février – Ouverture des portes du laboratoire de chimie au Pavillon.

 

Les rhétoriciens présentent des caricatures pour chaque élève de leur classe dans la Vie écolière : quatre pages bien remplies.

 

On commence à parler de la fondation d’une université à Rimouski vu le nombre grandissant de futurs candidats aux études universitaires.

 

6 mars – Les élèves ont leur carnaval pour la première année.

 

Le Gouvernement du Québec débloque des subventions statutaires pour les collèges classiques. Le Séminaire se voit octroyer la somme de 63 400 $.

 

20 mars – Les Lacordaire du Séminaire célèbrent le 15e anniversaire de fondation de leur cercle. L’abbé Pierre Bélanger, aumônier diocésain, reçoit un certificat marquant ses 15 années d’abstinence totale.

 

Pour la septième fois consécutive, l’équipe de Philosophie I remporte les honneurs aux quilles lors du tournoi du printemps.

 

Un tournoi de badminton est organisé pour la première année.

 

19 avril – Décès de Mgr Louis Martin, supérieur du Séminaire de 1948 à 1957.

 

La Vie écolière souligne le 300e anniversaire de la défaite de Dollard des Ormeaux au Long-Sault.

 

L’année scolaire se termine par un succès aux examens universitaires. Jean-Yves Thériault remporte le prix du Prince-de-Galles. Le dernier récipiendaire de ce prix en Philo II, pour le Séminaire de Rimouski, avait été Jacques Ringuet, médecin, en 1932. Richard Joly, conseiller en orientation, avait eu cet honneur en 1939, alors qu’il était en Rhétorique.

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# 1455             5 janvier 2015

Le clocher du Séminaire

Lors du feu de Rimouski en 1950, la chapelle qui avait été construite en 1921 fut partiellement détruite. Le clocher a été fortement endommagé. Pour effacer les traces de cette tragédie, en 1955, le Séminaire de Rimouski reçut un don inestimable : un carillon de quatre cloches. Voici ce qu’en dit l’annuaire de 1956-1957 :

 

« Grâce à la générosité d’un honorable citoyen de Rimouski, Monsieur Roméo Crevier, président de Québecair Inc. et de St. Lawrence Distributing Co. Ltd, directeur de la Cie d’Assurance Montreal Life, le 13 novembre 1955, avait lieu la bénédiction d’un magnifique carillon de quatre cloches par Monseigneur Charles-Eugène Parent, archevêque de Rimouski.

 

Ce carillon, qui chante depuis ce jour les joies et les tristesses de l’Alma Mater, est mis en branle par une horloge dont les trois cadrans, de 98 pouces de diamètre chacun, couvrent trois côtés du clocher central.

 

La première cloche, baptisée sous le nom de Marie-Immaculée, pèse 1520 livres ; la seconde, Joseph, 616 livres ; la troisième, Antoine, 425 livres ; la quatrième, Charles, 375 livres. Elles font entendre successivement les notes suivantes : sol, do ré, mi, soit la sonnerie du carillon de Westminster.

 

À l’issue de cette cérémonie, un banquet, sous la présidence conjointe de Monseigneur l’Archevêque et de Monseigneur Louis Martin, supérieur du Séminaire, fut servi en l’honneur du généreux donateur et de son épouse. Étaient aussi présents de nombreux amis de M. et Mme Crevier et du Séminaire. À cette occasion, l’Alma Mater s’enrichissait d’un nouveau fils, en décernant à M. Crevier un diplôme qui le créait membre d’honneur de l’Amicale du Séminaire.

 

Nos plus sincères remerciements au donateur pour sa grande générosité, rappelée sans cesse par ce magnifique carillon. » (Fin du texte cité)

 

Roméo Crevier fut maire de Rimouski de 1958 à 1961. Il est décédé en 1989 à l’âge de 79 ans.

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# 1425             30 décembre 2014

Vente de livres

Au Séminaire de Rimouski, au début de l’année scolaire, c’était la grande vente de manuels scolaires. Le tout se passait dans la salle d’études. Nous avions alors en main une liste de manuels requis pour l’année.

 

Quand nous étions en Éléments latins en 1953, nous n’étions que des acheteurs. Les élèves de la classe antérieure passaient devant nos bureaux et nous offraient les livres dont ils n’avaient plus besoin. L’escompte se situait entre 30 % et 50 %. Il fallait quand même se méfier car certains essayaient de nous vendre des livres dont nous n’avions peu ou pas besoin. Parfois, des élèves de la Grande salle se pointaient le nez pour nous offrir à fort rabais un livre qui ne servirait pas.

 

Dans la Vie écolière de septembre-octobre 1958, un élève qui signe Moro écrit une chronique intitulée Fragments de journaux personnels où il met en relation le vécu d’un nouveau et d’un philosophe. Voici un extrait :

 

Élève d’Éléments

6 septembre 1958 – Cet avant-midi, j’ai acheté mes livres. J’ai fait, je crois de bonnes affaires. Un philosophe m’a vendu deux beaux gros dictionnaires Latin en Poche pour deux piastres seulement. Ils sont réellement très bons ces grands-là et ils savent vous donner d’excellents conseils qui vous réchauffent le cœur.

 

Élève de Philosophie

6 septembre 1958 – Aujourd’hui traite des livres. J’en ai vendu pour 25 $. Ça faisait longtemps que je voulais vendre mes deux anthropopithèques de dictionnaires Latin en Poche. Malheureusement, c’est un petit nouveau qui s’est fait attraper. Bah ! Qu’il fasse la même chose que j’ai faite et que l’on m’a faite.


À partir de la deuxième année au Séminaire, nous étions en même temps vendeurs et acheteurs. C’était alors plus facile parce que nous avions acquis l’expérience et la tentation était forte d’écouler le fameux livre que nous avions acheté l’année précédente et qui ne nous avait pas servi.

 Après cette opération, nous vérifiions la liste des manuels scolaires. S’ils nous en manquaient, nous pouvions nous rendre à une procure administrée par les élèves. À cet endroit, les livres étaient neufs et nous coûtaient un prix plus élevé. Évidemment, il n’y avait pas de rabais pour les étudiants.

 

De façon générale, le truc était de trouver un élève de la classe antérieure en qui nous avions confiance et de lui acheter tous les livres périmés pour lui. L’escompte était alors plus élevé.

 

Certains livres étaient parfois annotés par le propriétaire précédent. Ce dernier comptait ainsi obtenir un meilleur prix ; mais ce n’était pas toujours le cas. Il est arrivé qu’un professeur d’histoire générale avait pris l’habitude de faire des farces à des moments précis de ses cours. Certains élèves notaient les farces si bien qu’on nous avertissait qu’au cours suivant une telle farce serait dite.

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# 1385             22 décembre 2014

Un autel de marbre

La chapelle du Séminaire de Rimouski a vu passer plusieurs générations d’élèves. Au cours des ans, il y eut des améliorations comme en 1957 où un nouvel autel central fut consacré. Voici ce qu’en dit l’annuaire de 1956-1957 :

 

« Le 20 février, Monseigneur le Supérieur consacrait le nouvel autel de notre chapelle : un autel de marbre italien que nous attendions depuis longtemps, parce que le matériel était arrivé depuis quelques mois, mais dont la construction dut être retardée parce qu’il avait fallu consolider le plancher du chœur.

 

À cinq heures de l’après-midi, M. l’abbé Émile Saint-Pierre, qui en avait négocié l’achat avec la maison Petrucci-Carli, et en avait suggéré les plans, célébrait la première messe sur cet autel. Les généreux donateurs, Madame et Monsieur Wilfrid Ouellet, les prêtres et les élèves, ainsi que plusieurs invités assistaient à cette messe.

 

Quand elle fut finie, les assistants furent invités à admirer de près l’œuvre d’art dont notre chapelle s’enrichissait.

 

Le palier et les marches ainsi que le tombeau et le tabernacle, sont de marbre Botticino ; la table, le gradin, le dessus des colonnes, de marbre de Carrare blanc veiné (carrara bianco venato) ; les colonnes du tombeau, de marbre Porta Santa ; la base des colonnes et la base du tombeau, de marbre vert Saint-Denis. Le tombeau, le tabernacle et le dessous des colonnes portent des incrustations de mosaïque vénitienne de couleurs vert et or représentant des épis de blé. La porte du tabernacle est de bronze véritable avec motif tête de Christ ; au-dessus de la porte, en appliqué, une colonne de bronze également ; l’intérieur est de cuivre doré.

 

Le soir, un dîner fut servi à l’issue duquel un diplôme de membre honoraire de l’Amicale du Séminaire fut décerné à Monsieur Ouellet. » (Fin du texte cité)

 

Je serais curieux de savoir ce qu’est devenu cet autel lorsque le cégep de Rimouski a transformé la chapelle en bibliothèque.

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# 1345             14 décembre 2014

Un film honni

Quand j’étais finissant au Séminaire de Rimouski en 1961, je faisais partie d’un organisme récemment créé dont les membres étaient les présidents des différentes associations culturelles et sportives de la maison.

 

Lors d’une réunion, il fut proposé que chaque association aurait à préparer une activité spéciale pour tous les élèves. Étant président du SMJ (Service missionnaire des jeunes), j’énonçai le projet de présenter un film payant à la salle académique. Le projet fut accepté avec enthousiasme. En même temps, je voulais amasser un petit pécule pour donner à la société des Missions-Étrangères.

 

L’abbé Robert Michaud, qui était un ancien directeur des élèves et qui était maintenant professeur au Grand Séminaire, était l’aumônier du SMJ.  J’allai le consulter au sujet de mon projet. Il se dit totalement en désaccord. Je décidai quand même de le réaliser.

 

J’allai voir l’abbé Paul-Émile Paré qui était responsable de l’audio-visuel. Je lui demandai de me suggérer un film à saveur missionnaire. Il sortit son gros catalogue et pointa le titre d’un film. Il me dit : « Je m’occupe de tout. Ce film sera présenté à tous les élèves à la salle académique un samedi après-midi. » Évidemment, je devais absorber le coût de la location. Je fis de rapides calculs. Le prix d’entrée serait de 15 sous pour les élèves de la Petite salle et de 25 sous pour les élèves de la Grande salle et du Pavillon de philosophie. Je pensais amasser au moins 40 dollars.

 

Mes confrères du Pavillon de philosophie n’étaient pas très enthousiastes à l’idée d’aller voir un film missionnaire alors qu’ils pouvaient sortir en ville à volonté. Je comptais sur les élèves de la Grande salle et surtout sur ceux de la Petite salle.

 

Une demi-heure avant que la projection du long métrage, j’entendis dire que le film était interdit aux élèves de la Petite salle parce que jugé non conforme aux bonnes mœurs. Comme l’action se déroulait sur une île habitée par des autochtones, il y avait des scènes où on voyait des torses nus.

 

J’étais abasourdi. J’étais alors certain de faire un déficit car, à la Petite salle, il y avait environ 200 pensionnaires. Certains confrères du Pavillon devant cette situation changèrent leur plan et se présentèrent en plus grand nombre que prévu à la représentation. Avant la projection, l’abbé Paré monta sur la scène et fit de nombreuses mises en garde. J’étais assis sur mon siège et ne cessais d’être étonné de la tournure des événements, étant donné que ce n’était pas moi qui avais choisi le film.

 

Quand la caisse fut comptée, le profit s’élevait à huit dollars et quelques sous. J’avais alors un double problème. D’abord, je trouvais que le montant était insuffisant pour faire un don aux Missions-Étrangères. De plus, je me souvenais avoir été à l’encontre de l’avis de l’aumônier.

 

Je me rendis au bureau du chanoine Raoul Thibault que je considérais toujours comme mon directeur spirituel même si je n’allais presque jamais le voir. Je lui demandai conseil. Il me dit : « Prends l’argent ; mets-le dans la caisse de ton cercle missionnaire. Ainsi, vous pourrez continuer à fabriquer des chapelets pour les missions. » J’étais soulagé.

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# 1310             7 décembre 2014

Quiz sur le Séminaire

Je vous présente 10 petites questions à choix multiples sur le Séminaire. Les anciens qui y ont étudié seront en mesure de mesurer l’état de leurs souvenirs ou de leurs connaissances. Les réponses sont données à la fin.

 

1. En quelle année l’enseignement classique a-t-il débuté à Rimouski ?

a) 1950            b) 1863           c) 1899            d) 1922

 

2. Qui a enseigné l’histoire au Séminaire pendant 50 ans ?

a) Antoine Perreault               b) Charles Morin        c) Nive Voisine          d) Alphonse Fortin

 

3. Comment s’appelait la cantine de la Grande salle ?

a) L’Estudiantine       b) La Familiale           c) La Procure              d) Le Fourre-tout

 

4. Qui a fondé la troupe scoute du Séminaire ?

a) Rosaire Dionne       b) Gaétan Brillant       c) Hervé Beaulieu       d) André-Albert Dechamplain

 

5. Comment s’appelait l’endroit où était situé le cimetière des prêtres ?

a) Le Bosquet             b) Le Bocage              c) Le Bois-à-Pierrot                d) Le Parc

 

6. Quel était le nom de l’orchestre du Séminaire ?

a) Saint-Charles          b) Sainte-Cécile          c) Saint-Antoine         d) Saint-Georges

 

7) Qui a été directeur des élèves dans les années 1940 ?

a) Pierre Sirois            b) Robert Michaud     c) Raoul Thibault        d) Jean-Guy Nadeau

 

8) Qui fut le dernier supérieur du Séminaire ?

a) Georges Dionne     b) Louis Martin          c) Antoine Gagnon     d) Robert Lebel

 

9. Quel était le sport le plus populaire à la Grande salle en automne dans les années 1950 ?

a) Soccer         b) Baseball      c) Balle molle d) Quilles

 

10. Quelle fête les philosophes soulignaient-ils le 7 mars ?

a) Saint Pascal                        b) Sainte Catherine     c) Saint Thomas d’Aquin       d) Saint Antoine        

 

Réponses

1b) 1863

2d) Alphonse Fortin

3a) L’Estudiantine

4d) André-Albert Dechamplain

5b) Le Bocage

6a) Saint-Charles

7c) Raoul Thibault

8d) Robert Lebel

9a) Soccer

10c) Saint Thomas d’Aquin

Suite des textes sur le Séminaire de Rimouski