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Les charleries Bienvenue sur mon blogue, Ce blogue contient des souvenirs, des anecdotes, des opinions, de la fiction, des bribes d’histoire, des énigmes et des documents d’archives. Charles-É. Jean
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Rimouski |
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3425
3 février 2017
Industries à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
« Nous avons vu que la ville de
Rimouski est à peu près entièrement constituée par un habitat urbain. On
n'y relève que 3 cultivateurs qui possèdent des terres dans les limites
de la ville. La municipalité rurale qui se rattache à la ville de
Rimouski est la paroisse de Saint-Germain-de-Rimouski.
Rimouski n'est pas lui-même un
centre agricole, et cependant toutes les industries dérivées de
l'agriculture exploitées pour les besoins des cultivateurs de la région
sont centralisées dans la ville.
Beurrerie
La Société Coopérative agricole de
Rimouski exploite une beurrerie dans la ville de Rimouski. Cette
industrie fut établie en coopérative en 1931, mais elle existait déjà
alors depuis plusieurs années. Elle fonctionne actuellement pendant
toute l'année à rendement irrégulier suivant la saison.
La production de 1937 fut de 84
120 livres de beurre qui furent vendues au prix moyen de 0,265 $ la
livre. Le lait servant à la fabrication du beurre provient surtout des
cultivateurs de Saint-Germain-de-Rimouski, Notre-Dame-du-Sacré-Cœur et
Sainte-Anne-de-la-Pointe-au-Père. Quelques cultivateurs de Sainte-Luce
et de Saint-Donat y apportent leur lait au printemps et à l'automne.
Toute la production de la
beurrerie est vendue en gros et en détail dans Rimouski et les environs.
Non seulement le marché local absorbe toute la production, mais il
requiert un surplus étranger. La beurrerie a une capacité de production
beaucoup plus grande et produirait certes davantage si elle recevait une
plus forte quantité de lait.
La principale concurrence que
subit la Coopérative est celle d'un cultivateur de Bic qui vient
régulièrement avec un camion chercher le lait chez les cultivateurs pour
le transporter à la beurrerie de Sainte-Cécile-du-Bic.
Plusieurs prétendent qu'il serait
très bon d'instituer à Rimouski un établissement pour la pasteurisation
du lait et de la crème et pour la fabrication du Yoghourt.
Tannerie et fabrique de chaussures
Monsieur Edmond Dumont exploite
une tannerie à Rimouski depuis une cinquantaine d'années. Il tanne les
peaux que les cultivateurs de la région lui apportent et charge en
moyenne 4 $ la peau. Il a ainsi tanné 350 à 400 peaux on 1937.
Le propriétaire de la tannerie
achète aussi des cultivateurs un certain nombre de peaux qu'il utilise
pour son propre compte à sa fabrique de chaussures qu'il exploite depuis
1937. Monsieur Dumont fabrique surtout des bottes qu'il vend dans la
région. Depuis que cotte industrie fonctionne, c'est-à-dire depuis
environ 1 an, il a vendu aux cultivateurs et aux commerçants de détail
de la région près de 700 paires de bottes dont 500 paires à 5 $ et le
reste à 3,50 $ et 4 $ la paire.
Monsieur Dumont emploie deux
hommes en permanence dont l'un à la tannerie et l'autre à la fabrique de
chaussures ; à cette dernière, il emploie aussi une femme
occasionnellement. » (Fin du texte cité) |
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#
3360
8 janvier 2017
Services à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 80 ans :
« Le commerce fait vivre 60
familles et comprend 2 commerçants de gros et 56 commerçants de détail ;
on relève en outre 109 commis employés dans les divers magasins.
Les transports occupent
régulièrement 7 employés de chemin de fer et 6 employés de navigation.
La ville compte également 16 camionneurs et 20 chauffeurs de taxi.
On relève dans Rimouski une
douzaine d'établissements industriels qui, à part les exploitants,
occupent près d'une cinquantaine d'employés permanents et au-delà de 400
employés temporaires, ces derniers travaillant pendant une période
moyenne d'environ 6 mois par année ; ces employés sont pour la plupart
des journaliers que nous avons déjà mentionnés ; quelques-uns sont des
hommes de métier également énumérés plus haut. On doit cependant noter
qu'un certain nombre de ces employés de l'industrie demeurent dans les
municipalités voisines de la ville.
À part les communautés
religieuses, l'enseignement occupe dans la ville 2 professeurs laïques
au Séminaire et 4 institutrices. Il nous a été impossible de déterminer
le nombre de jeunes filles de la ville qui enseignent en dehors.
À part l'enseignement, le travail
féminin est assez en honneur dans Rimouski. On compte environ 200 jeunes
filles en service domestique dans la ville ; les 2/3 de ces dernières
viennent cependant de l'extérieur. Quant aux jeunes filles employées
dans les bureaux ou les magasins, on en relève environ 75 dont la
plupart sont des jeunes filles de la ville de Rimouski.
Les hommes de profession libérale
sont assez nombreux à Rimouski où l'on compte 13 avocats, 3 notaires, 1
protonotaire, 13 médecins, 3 dentistes, 1 vétérinaire, 10 ingénieurs, 7
agronomes, 2 ingénieurs forestiers, 1 arpenteur, 1 chimiste et 2
journalistes.
Quant aux autres occupations que
nous n'avons pas encore énumérées, elles comprennent 8 hôteliers, 11
contracteurs de chantiers, 3 entrepreneurs, 2 ouvriers agricoles, 6
policiers et 162 employés et agents divers. Signalons enfin que la ville
compte 126 rentiers.
Après toutes ces énumérations, on
peut conclure que l'industrie, surtout l'industrie du bois dirigée par
les compagnies Price Brothers et La Perrelle Lumber, font vivre une
bonne partie de la population de la ville par l'ouvrage qu'elles
fournissent principalement aux journaliers. Rimouski est aussi
le grand centre de consommation
et de distribution des produits agricoles de la région ; c'est ainsi que
le commerce y est assez développé. De Rimouski, notamment les produits
laitiers, et les produits animaux sont expédiés vers la Côte-nord ou
vers les grands centres. » (Fin du texte cité) |
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# 3295
13 décembre 2016
Métiers à Rimouski en 1937
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. L’auteur y
décrit la situation de 1937. Voici un extrait de ce texte qui montre que
la ville de Rimouski a fortement changé depuis 79 ans :
« Il est évident que l'agriculture
n'a aucune importance comme mode de vie dans la ville même de Rimouski.
On y compte cependant 6 cultivateurs domiciliés dont 3 possèdent des
terres dans les limites de la ville. On relève en plus 2 aviculteurs.
Les journaliers forment sans
contredit la catégorie de travailleurs la plus nombreuse. Nous n'avons
pas pu distinguer les chefs de familles et les célibataires qui gagnent
leur vie en travaillant à la journée ; mais nous savons que la ville
compte 491 journaliers employés surtout au travail dans les scieries et
aux chantiers. La ville ne compte pas actuellement de véritables
chômeurs, mais un grand nombre de journaliers n'ont pas d'ouvrage
pendant les mois d'hiver.
L'artisanat compte 64 boutiques de
toutes sortes que nous énumérons :
Quant aux hommes de métier
travaillant pour le compte des autres, parfois comme
journaliers, on en compte 133 à savoir : 50 charpentiers et
menuisiers, 23 mécaniciens de garage, 10 électriciens, 4 plombiers, 1
horloger, 1 cordonnier, 9 coiffeurs, 3 maçons, 2 plâtriers, 4 marbriers,
7 typographes, 14 peintres, 4 mesureurs de bois, 1 aviateur.
À peu près tous ces hommes de
métier tirent la plus grande partie de leur subsistance de l'exercice de
leur métier. Plusieurs cherchent à se perfectionner. L'École des Arts et
Métiers du Séminaire fournit aux ouvriers des cours du soir où l'on
enseigne le travail du fer et du bois ; 30 ouvriers ont suivi
régulièrement ces cours jusqu'à date. » (Fin du texte cité) |
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# 3240
21 novembre 2016
Radio-Canada en 1959
En 1959,
CJBR-Rimouski était un poste de télévision affilié à Radio-Canada. Voici
un aperçu de la programmation dans la semaine du 19 octobre :
Du 19 au 23 octobre
14 h 30 −
Ouverture du poste généralement par un film
15 h 30 −
Votre menu
16 h − Bobino
16 h 30 − La
boîte à surprises
17 h −
Courrier du Roy (lundi), La vie qui bat (mardi), Le dernier des Mohicans
(mercredi), Kosmos 2601 (jeudi), Tumelet (vendredi)
17 h 30 −
César (lundi), Radisson (mardi), Popeye le vrai marin (mercredi), Enfant
du cirque (jeudi), Casse-cou (vendredi)
18 h − Au
coin du feu
De 18 h 30 à
19 h 30, CJBR présente des sujets locaux, des nouvelles mondiales,
régionales, sportives et la météo.
19 h 30 −
Ciné-feuilleton : un film découpé en séquences de 15 minutes
19h 45 − Chez
Clémence (lundi), Par le trou de la serrure (mardi), Car l’amour
(mercredi), Toi et moi (jeudi), Pour elle (vendredi)
20 h − Les
belles histoires des pays d’en haut (lundi), Jeunes visages (mardi),
Point d’interrogation (mercredi), À la porte St-Louis (jeudi), Aventures
(vendredi)
20 h 30 − La
poule aux œufs d’or (lundi), Joie de vivre (mardi), La pension Velder
(mercredi), Le Survenant (jeudi), Tour d’horizon (vendredi)
21 h − Vous
êtes témoin (lundi), C’est la vie (mardi), En haut de la pente douce
(mercredi), Rendez-vous avec Michelle (jeudi), Projection d’un film
(vendredi)
À partir de
21 h 30, la programmation varie d’une journée à l’autre. On retrouve
notamment la soirée de lutte le mercredi à 22 h. Le télé-journal est
présenté à 23 h. La soirée se termine par des nouvelles en anglais
présentées par CBC-TV News.
Le samedi 24
octobre, le poste ouvre à 10 h. Voici quelques émissions de la journée :
10 h − Maman
Fonfon
11 h − Domino
14 h −
Football
18 h 30 − The
Ed Sullivan Show (en anglais, bien sûr)
20 h − Club
des autographes
20 h 30 − Clé
de sol
21 h – La soirée du hockey
Le dimanche 25 octobre, le poste
ouvre à 12 h 50 avec les nouvelles de CBC-TV News. Voici quelques
émissions de la journée :
11 h – La grand-messe
13 h − This is the life
14 h 30 − Les travaux et les jours
16 h − L’heure des quilles
18 30 − Guillaume Tell
19 h − Caméra 59
19 h 30 − Robin des Bois
20 h − Papa a raison
20 h 30 − La clé des champs
21 h − Music Hall
24 h − Le télé-journal
1 h – Fermeture
Les renseignements proviennent du
Progrès du Golfe, hebdomadaire de Rimouski, édition du 16 octobre 1959. |
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# 3190
1er novembre 2016
Rimouski
En 2016, la ville de Rimouski a une population de 49 281 personnes. Elle
couvre une superficie de 529,5 kilomètres carrés, soit l’équivalent de
23 kilomètres par 23 kilomètres.
En 1938, l'Office de recherches économiques du Québec a publié le
rapport d’un inventaire des ressources naturelles et industrielles du
comté municipal de Rimouski. L’auteur y décrit la situation de 1937.
Voici des extraits de ce texte qui démontrent que la ville de Rimouski a
fortement changé depuis 79 ans :
« La ville de Rimouski couvre une superficie de 841 acres (3,4
kilomètres carrés) dans la seigneurie de Rimouski. Elle est située sur
le littoral du fleuve Saint-Laurent à l'embouchure de la Grande rivière
Rimouski. La ville est entourée par les deux municipalités rurales de
Saint-Germain-de-Rimouski et de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur.
Le relief présente l'aspect d'une plaine échelonnée sur des terrasses.
La rivière Rimouski traverse la partie est de la ville. La municipalité
est à peu près entièrement constituée par un habitat urbain.
La municipalité de la ville de Rimouski couvre un territoire moins
étendu que la paroisse religieuse de Saint-Germain-de-Rimouski. Cette
dernière, en effet, comprend toute la ville et une bonne partie (de la
municipalité rurale de St-Germain formée de quatre rangs).
La population actuelle de la ville […] est d'environ 6500 âmes. Le
recensement fédéral de 1931 donne une population de 5589 âmes. Il y
aurait donc une augmentation réelle de 911 âmes depuis 1931.
Depuis quelques années, surtout depuis l'ouverture de Baie-Comeau et des
autres localités de la Côte-Nord, il existe à Rimouski un mouvement
régulier d'immigration et d'émigration. Les arrivants viennent pour des
occupations diverses (journaliers, employés divers, voyageurs, agents
d'assurances, maisons de pension, etc.) Les partants se dirigent parfois
vers l'arrière du comté et s'établissent sur des lots de colonisation,
mais le plus souvent ils s'en vont s'engager comme ouvriers de moulin à
Baie-Comeau ou ailleurs sur la Côte-Nord.
La ville compte au total 546 propriétaires, dont 510 domiciliés et 36
non domiciliés. Il y a 3 propriétaires de fermes et 543 propriétaires de
maisons. Ces dernières sont habitées par les propriétaires domiciliés et
par 595 locataires. Presque tous les propriétaires domiciliés et environ
la moitié des locataires cultivent un petit jardin. Très peu de gens
domiciliés dans la ville gardent des animaux domestiques. » (Fin du
texte cité) |
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3155
18 octobre 2016
Le Salon du livre de Rimouski
Au Québec, le plus
ancien salon du livre est celui de Rimouski. Il a vu le jour en 1964
grâce à l’initiative des Chevaliers de Champlain et des Dames Hélène de
Champlain qui ont délégué respectivement Clément Alary et Mme Georges
Raymond (Madeleine Bélair) pour voir à son organisation. Voici ce
qu’écrit le Progrès du Golfe dans son édition du 16 octobre 1964 :
« Le Salon du livre (a ouvert ses portes hier)
soir à 8 h. à l’Hôtel de Ville de Rimouski. Le public aura le privilège
de rencontrer trois écrivains canadiens. Les responsables de cette
exposition ont invité Mme Émilia B. Allaire, M. Louis-Roland Paradis,
natif de Rimouski, et M. Yves Thériault, auteur canadien dont les œuvres
connaissent une diffusion mondiale. Ces écrivains seront au Salon du
livre dès vendredi. Les visiteurs verront plus de 8000 volumes à
l’étalage. »
Ce salon qui a duré du 15 au 18
octobre 1964 était très différent de ceux qui existent actuellement. Il
n’y avait pas de kiosques loués par des éditeurs. Il n’y avait pas
d’activités spéciales. Le nombre d’auteurs était restreint. Les livres
provenaient d’une succursale de la
librairie Fides établie à Rimouski. Le thème du salon était :
« Pour connaître le chemin de la librairie ». On raconte qu’environ 1000
livres furent vendus pendant les quatre jours de l’exposition. C’était
donc considéré comme un succès.
Au cours de son histoire, le Salon
du livre de Rimouski a fait relâche pour différentes raisons pendant
trois années : 1968, 1970 et 1984. En 2015, c’était la 50e édition. Selon le site de l’organisme dans un
texte récent, « Année après année, cet événement rassembleur permet au public de rencontrer
près de 250 auteurs d’ici et d’ailleurs, et de s’y voir offrir les
livres de plus de 300 maisons d’édition réparties dans plus de 100 stands. Le programme
d’animation, le volet maritime unique et les diverses activités
proposées y suscitent l’intérêt de plus de 15 000 visiteurs. »
J’ai participé activement à l’organisation du Salon du livre de Rimouski
pendant trois ans : en 1985, comme responsable des communications, puis
en 1986 et 1987, comme président. Pendant ces années là, le nombre de
visiteurs variait de 5000 à un peu plus de 7000.
En 2016, la 51e
édition du Salon du livre aura lieu du 3 au 6 novembre 2016
au Centre de congrès de l’Hôtel Rimouski. |
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2425
26 août 2015 Le
premier historien de Rimouski Le
27 janvier 2014, le Mouton noir,
journal de Rimouski qui fête son 20e anniversaire en 2015,
publiait un texte de Claude La Charité sur l’abbé Charles Guay.
Voici ce texte : « L’histoire
occupait une place de choix dans l’idée que l’on se faisait de la
littérature au XIXe siècle.
L’abbé Casgrain, dans son article fondateur « Le mouvement littéraire
en Canada » de 1866, considérait que les deux plus grands écrivains
québécois étaient, ex æquo, le poète Octave Crémazie et
l’historien François-Xavier Garneau. C’est dire la place et
l’importance des historiens, amateurs ou professionnels, comme Charles
Guay (1845-1922), auteur de la Chronique de Rimouski, première histoire
de la ville et de sa région, publiée en deux volumes en 1873 et 1874. L’auteur,
aujourd’hui méconnu, mériterait à lui seul une étude, en raison de
sa carrière ecclésiastique qui a été fulgurante, sinon météorique,
et de sa personnalité bien trempée qui lui a valu de nombreuses et
solides inimitiés. Au moment où paraît sa chronique, il est vicaire
à la cathédrale de Rimouski et il doit beaucoup à l’évêque Jean
Langevin, dédicataire du livre : « Premier
évêque de la ville Vous
avez droit à cet hommage… Cette
histoire a donc, par la force des choses, une perspective religieuse.
Pour autant, il ne s’agit pas d’une banale monographie de paroisse,
ne serait-ce que parce que Rimouski est un diocèse, que la ville est
desservie par le chemin de fer et qu’elle dispose d’un séminaire,
autant de conditions qui lui promettent un développement rapide aux
yeux d’écrivains comme James McPherson Le Moine ou Arthur Buies
qu’on ne peut pas soupçonner de complaisance à l’endroit de l’Église. Deux
traits caractérisent l’écriture de cette Chronique
de Rimouski : sa forme anthologique et sa manie de l’exhaustivité. Loin
d’être constitué exclusivement par la prose de Charles Guay, cet
ouvrage d’histoire se présente en fait comme une anthologie de textes
sur Rimouski, compilés par l’auteur. Il peut s’agir d’articles déjà
publiés comme « L’île Saint-Barnabé » de Joseph-Charles
Taché, paru en 1865 dans Les Soirées
canadiennes et dont l’auteur cite de larges extraits à propos de
l’ermite Toussaint Cartier. Il peut également s’agir d’inédits
comme les notes réunies par le généalogiste Cyprien Tanguay ou encore
les recherches manuscrites de l’abbé Georges Potvin. Cette forme
anthologique fait du livre à la fois une œuvre collective et une somme
de tout ce que les archives avaient consigné sur le passé rimouskois
au début des années 1870. Par
ailleurs, la Chronique de Rimouski
se signale par son goût de l’inventaire et sa manie des listes de
toute sorte. On y trouve, par exemple, l’énumération de tous les prêtres
qui ont desservi la paroisse, la liste des députés du comté, le
nombre de mariages, de naissances et de sépultures, année par année,
de 1701 à 1872, le catalogue des supérieurs, directeurs et professeurs
du Collège industriel et agricole et du Séminaire de Rimouski, etc.
Cette propension à la compilation témoigne de la volonté de totaliser
tout ce que l’on peut documenter sur l’histoire d’un lieu,
jusqu’à la vie de chaque individu enregistrée dans la comptabilité
annuelle des naissances et des décès. D’une manière artisanale et
involontaire, on trouve là en germe des éléments qui peuvent faire
penser à la dimension « statisticienne » de la future
histoire sociale ou à la très petite échelle de la microhistoire
d’un Carlo Ginzburg. Il
est étonnant que Charles Guay soit, grâce à sa chronique, lié à
jamais à Rimouski, où, pourtant, il ne séjourna en tout que cinq ans.
La suite de sa carrière l’amènera dans la vallée de la Matapédia,
aux États-Unis et en Europe, pour y obtenir, entre autres, des fonds
pour la construction et les œuvres du séminaire. Son entregent et son
habileté lui vaudront d’être nommé secrétaire apostolique lors
d’un séjour à Rome et de pouvoir porter ainsi le titre de
Monseigneur sans être évêque. Il est piquant par ailleurs de se
rappeler la posture déférente qu’il adopte à l’égard de Mgr
Langevin en 1873, quand on sait les démêlés qu’auront les deux
hommes quelques années plus tard. Dans une lettre de juillet 1888
adressée à l’évêque qui refuse de bénir et de payer les nouvelles
cloches de la chapelle de Restigouche, Charles Guay écrira entre autres
amabilités : « Il est
parfaitement connu que vous demander un sou, c’est vous arracher le cœur
et vous saigner aux quatre membres. » Se trouvent ainsi
curieusement réunis dans la même personne le plus fidèle partisan du
diocèse de Rimouski et le plus farouche adversaire de son premier évêque. »
(Fin du texte cité) |
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2290
29 juin 2015 Le
courrier de Sa Majesté Ce
texte a été écrit par Fernand Thibault : Le
transport du courrier de Sa Majesté a été depuis toujours le service
public le plus important dans tous les pays. Vers le début du dix-neuvième
siècle, ce sont les frères Rioux de Trois-Pistoles qui assuraient le
transport du courrier depuis Québec jusqu’à Rimouski. Ils assuraient
aussi, et en même temps, un service de diligence assurant aux voyageurs
rapidité et fiabilité grâce aux relais leur permettant de changer
d’attelage lorsque leurs chevaux étaient fatigués. Or,
voilà qu’en 1831, Jean-Baptiste Cordeau est le maître de poste
responsable de ce service à partir du Portage jusqu’à Rimouski. Afin
de maintenir la qualité de ce service, il se devait d’utiliser des
sous-traitants et même des personnes-ressources pour remplacer ces
derniers au cas où ils seraient dans l’impossibilité d’accomplir
leur tâche certains jours. Ici,
il s'agit de François Thibault, 6e génération canadienne,
fils d'Hilarion et Marie-Marthe Lefebvre-Boulanger qui vit sur une terre
de Saint-Simon, aux limites de la paroisse de Saint-Fabien de Rimouski.
Il s'engage à transporter le courrier de la Reine. Les conditions ne
sont pas faciles à remplir ; les routes ne sont que des sentiers
entretenus par chaque cultivateur, ce qui rend les chemins d'autant plus
mauvais, particulièrement en hiver. Le climat est très rude ; les
froids extrêmes, le vent, les tempêtes, les verglas sont choses
communes, mais le courrier de la Reine doit se rendre à destination à
chaque jour, beau temps, mauvais temps. Voyez ce document qu'a signé
François. Les obligations sont nombreuses et difficiles à respecter.
S'il avait su lire, il n'aurait probablement pas accepté de telles
obligations. Voici
les principales clauses d’un tel accord et toute la minutie qu’on y
apporte dans sa rédaction : « Par
devant les notaires soussignés, le sieur François Thibault devenant
courrier et porteur des malles et lettres de Sa Majesté s'engage envers
M. Jean-Baptiste Cordeau, maître de poste, à transporter toutes les
malles ou lettres de Sa Majesté transportées chez lui par le dit
Cordeau et les prendre immédiatement et les transporter de suite à
Rimouski, chez Pierre Gauvreau, écuyer, l'un des notaires soussignés. François
devra aussi fournir une place dans son écurie pour mettre les chevaux
dudit Jean-Baptiste Cordeau ainsi que le foin pour les nourrir. Ce
transport devra commencer vers la fin de novembre prochain et se
continuer jusqu'au six de novembre 1832 sous peine de tous frais, dépenses,
dommages et intérêt. François
s'oblige en outre à mener ledit Cordeau à Rimouski chaque fois qu'il
s'en requerra et ce avec ses chevaux et voitures et le ramener au dit
lieu de Saint-Simon. Le tout pour une somme (annuelle) de vingt-deux
livres dix shellings courant (environ 90 $). En
outre, le sieur Basile Bernier, cultivateur de Saint-Simon, s'est
volontairement prêté caution et répondant pour ledit François
Thibault envers ledit Cordeau, il s'est obligé solidairement avec lui
à l'accomplissement et exécution des obligations par lui ci-dessus,
etc. » (Fin du contrat) Ce
texte est tiré de La Thibaudière
dont l’auteur est Fernand Thibault. Le livre de 596 pages a été
publié en 2015 aux éditions Première Chance. Pour se procurer ce récit
historique, écrivez à fthibault2013@hotmail.com
ou téléphonez à 418 872-3955. Le coût est de 30,00 $, plus frais de
poste. |
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2190
9 juin 2015 L'Empress
of Ireland Le
naufrage de l’Empress of Ireland est lié à la vie de Rimouski parce
que celui-ci eut lieu non loin de là. Dans
Le Soleil du 14 juin 2014,
Jean-Simon Gagné écrit : « Jusqu'à
la mi-juillet 1914, les journaux suivent l'enquête sur le naufrage de
l'Empress of Ireland, qui a fait 1012 morts, au large de Rimouski, le 29
mai. Un mois après la tragédie, l'émotion est encore palpable. La
Chambre de commerce recueille toujours des vêtements et de l'argent
pour les veuves et les orphelins. L'énorme
paquebot se dirigeait vers l'Angleterre lorsqu'il a été éventré, en
pleine nuit, par un navire transportant du charbon. Il a coulé en 14
minutes ! La plupart des victimes n'ont pas eu le temps de sortir de
leur cabine. Chaque jour ou presque, des scaphandriers retirent des
corps de l'épave, qui repose à 42 mètres de profondeur. Mais
les mauvaises langues racontent qu'ils cherchent surtout le coffre-fort
du navire, qui contient notamment 170 lingots d'argent, d'une valeur
estimée à 1,1 million $ (22,9 millions en dollars d'aujourd'hui). »
(Fin du texte cité) Sur
le Site historique maritime de la
Pointe-au-Père, on peut lire : « Le
29 mai 2014, cela faisait 100 ans que l'Empress of Ireland avait fait
naufrage au large de Sainte-Luce-sur-mer, près de Rimouski. |
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1525
19 janvier 2015 Mine
de ketchup à Padoue Un
de mes amis m’a raconté un fait inusité. Lorsqu’il étudiait à la
polyvalente de Mont-Joli dans les années 1970, les jeunes de Padoue étaient
l’objet d’invectives de la part des autres élèves. On les traitait
de ketchup, sans connaître l’origine de ce qualificatif. Dernièrement, cet
ami a appris de sa mère qu’il y avait une mine de ketchup à Padoue.
Toute une surprise pour lui. C’était comme si l’histoire reprenait
ses droits. Si
vous allez dans Google et que vous entrez ketchup
Padoue, vous trouverez un site La
mine de ketchup de Padoue. http://www.minedeketchup.com/
C’est donc vrai qu’il existe là une mine de ketchup. Voici les
faits : Au
cours du 20e siècle, on a exploité à Padoue une carrière
d’ocre rouge qui permettait de produire un colorant. À l’époque,
certaines maisons et certaines granges du Bas-Saint-Laurent étaient
peintes en rouge. On peut penser que le produit provenait de Padoue. Les
journaliers qui travaillaient dans la carrière étaient vus avec des vêtements
teintés en rouge. En guise de taquinerie, on leur demandait parfois
s’ils travaillaient dans une mine de ketchup. En
2009, un enseignant de Padoue, Philippe Cavanagh,
a monté un projet parascolaire. Connaissant la « légende »,
il eut l’idée de produire du ketchup. Aidés par le chef de la
restauration des Jardins de Métis, Pierre-Olivier Ferry, les 16 élèves
produisirent un ketchup qui s’envola rapidement. L’année
suivante, le Comité d’économie sociale de la paroisse qui en était
à ses débuts s’interrogea sur une façon de développer leur économie.
Ils se rallièrent rapidement derrière un projet de production de
ketchup. À titre de clin d’œil à la « légende », ils décidèrent
de fonder une entreprise qu’ils appelèrent La
mine de ketchup de Padoue. Aujourd’hui,
sur leur site web, on peut connaître leurs produits : ketchup
lisse, salsa douce et salsa moyenne. Ils ont plusieurs points de vente
dans la région de la Gaspésie et quelques-uns dans la région du
Bas-Saint-Laurent, dont Rimouski et Saint-Mathieu-de-Rioux. C’est
vraiment une belle histoire où le développement économique se fait en
concordance avec l’histoire. Je leur souhaite beaucoup de succès avec
leur mine de ketchup. |
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1200
15 novembre 2014 Mes
débuts à l’UQAR En
1969, je me suis inscrit au baccalauréat en mathématiques à
l’université du Québec à Rimouski. C’était la première année
d’existence de l’université. La plupart des professeurs étaient à
leurs premières armes dans l’enseignement universitaire. Vu mes études
antérieures, on m’avait octroyé neuf crédits en équivalence. Lors
de mon premier cours à l’automne 1969, soit Calcul
1, le professeur a demandé si nous connaissions le calcul différentiel
et intégral. La plupart ne connaissaient même pas ces expressions.
Pour ma part, j’avais fait un peu de calcul différentiel. Le
professeur a donc dû remanier son cours pour nous permettre d’acquérir
ces notions qui normalement auraient dû être un prérequis. J’ai
obtenu un B comme résultat. À
l’hiver 1970, j’ai suivi le cours Algèbre
linéaire 1. J’adorais cette branche des mathématiques qui s'intéresse
à l'étude des espaces vectoriels et des transformations linéaires. On
y apprenait notamment à convertir des systèmes d’équations linéaires
en matrices. J’ai obtenu un A. À
l’été 1970, je me suis inscrit au cours Algèbre
1. Le professeur était Yvan Roux, un diplômé de récente date.
C’était un excellent pédagogue qui aimait passionnément les mathématiques.
Il écrivait au tableau et donnait des explications en circulant de long
en large devant la classe. On était en juillet et, comme il n’y avait
pas de système de ventilation, il suait à grosses gouttes. Nous
étions environ 40 étudiants. À l’examen donné à la fin de la
première semaine, j’ai obtenu 29 %. Je riais en voyant ma note, car
j’étais probablement dans les cinq meilleurs. Une religieuse qui
enseignait au secondaire avait eu un magnifique 0. Lors
de la deuxième semaine, une femme s’est présentée en classe pour la
première fois, M. Roux s’est dirigé vers elle et lui a dit :
« Connaissez-vous telle ou telle notion ? » en énumérant
en long et en large ce qu’on avait appris précédemment. Elle est
devenue rouge et a dit : « Est-ce ici qu’on donne tel cours ? »
en nommant le cours. Elle s’était trompée de locaux. M.
Roux n’a pas modifié ses exigences ; mais, il a dû convertir
les notes car, à la fin de la troisième semaine, il ne restait plus
qu’une quinzaine d’étudiants. J’ai obtenu un C. Le
cours suivant, toujours en été, fut plus calme. C’était Probabilités et statistiques. Le professeur nous expliquait la théorie
en avant-midi et en après-midi il nous donnait des problèmes à résoudre.
J’ai obtenu un A. Le
cours suivant à l’automne 1970 était Analyse
1. Il était donné par un Chinois qu’on connaissait sous le nom
de Pierre-Paul Chen. Il parlait très peu français. Il avait été
engagé par l’université même s’il n’avait pas pu
présenter ses diplômes prétextant à tort ou à raison qu’il
les avait perdus lors d’un naufrage en mer. Pendant les trois premières
heures, à cause de son français approximatif, je n’ai rien compris
de ce qu’il disait. Il semblait connaître sa matière mais il
utilisait abondamment des mots techniques anglais. Les rumeurs
circulaient à l’effet qu’il risquait d’être déporté. Son épouse,
une ancienne religieuse, assistait aux cours. On disait qu’elle était
là pour le surveiller. Les
cours suivants ne méritent pas d’attention particulière, sauf le
cours Algèbre linéaire II à
l’été 1971. À la fin de première semaine, j’ai eu un excellent résultat.
Sauf que j’ai découvert les carrés magiques à ce moment-là si bien
que je passais plus de temps à ce loisir qu’à mes études. À la fin
de la session, le professeur m’a interpellé pour savoir ce qui s’était
passé. Un
des inconvénients mineurs était que nos cours étaient donnés dans la
partie sud. Préalablement, ce secteur avait servi à des élèves du
primaire alors que la bâtisse appartenait aux Ursulines. Entre autres,
les salles de bain étaient équipées de miroirs très bas. Bref,
mon passage à l’université fut une expérience enrichissante malgré
les débuts de l’institution. |
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1160
7 novembre 2014 Septembre 1969 En
septembre 1969, la polyvalente Paul-Hubert ouvrait à demi ses portes.
Je dis à demi parce que les nouveaux locaux de l’aile est et du nord
n’étaient pas prêts. Toutefois,
j’obtins un poste d’enseignant à cette école. J’avais quatre
groupes de mathématiques en secondaire IV. Ces groupes étaient composés
uniquement de filles, sauf un gars dans un des groupes. Je n’avais
jamais enseigné à des filles. Mes expériences précédentes de trois
ans d’enseignement s’adressaient uniquement à des garçons.
J’avais de la difficulté à m’adapter. La dynamique dans un groupe
d’élèves du même sexe se traduit par une multiplication des qualités
ou des défauts des éléments qui composent l’ensemble. On dirait que
les réactions des élèves sont portées à leur paroxysme. Au
fil du temps, je m’étais habitué à réagir devant une classe de garçons.
Mais là, la situation était totalement différente. L’année
suivante, j’ai eu une classe mixte et j’ai pu remarquer combien c’était
plus facile. On dirait que, dans une classe mixte, les excès des garçons
sont amenuisés par la présence des filles et vice versa. Ce
qui n’arrangeait pas la situation, c’est que pendant les quatre
premiers mois, je pouvais voir mes groupes à tous les deux jours
seulement. Évidemment, pour moi, c’était un jour de repos sur deux.
En classe, toutefois, il fallait condenser la matière pour respecter le
programme de mathématiques. De leur côté, les élèves n’étaient
pas habituées à une présentation concentrée de la matière. En
janvier, avec l’ouverture de nouveaux locaux, j’ai pu enseigner
chaque jour. Cela a fait baisser la pression. En même temps, je me suis
habitué à présenter la matière différemment. On le comprendra.
Encore là, les filles et les garçons n’ont pas la même
approche concernant l’apprentissage des mathématiques. Chaque groupe
a ses spécificités propres. Le
directeur de la polyvalente, le Frère Jean-Marc Trottier, de la
communauté des Frères du Sacré-Cœur, qui était un homme de bonne
prestance, était habitué à mener son école d’une main de maître.
Mais quand cette école est devenue polyvalente passant de 1200 à 3000
élèves, il ne retrouvait pas ses repères. Par exemple, il obligeait
les professeurs masculins à porter veston et cravate. Je n’étais pas
d’accord. Au lieu de porter la cravate, je nouais un foulard autour de
mon cou. En
mai, j’ai commencé à me laisser pousser la barbe. Un vendredi, il
m’a fait venir à son bureau et m’a dit : « Si lundi,
vous portez encore ta barbe, vous ne pourrez pas entrer à l’école. »
Pour moi, c’était évident qu’il ne pouvait pas appliquer un règlement
qui n’existait pas. J’ai longuement réfléchi en fin de semaine et
j’ai décidé de me raser, considérant que l’affrontement n’est
pas un bon moyen de résoudre des situations conflictuelles. L’année
suivante, le port de la barbe était permis et les règlements
concernant l’habillement des professeurs masculins furent abolis. Bref, l’année 1969-1970 fut une année difficile pour tous à la nouvelle polyvalente, sans compter que les élèves venaient d’horizons différents. Il est clair qu’un changement de structure ne peut amener que des inconvénients temporaires. |
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900
15 septembre 2014 L’homme à la valise En
1960, j’ai décidé de me trouver un travail d’été. Je suis allé
voir l’abbé Louis-Georges Lamontagne qui était le directeur du Camp
Cap-à-l’Orignal depuis 1948. J’ai offert mes services comme
moniteur. Il m’a demandé si j’avais l’intention d’y travailler
plus d’une saison. J’ai répondu oui. Il m’a alors offert la
possibilité d’aller suivre une formation au Camp-École Trois-Saumons. Le
camp Trois-Saumons est situé sur un mont à la pointe ouest du lac
Trois-Saumons dans la municipalité de Saint-Aubert près de Saint-Jean
Port-Joli. Dans les Anciens
Canadiens, Philippe-Aubert de Gaspé parle de ce lac. Quand
je suis arrivé chez mes parents vers la mi-juin, j’ai à peine défait
ma valise. Le 21 juin 1960, soit la veille de l’élection provinciale
où les libéraux avec en tête Jean Lesage ont été élus, j’ai pris
le train à Saint-Simon vers le camp … avec ma valise. Il était
entendu qu’en arrivant à la gare de Saint-Jean Port-Joli je téléphonais
au camp pour avoir une voiture. Ce que je fis. J’ai
eu une surprise parce que c’est le directeur du camp lui-même,
l’abbé Raoul Cloutier, qui est venu me chercher. Quand il a vu ma
valise, il m’a demandé si j’avais prévu un long séjour au camp.
J’ai senti son ironie. Je réalisai trop tard que je venais de faire
une gaffe. Normalement,
en arrivant au camp, j’aurais pu me rendre à pied à pied dans le
campement qui m’était assigné. Il a fallu que l’abbé Cloutier
vienne m’y reconduire. L’abbé n’était pas très content. Le
campement était un dortoir qui accueillait une douzaine de futurs
moniteurs. J’ai placé ma valise au pied de mon lit. Quand un nouvel
arrivé entrait, il regardait ma valise. Quelques-uns m’ont interrogé.
Il m’est arrivé d’entendre chuchoter entre eux mes compagnons de
nuit en me désignant comme l’homme à la valise. Cela
a assombri quelque peu mon séjour d’une semaine au camp. Mais, le
tout est revenu à la normale après un jour ou deux. Par ailleurs,
certains ont dû me trouver bizarres parce que je n’avais aucune idée
de ce qu’était le camp Cap-à-l’Orignal. Quand on me questionnait
sur les bâtisses et les activités du camp, je répondais évasivement. Quoi
qu’il en soit, je suis retourné l’année suivante parfaire ma
formation … sans ma valise. Je pouvais alors répondre à toutes les
questions sur le Cap-à-l’Orignal. J’ai obtenu mon diplôme de
moniteur que j’ai conservé précieusement. On pouvait y lire que
j’avais « complété, selon les exigences requises, les deux
sessions de perfectionnement pour moniteurs. » C’était signé
Raoul Cloutier, prêtre, directeur. |
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# 820
27 août 2014 Les
assemblées délibérantes Au
début des années 1970, la Jeune chambre de commerce de Rimouski a
offert une session de gestion d’assemblées délibérantes. Le
titulaire du cours était Raymond D’Auteuil. La session était axée
sur les procédures d’assemblées. J’ai appris les rudiments du Code
Morin qui était la principale référence de l’époque en ce domaine.
J’ai eu l’occasion d’appliquer mes connaissances lors de réunions
à la polyvalente Paul-Hubert de Rimouski où j’enseignais les mathématiques. Deux
ou trois fois par année, le principal – c’est comme cela qu’on
appelait le directeur – réunissait tous les enseignants. Il y en
avait à ce moment plus de 200. Les assemblées étaient parfois
houleuses puisque c’est le principal lui-même qui les dirigeait.
Lorsqu’un enseignait se levait pour donner son opinion, le principal
ou un adjoint rétorquaient. Il n’y avait vraiment pas de prise de décision
commune si bien que les enseignants en ressortaient parfois frustrés. Devant
la critique, le principal accepta de léguer la responsabilité de la
gestion d’assemblée à un enseignant. Je fus choisi pour effectuer
cette tâche. En tant que président d’assemblée, je me suis donné
comme mandat de favoriser l’expression de chacun. Bien plus, les
propositions étaient reçues et discutés selon les règles du Code
Morin, avec amendements s’il y avait lieu. Ce fut tout un choc pour la
direction de l’école car leur droit de parole était diminué vu que
le principal ou un adjoint était maintenant considéré comme un membre
de l’assemblée au même titre qu’un enseignant. Au
début, j’ai de la difficulté à assurer la cohésion de l’assemblée
car peu connaissait les procédures. Avec le temps, les assemblées générales
sont devenues plus efficaces. Par
la suite, j’ai été demandé pour présider les assemblées générales
du SERM (Syndicat des enseignants de la région de la Métis). Ma façon
d’appliquer les règles rendait les assemblées plus calmes. Je
devais toutefois éviter les pièges que me tendaient parfois les
enseignants qui connaissaient aussi bien que moi les procédures. Le
Code Morin que je vins à connaître dans ses détails étaient toujours
à portée de la main. De
plus en plus de participants aux assemblées connaissaient les procédures
parce que les dirigeants syndicaux avaient eu la bonne idée de donner
une session de formation. J’ai donc passé une fin de semaine a
explicité les règles en compagnie de Raymond Levasseur. À
l’occasion, je devais prendre des décisions difficiles. Mais je n’hésitais
pas. Je sentais que j’avais de plus en plus la confiance des
participants. Un jour, après que j’aie rendu une décision, un
enseignant invoqua une question de privilège et se dit en désaccord
total avec cette décision. Je lui expliquai alors que c’était son
droit, qu’il devait expliciter les raisons de sa prise de position,
qu’il n’y avait pas de discussions sur le sujet, que le vote était
pris sur-le-champ, que si l’assemblée décidait de rejeter la décision,
le président, pourrait démissionner s’il considérait cela comme un
vote de non confiance. Le vote fut pris. Seuls le proposeur et l’appuyeur
votèrent à l’effet de rejeter ma décision. J’ai
continué à présider les assemblées délibérantes. Mais j’avais
peur de faire faire à l’assemblée des faux pas vu la confiance
qu’on me témoignait. Pas longtemps après, je quittai pour une autre
fonction et je n’ai plus eu l’occasion de présider des assemblées
délibérantes. |
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702
25 juillet 2014 Des
élèves indisciplinés Au
milieu des années 1970, j’enseignais en mathématiques à la
polyvalente Paul-Hubert de Rimouski. Les enseignants de cette matière
dont j’étais le chef de groupe avaient décidé d’accepter dans
leur tâche un groupe d’élèves qui étaient en mathématiques allégées.
C’était des élèves qui, pour la plupart, n’étaient pas motivés
à l’étude de cette science et qui exigeaient plus d’encadrement
disciplinaire. L’objectif de cette mesure était qu’un enseignant
moins ancien ne se retrouve pas seulement avec de tels groupes. Vers
1976, j’ai eu un groupe de Sec. IV qui étudiait au professionnel et
qui n’avait aucun intérêt en mathématiques. J’avais l’habitude,
comme d’autres enseignants, de terminer mon cours deux ou trois
minutes avant la cloche. J’exigeais que les élèves demeurent à leur
place jusqu’à la fin, alors que d’autres enseignants toléraient
qu’ils se regroupent devant la porte. Un
jour, environ une minute avant la cloche, un élève a pris ses livres
et cahiers et s’est dirigé vers la porte. Cela m’a surpris,
d’autant plus que d’autres élèves ont suivi. J’ai laissé faire
et quand la cloche a sonné, il ne restait plus que deux ou trois élèves
dans la classe. J’étais bouleversé et choqué par le fait que je
venais peut-être de perdre le contrôle de ce groupe. Toutefois, à tête
reposée, cela ne m’a pas empêché de mijoter une stratégie Au
début du cours suivant, je leur ai dit : « Vous savez
qu’il est interdit de quitter le local de classe avant la fin du
cours. La direction de l’école est intransigeante là-dessus.
Connaissez-vous les conséquences d’un tel geste ? » Les élèves
fautifs baissaient la tête et s’attendaient à une punition
exemplaire. J’ai
continué. « Le geste que vous avez posé pourrait entraîner
qu’on me congédie. Est-ce que c’est ça que vous voulez ? »
Les élèves étaient de plus en plus mal à l’aise. En réalité, je
bluffais parce qu’en neuf ans d’enseignement au secondaire à ce
moment, je n’avais jamais référé un cas d’indiscipline à la
direction de l’école. Si celle-ci avait été informée de ce délit,
c’est certain qu’elle aurait passé l’éponge. D’ailleurs, mon
dossier était sans taches. Me référant à la mimique des élèves, il était clair que les élèves voulaient me garder. J’ai donc commencé mon cours sans punir personne. Tout le reste de l’année, je n’ai eu aucun cas d’indiscipline. Ce groupe d’élèves avait fait une gaffe ; mais mon attitude a transformé la situation au point où ceux-ci montraient plus de motivation aux cours par la suite. |
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# 648
7 juillet 2014 L’avant-camp Quand
j’étais moniteur au camp Cap-à-l’Orignal, plus tard appelé le
camp Louis-Georges-Lamontagne, en 1965 et 1966, j’ai fait l’avant-camp.
Deux ou trois moniteurs, parmi les plus anciens, étaient engagés pour
préparer la venue des campeurs par des travaux de peinture ou de
nettoyage. Un
jour qu’un de mes frères était aussi affecté à cette tâche, ma mère
est venue nous visiter. Quand je l’ai vu arriver, je me suis dirigé
vers elle. J’étais très heureux de sa visite. La température était
idéale et il faisait très chaud. J’ai descendu la côte avec elle.
Mon frère et son compagnon qui étaient à restaurer l’extérieur du
Vieux camp près de la piscine sont venus vers nous. Tous deux étaient
torse nu et en bermudas. Voyant leur accoutrement, ma mère n’était
pas contente. Elle s’est exclamée : « On se croirait au
paradis terrestre. » On a bien ri. Le compagnon de mon frère
devint plus tard un avocat réputé. Pendant
que nous effectuions nos travaux, le camp recevait des jeunes adultes
qui suivaient un cours d’une semaine pour devenir moniteurs
principalement dans les terrains de jeux. Un après-midi, alors que j’étais
à faire l’entretien de la piste d’hébertisme, un responsable des
cours est venu vers moi. Il m’a demandé si je pouvais faire une brève
présentation aux futurs moniteurs sur la façon de couler une piste
d’animal au moyen de plâtre. J’acceptai volontiers étant donné
que je l’avais fait des dizaines de fois avec les campeurs les années
précédentes. J’allai
chercher mon matériel dans mon local de sciences naturelles et je me présentai
devant le groupe. J’étais impressionné. Il y avait là une trentaine
de jeunes gens et je n’avais jamais donné de cours à un si vaste
auditoire, surtout sans préparation immédiate. Ma prestation a duré
environ cinq minutes. J’étais fier de cette expérience. Un
autre souvenir m’est resté. C’était un samedi soir. J’étais
seul avec un jeune moniteur qui préparait ses examens de Secondaire V.
Il repassait ses mathématiques et je lui expliquais les notions qu’il
maîtrisait mal. Vers 23 heures, la faim se pointant, nous avons décidé
d’aller manger un morceau au réfectoire. Il y avait environ 100 mètres
entre le local où nous étions et le réfectoire. Le camp n’était
pas éclairé et il faisait très noir. J’avais peur des animaux
sauvages comme les coyotes. Il y avait pas très loin des automobiles
qui venaient stationner à l’entrée du camp, mais les occupants n’étaient
pas dangereux. Ils venaient pour d’autres raisons. Finalement, nous avons fait honneur aux barres de fromage et nous sommes revenus à notre local sans anicroche. |
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# 627
30 juin 2014 Jeux
de nuit Dans
les années 1960, j’étais moniteur au camp Cap-à-l’Orignal, plus
tard appelé Camp Louis-Georges-Lamontagne. D’habitude, les campeurs
se couchaient vers 9 heures 30. De temps à autre, quand la température
le permettait, le coucher était retardé pour faire place à un jeu de
nuit. Le
jeu de nuit le plus populaire était celui des bootleggers.
C’est un terme américain pour désigner les contrebandiers qui
faisaient le commerce illicite d’alcool pendant la prohibition aux États-Unis.
Il y avait d’ailleurs près du rivage du fleuve Saint-Laurent à
quelques kilomètres du camp une cachette dont j’ai parlé à
l’article 323. Le
jeu revêtait un sens historique en ce qu’on en profitait pour
expliquer aux jeunes ce qui s’était passé pendant cette période
assez récente à ce moment où il était interdit de vendre de
l’alcool au pays de l’oncle Sam. Pour
faire revivre l’époque de la prohibition, on divisait les campeurs en
deux groupes. Les plus jeunes étaient les contrebandiers et les plus
vieux les gendarmes. À la tombée de la nuit, on réunissait tous les
campeurs dans le terrain en bas de la côte. On donnait à chaque
contrebandier une bouteille de liqueur. Au signal donné, ceux-ci
allaient se cacher en haut de la côte ou ailleurs. Certains, parmi les
plus jeunes des contrebandiers ne comprenaient pas très bien le sens du
jeu. Il fallait non seulement leur expliquer abondamment, mais les
accompagner dans leur cachette. À
un autre signal, quand les contrebandiers avaient eu amplement le temps
de se cacher, les plus vieux devaient partir à la recherche des
contrebandiers. Tous les moniteurs étaient présents pour éviter les
tricheries et les intimidations. Quand un gendarme découvrait un
contrebandier, il avait le droit de confisquer sa bouteille. Il fallait
parfois consoler les plus jeunes pour avoir perdu leur liqueur lorsque
les larmes coulaient abondamment. Les
gendarmes qui réussissaient à s’emparer d’une bouteille devaient
cesser l’activité ; mais ils étaient fiers de leur trophée.
Les contrebandiers qui avaient réussi à déjouer les gardiens de la
paix pouvaient boire leur précieux liquide à la santé des moniteurs
et de leurs pourchasseurs. Ils étaient surtout heureux d’avoir déjoué
les plus grands. D’autres formes de jeux de nuit étaient réalisées parce que le directeur du camp croyait fermement à l’initiative des moniteurs. Une constante cependant, tout se faisait toujours dans la noirceur et le plus possible en dehors des clairs de lune. Tous les campeurs adoraient vivre de tels moments qui étaient pour eux une expérience unique. Il est certain que les campeurs ont par la suite raconté à leurs parents et à leurs amis ce qu’ils avaient vécu quand le soleil avait foutu son camp. |
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#
606
23 juin 2014 Combats
de moulée Quand
j’étais jeune, au cinquième
rang de Saint-Mathieu-de-Rioux, mon père, étant cultivateur, achetait
de la moulée pour donner aux vaches. La production en lait compensait
largement pour le coût de la moulée. Les paies de beurrerie ont
soudainement augmenté. D’ailleurs, mon père a longuement refusé
d’agir ainsi ; mais, sous les pressions de ma mère, il a fini par
accepter. À
l’été 1960, j’ai commencé à travailler comme moniteur de
sciences naturelles au Camp Cap-à-l’Orignal, plus tard appelé Camp
Louis-Georges-Lamontagne. La première fois que
j’ai vu arriver le commissionnaire du camp avec des poches de moulée,
j’ai demandé au directeur, l’abbé Louis-Georges Lamontagne, qui était
à vérifier les biens achetés, pourquoi il avait commandé cette
marchandise. Il m’a répondu en riant : « C’est pour
nourrir les campeurs. » Sur le coup, j’étais froissé. Il m’a
donné rapidement la raison. C’était pour des combats de moulée. Lorsqu’un
tel combat était prévu, en avant-midi, nous remplissions des petits
sacs en papier d’une poignée de moulée. Comme les combats étaient
souvent précédés d’une course au trésor, nous allions dans un boisé
situé sur la terre d’Arsène Michaud au sud de la chapelle. Nous
cachions des papiers contenant des questions de sciences naturelles.
Celui qui trouvait le papier devait répondre à la question. Le
combat de moulée était le point culminant de l’activité. Nous
formions deux équipes de campeurs. Nous distribuions à chacun cinq ou
six sacs de moulée. Les campeurs devaient s’éloigner temporairement
du centre de distribution. Quand le signal était donné, ils lançaient
un à un les sacs à l’équipe adverse. Quand un joueur était touché,
il était éliminé et devait donner le reste de ses sacs à un équipier.
Un campeur avait le droit de ramasser les sacs par terre et ceux-ci
pouvaient être utilisés s’ils contenaient suffisamment de moulée
pour atteindre une cible. À
cette occasion, nous étions trois ou quatre moniteurs pour surveiller.
Car, même si c’était catégoriquement interdit, des campeurs avaient
parfois la tentation de mettre une petite roche ou un bout de bois dans
le sac et de le lancer. Si cela arrivait, le fautif était exclu du jeu. Il
y avait aussi des combats de moulée sur l’eau. Les jeunes
embarquaient dans deux chaloupes conduites par des moniteurs. Les
embarcations s’éloignaient du rivage à une distance où l’eau était
encore peu profonde. Au signal, le lancement s’effectuait. Il arrivait
alors que des jeunes tombent à l’eau. Les campeurs adoraient ces activités et ils en redemandaient. À ma connaissance, il n’y eut jamais d’accidents graves si ce n’est de la moulée dans les yeux. |
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582
15 juin 2014 Ascension
du Pic Champlain Quand
j’étais moniteur au Camp Cap-à-l’Orignal,
plus tard appelé Camp Louis-Georges-Lamontagne,
au début des années 1960, une
excursion prisée par les plus vieux campeurs consistait à escalader le
Pic Champlain. Cette montagne qui fait partie aujourd’hui du Parc du
Bic est haute de 346 mètres. L’ascension
s’adressait seulement aux campeurs de 13 et de 14 ans. Il m’est
arrivé de diriger un groupe d’environ huit garçons. Nous avons
d’abord prévu une trousse de secours et une grosse corde comme celle
qui sert au souque à la corde. Nous sommes partis du camp vers 10
heures de l’avant-midi. Nous nous sommes dirigés vers l’ouest en
passant dans le champ d’Arsène Michaud. Nous avons marché au moins
deux kilomètres jusqu’à atteindre des chalets de
Saint-Fabien-sur-mer. Nous
avons choisi la partie la moins escarpée de la face nord dans une zone
peuplée d’arbres. Le moniteur junior qui m’assistait, un scout
d’environ 16 ans, a montré aux campeurs comment faire un nœud en
toute sécurité. Dans
les zones où il était impossible d’avancer sans l’aide de la
corde, un campeur plus robuste montait le premier et attachait la corde
à un arbre idéalement entouré d’un plateau même minuscule
permettant aux campeurs de s’arrêter pour une pause. Je suivais derrière.
Je voyais et entendais les roches dégringoler. J’avais peur
d’autant plus que je n’avais aucune formation dans ce genre de
randonnée et que je ne pouvais pas prodiguer des conseils comme un
expert l’aurait fait. D’un
plateau à l’autre, nous avons gravi la montagne. Parfois, la face était
très abrupte et la montée était ardue surtout pour des jeunes. Ce fut
un ouf général quand nous avons atteint le sommet. Aucune blessure,
aucune égratignure. On avait alors une vue imprenable sur le fleuve
Saint-Laurent et sur les alentours. Il y avait là des antennes de
communication. Il
fallait surveiller les campeurs pour qu’ils ne s’approchent pas trop
du bord de la falaise parce qu’il n’y avait pas de belvédère à
l’époque. Après un repas aux sandwiches, certains campeurs ont fait
provision de feuilles et de plantes pour leur collection. En tant que
moniteur de sciences naturelles, j’en ai profité pour leur indiquer
le nom des plantes et des arbres. Nous
sommes revenus par la route, une marche d’environ trois kilomètres.
Ce fut ma première escalade du Pic Champlain et ma dernière. J’y
retournai une autre fois avec des plus jeunes, mais par la route. Une note en terminant. Dans un document, la Commission de la toponymie du Québec mentionne que le nom de Pic Champlain remonte à la fin des années 1970. Cela m’a étonné parce que j’ai toujours connu cette montagne comme le Pic Champlain. D’ailleurs, l’abbé André-Albert Dechamplain dans une note écrite en 1936 écrit : « Le lendemain, 27 juillet 1936, l'abbé Dechamplain et 8 scouts plus âgés escaladent le Pic Champlain, la plus haute montagne de la région. » Le toponyme Pic Champlain a été officialisé en 1979. |
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# 558
7 juin 2014 Excursion
à l’Île-aux-Amours À
l’été 1960, j’étais moniteur au Camp Cap-à-l’Orignal,
plus tard appelé Camp Louis-Georges Lamontagne,
et
responsable des sciences naturelles. Quand la température était
favorable, l’abbé Louis-Georges-Lamontagne, directeur du camp, annonçait
des excursions au programme. Pour prendre en charge un groupe de
randonneurs, il s’agissait de se porter volontaire. Chaque excursion
était sous la supervision d’un moniteur senior et d’un junior. Le
moniteur junior était un scout de 15 ou 16 ans. Un
jour, j’ai indiqué mon intérêt pour une excursion à l’Île-aux-Amours
qui fait aujourd’hui partie du Parc du Bic. C’est une charmante
petite île située à environ 200 mètres du rivage dans l’Anse à
Doucet. À partir du camp, il fallait parcourir autour de deux kilomètres.
Une douzaine de campeurs de 8 et 9 ans acceptèrent de participer à la
randonnée. Aussitôt
le déjeuner terminé, ce fut la confection de sandwiches. Puis, assisté
d’un moniteur junior, je suis parti avec la troupe de jeunes. Nous
avons suivi un sentier qui avait été tracé pour les véhicules de
ferme. En route, j’en ai profité pour indiquer aux campeurs le nom
des plantes et des arbres que nous rencontrions. Nous
avons traversé facilement sur l’île parce que la marée était
basse. Après une séance d’animation, nous avons dîné. Puis ce fut
une autre séance d’animation et une sieste pour les campeurs. Vers
13 heures 30, la marée a commencé à monter. Nous avons rejoint la
terre ferme. Normalement, nous étions censés revenir au camp par le même
versant que pour l’aller. Le moniteur junior a alors proposé
d’emprunter le rivage du fleuve Saint-Laurent : ce que j’ai
accepté d’emblée. Mon manque d’expérience des marées m’a joué
un vilain tour. Tout
en prenant notre temps, nous avons d’abord contourné une immense
anse. L’expédition avançait lentement car les jeunes trouvaient sur
le rivage des coquilles ou des roches qu’ils mettaient dans leurs
poches en vue de les collectionner. Quand
nous avons abouti sur le rivage du fleuve, la marée était devenue
suffisamment haute pour recouvrir la partie sablonneuse. Il fallait
avancer en marchant sur les nombreux rochers. Parfois, aucun campeur de
cet âge n’était capable de passer d’un rocher à l’autre, soit
que la pente était trop prononcée, soit que la distance entre deux
rochers était trop grande pour eux. Dans d’autres cas, les plus
petits ou les moins habiles étaient incapables seuls de sauter d’un
rocher à l’autre. Au
début, le moniteur junior, sous ma supervision, attendait la cohorte.
On s’arrêtait pour le comptage. Mais, à un moment donné, la fatigue
aidant et oubliant son rôle de responsable, le junior cessa de nous
attendre et continua son chemin avec les jeunes les plus robustes.
Pendant ce temps, je devais m’occuper des trois ou quatre
retardataires. L’un d’eux était tellement épuisé que je devais le
porter à bout de bras. Normalement, nous devions être de retour vers
15 heures 30. Quand nous avons atteint la terre ferme à environ 300 mètres
du camp, j’étais seul avec les retardataires. J’entends encore le
haut-parleur du camp nous interpeller. L’abbé Lamontagne était
vraiment inquiet. Finalement,
je suis arrivé avec les derniers campeurs vers 17 heures. J’étais épuisé.
Mais ce qui m’angoissait au plus haut point, c’est que je n’avais
pas été assez vigilant pour conserver la cohésion du groupe. Dans une
excursion de ce genre, une règle d’or, c’est de s’arrêter de
temps à autre pour un comptage, et ce jusqu’à la destination finale.
Dans la dernière partie du trajet, j’avais été dans
l’impossibilité de respecter cette règle. Cela aurait pu provoquer
des conséquences fâcheuses. Une autre leçon que j’ai tirée de
cette expérience, c’est que je n’ai plus jamais accepté, les yeux
fermés, les propositions d’un moniteur junior. C’était la première excursion de ma vie que je dirigeais. Mais ce ne fut pas ma dernière. Au contraire. J’avais appris de mes erreurs. |
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#
506
20 mai 2014 La
fin du Centre Saint-Germain Dans
l’article 124, intitulé Le Centre Saint-Germain à l’école, j’ai
fait état du rayonnement que cette revue mensuelle avait dans le diocèse
de Rimouski. Dans
l’article 150, intitulé Ma
participation au Centre Saint-Germain, j’ai écrit que
j’avais fait partie du comité de rédaction de la revue à partir de
mai 1968 et que j’y avais signé six articles. Rappelons que cette
revue comportait des articles sur des sujets religieux ou sociaux,
qu’elle était considérée comme le bulletin général d’action
catholique du diocèse et qu’elle était la propriété de l’Archevêché
de Rimouski. Au
printemps 1969, sentant que les diocésains se désintéressaient de
plus en plus de la revue, le comité de rédaction, formé de prêtres
et de laïcs bénévoles, a décidé de faire enquête auprès des abonnés
pour avoir une image nette de la situation. Un questionnaire a été
encarté dans une édition de la revue. Très peu de personnes ont répondu.
En même temps, le comité de rédaction était confronté à un déficit
de 5000 $. La survie du Centre Saint-Germain était en danger.
Le
comité de rédaction a élaboré le projet d’une nouvelle structure.
Un communiqué de presse émanant de l’Archevêché suivit :
« Mgr l’Archevêque a approuvé récemment la création d’un
conseil qui s’occupera désormais de l’administration du Centre
Saint-Germain. Cette décision fait suite à un projet préparé par
Charles-Édouard Jean avec le comité de rédaction et Mgr Philippe
Saintonge. » Il
y aurait désormais un comité de rédaction et un conseil
d’administration. L’abbé J.-Léonard Parent (Basque) était confirmé
dans son rôle de responsable du comité de rédaction et moi dans celui
de président du conseil d’administration. Pour
pouvoir aller de l’avant, nous avons estimé qu’il fallait une mise
de fonds de 15 000 $ de la part de l’Archevêché. La demande fut
transmise et la réponse se faisait attendre. À la mi-août 1969,
l’abbé Parent et moi avons signé conjointement une lettre ouverte à
l’intention des journaux diocésains. Dans cette missive, on rappelait
à l’Archevêque, Mgr Louis Lévesque, le montant demandé de la mise
de fonds. De plus, on l’assurait, au nom des membres du comité de rédaction
et du conseil d’administration, de la continuité de notre engagement
bénévole. L’Archevêque décida de mettre fin à la revue. Le dernier numéro fut celui de juillet-août 1969. Par hasard, j’avais écrit l’éditorial qui s’intitulait Remettre en question toutes ses certitudes. |
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# 468
6 mai 2014 Visite
d’une caverne Au
début des années 1960, j’étais moniteur en sciences naturelles au
Camp Cap-à-l’Orignal,
plus tard appelé Camp Louis-Georges-Lamontagne. Une des excursions consistait à aller visiter,
avec les campeurs, une caverne qui était située dans l’actuel Parc
du Bic. Je ne me souviens pas exactement où était la caverne, mais on
pouvait y avoir accès en passant sur le terrain de la ferme Rioux et en
faisant le tour du massif montagneux, appelé Cap à l’Orignal. Pour
pouvoir retrouver l’entrée de la caverne, il fallait être attentif
à une corde posée entre deux roches sur la rive. Par la suite, il
s’agissait de suivre la corde. Il fallait être mince pour pouvoir
ramper à travers les obstacles rocheux. On devait parcourir une
vingtaine de mètres le plus souvent à plat ventre. À un moment donné,
on devait passer entre deux grosses roches qui laissaient peu
d’espace. Les campeurs qui refusaient d’y entrer ou qui
rebroussaient chemin étaient sous la surveillance d’un moniteur
junior à l’extérieur. Arrivés
dans la caverne, on voyait dans un coin un filet de clarté provenant du
ciel. C’était impressionnant. On pouvait être une dizaine de
personnes debout. Il y avait là encore quelques stalactites et quelques
stalagmites que nous prenions plaisir à récupérer. Comme
moniteur de sciences naturelles, j’aurais dû savoir que ce n’était
pas une bonne idée que de spolier la caverne de ces sédiments.
Personnellement, j’en recueillais pour les exposer dans mon local de
sciences naturelles. Mais, c’était quand même une agression contre
la nature qui avait secrété ces substances depuis des millénaires. Je
pense bien que si l’abbé Louis-Georges Lamontagne, un naturaliste
chevronné et directeur du camp, nous avait mis en garde contre cette
spoliation, nous aurions respecté ses directives. Mais, la conservation
de la nature n’était pas à la mode à cette époque. J’imagine
que cette caverne existe encore ; mais je ne sais pas si
elle fait encore l’objet de visite. Pause. Aujourd’hui, 6 mai, c’est le 64e anniversaire du feu de Rimouski qui a rasé le tiers des habitations de la ville en 1950. |
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# 452
27 avril 2014 Un
rôle d’infirmier Lors
de ma première année comme moniteur au Camp Cap-à-l’Orignal en
1960, le directeur du camp, l’abbé Louis-Georges Lamontagne,
m’avait confié entre autres la tâche d’assistant-infirmier. Je
n’avais aucune connaissance spéciale et aucune expérience dans ce
domaine. À ce titre, j’ai été amené à passer la moppe.
Il s’agissait de placer une palette sur la langue et de gargariser la
gorge au moyen d’une tige d’ouate empreinte d’un sirop rosâtre.
J’avais été, à plusieurs occasions, bénéficiaire de cette
intervention au Séminaire de Rimouski de la part de l’infirmier,
l’abbé Gérard Plourde. Le
hic de l’affaire à la colonie de vacances, c’est que l’infirmier
en chef, Robert Rioux, était aussi commissionnaire. Il était donc sur
la route du lundi au vendredi. Un après-midi, un campeur, du nom de
Marc Nadeau, se présente à l’infirmerie avec une coupure sérieuse
dans les cheveux en avant de la tête. Il avait été frappé par une
planche à la piscine. Évidemment, il saignait abondamment. Or, je suis
incapable de voir du sang : cela peut même me mener à une perte
de connaissance. Je
n’avais pas le choix. Je devais agir. Dans le feu de l’action, la
vue du sang me laissa indifférent. Je nettoyai la plaie avec beaucoup
d’attention et en prenant mon temps. Ayant été mis au courant de ce
fait, le directeur du camp fit venir le soir même une infirmière de
Rimouski qui était officiellement la
responsable de la santé des campeurs. Elle examina la plaie et conclut
que le travail avait été bien fait. J’étais soulagé. Un
autre cas lourd m’est arrivé. Il s’agissait d’un campeur qui fit
une crise ressemblant à l’épilepsie.
Je n’avais pas les connaissances et les outils pour intervenir. Je me
contentai de l’accompagner. Je me suis assis avec lui sur un lit de
l’infirmerie et je lui ai longuement parlé. Au bout d’une quinzaine
de minutes, il me dit : « Il me reste encore 30 minutes ».
Je me suis mis à douter de l’authenticité de sa crise ; mais j’ai
agi comme si elle était réelle. Après un questionnement serré, il
m’a avoué être victime d’une telle crise de temps à autre. J’ai
alors compris que ce n’était pas un caprice. À un moment donné, il
m’a dit : « Il me reste encore cinq minutes ». Ce qui
s’avéra. Le tout se termina bien ; mais les parents furent avertis de
venir chercher leur fils. On
ne verrait pas ça aujourd’hui : un infirmier sans compétence spéciale.
Mais, dans ce temps-là, les exigences étaient minimes et on souhaitait
des gens qu’ils fassent leur possible. |
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# 323
8 mars 2014 Cachette
des contrebandiers |
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# 279 14 février 2014 Mon premier rôle de figurant Le congrès fut remis en 1955, soit du 30 juin au 3 juillet. À ce moment, j’étais en Méthode (Sec. III) au Séminaire de Rimouski et j’avais 13 ans. Une des activités du congrès était un grand jeu scénique intitulé Pêcheurs d’hommes. Je voulus alors y participer comme figurant. Le Père Georges St-Aubin était le metteur en scène et l’abbé Georges Beaulieu était son assistant. Quand on m’a informé que l’abbé Beaulieu était à la recherche de figurants et qu’il faisait des auditions dans une salle de l’École de Marine, je me suis précipité. L’abbé Beaulieu a sorti son gallon et il m’a mesuré. "Désolé, me dit-il, tu n’es pas assez grand pour faire partie du spectacle." Je suis sorti de l’École de Marine le cœur gros. Je me suis assis sur une marche de l’escalier et je pleurais. Un vieux Monsieur qui passait par là, me voyant dans cet état, est venu vers moi et m’a demandé la cause de mon chagrin. Je lui expliquai que j’avais été refusé comme figurant. Il m’a dit : "Mon jeune, il y en aura d’autres congrès eucharistiques." Cette réponse fut loin de me rassurer et je suis retourné au pensionnat du Séminaire le cœur en lambeaux. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans les jours suivants, mais l’abbé Georges Beaulieu m’a fait dire par un maître de salle que j’étais accepté. J’étais totalement ravi. La fin de l’année scolaire arriva le 15 juin. Je retournai chez mes parents, tout fier de leur annoncer ma participation à ce jeu scénique. Le 26 juin, je suis revenu au Séminaire où les figurants étaient logés et nourris gratuitement. Les plus jeunes couchaient au dortoir B. Au début, les nuits étaient courtes car il n’y avait pas de surveillant. Le premier jour, avant la répétition, on nous a attribué un costume de couleur blanche ressemblant à une soutane. Certains avaient des rôles précis comme représenter les apôtres, les premiers chrétiens, les premiers prêtres, etc. Mon rôle, comme pour la majorité des figurants, consistait à poser des gestes synchronisés et à participer au chant. Il s’agissait de suivre au fur et à mesure les consignes du Père Georges St-Aubin qui était assis dans une loge placée à une centaine de pieds de la scène. L’abbé Georges Beaulieu était à ses côtés. Pour ma part, je faisais partie de la première rangée. Le mercredi soir 29 juin, ce fut l’avant-première devant quelques curieux des alentours. Le jeudi, il n’y avait pas de répétition. Les responsables ont nolisé un autobus et nous sommes allés visiter la Pointe-à-Santerre, à Rivière-Hâtée où était le chalet des prêtres du Séminaire. La première eut lieu vendredi le 1er juillet dans l’après-midi à l’intention des écoliers. En plus d’être figurants, on nous avait demandé d’assurer l’ordre sur le terrain. En soirée, muni d’un brassard, j’assumai cette responsabilité. Je dirigeais les visiteurs vers les endroits les moins achalandés. À un moment donné, un couple se présenta. La dame était en pantalons. Or, on nous avait dit de ne pas laisser entrer les dames dans une telle tenue. J’ai dit à la dame : "Les pantalons sont interdits sur le terrain du congrès." Elle m’a regardé d’un air hautain et m’a dit : "Comme ça, mon mari ne peut pas entrer." Elle a pris son mari par le bras et elle a passé outre. J’ai compris rapidement que je n’avais pas la prestance pour imposer la discipline. Je me réfugiai alors à l’entrée de l’École de Commerce, plus tard l’École Normale. Trois autres représentations eurent lieu : samedi le 2 juillet au soir et le dimanche une première dans l’après-midi et l’autre en soirée. Ce fut un très grand succès. Comme la majorité des gens n’avaient pas encore de téléviseur, ils n’avaient jamais vu un spectacle aussi grandiose. Le dimanche après-midi, j’ai rencontré par hasard Ernest Vaillancourt qui était notre voisin au rang 5. Je lui ai demandé si je pouvais retourner avec lui. Il accepta avec plaisir. Quand le jeu scénique fut terminé, j’ai pris la direction de Saint-Mathieu avec Monsieur Ernest. Mais, il y avait un hic. Une autre représentation était prévue en soirée plus précisément à minuit. Je craignais d’être accusé d’avoir abandonné ma responsabilité. Heureusement, personne ne m’a jamais reproché cette fuite. Il faut dire qu’il y avait plus de 400 figurants. Alors, un de moins semble ne pas avoir causé de problèmes. |
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# 248 31 janvier 2014 Camp Cap-à-l’Orignal J’ai été moniteur du Camp Cap-à-l’Orignal pendant sept saisons, soit de 1960 à 1966. Le camp durait six semaines et recevait alors autour de 120 jeunes garçons de 9 à 13 ans par période de deux, quatre ou six semaines. À partir de 1966, les jeunes filles y étaient admises. Pendant huit ans, soit de 1966 à 1974, j'ai été membre et secrétaire de la Corporation de la Colonie du Cap dont le siège social était à Rimouski. L’abbé Louis-Georges Lamontagne dirigeait d’une main de maître le camp. C’est lui qui recevait les inscriptions, qui veillait à l’organisation matérielle du camp et qui recevait les campeurs à leur arrivée. Dès le premier souper, il était capable de désigner à peu près tous les jeunes par leur nom. Même s’il nommait un chef de camp dont le rôle était de planifier les activités, il ne pouvait s’empêchait à l’occasion, après avoir donné des directives générales, de proposer lui-même des activités aux campeurs. Cela se faisait à la cafétéria à la fin de chaque repas. La plupart des activités étaient libres et il suffisait que les campeurs s’y inscrivent. Plusieurs jeunes doivent se remémorer • les excursions en forêt, • les activités sportives auxquelles ils ont participé dont le tir à l’arc, le tir à la carabine et les jeux de ballon, • les combats sur l’eau ou dans les bois avec des petits sacs de moulée, • les fameux jeux de nuit, • les activités de sciences naturelles, • les baignades dans une eau plutôt froide, • les séances de bricolage, • les sorties en chaloupes ou en canots, • les élections à la mairie, • l’essuyage de la vaisselle, • les escalades de rochers, • les initiations, • les séances de cinéma lors des jours de pluie • ou encore les moments passagers d’ennui … de leurs parents. |
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# 150 18 décembre 2013 Ma participation au Centre
Saint-Germain En mai 1968, je fus invité à devenir membre du comité de rédaction qui était sous la direction de Gilles Roy. En juillet, je signais mon premier article Les loisirs des 15-18 où je déplorais l’absence de loisirs appropriés pour cette tranche d’âge. En novembre de la même année, je m’interrogeais sur la pertinence d’organismes consultatifs dans À quoi servent-ils tous ces offices diocésains ? En février 1969, je faisais état du déclin de la paroisse dans La paroisse se meurt-elle ? En avril, dans l’article Entre le travail et le sommeil, j’affirmais que la pastorale des loisirs ne peut plus se faire dans les presbytères. Bien plus, j’affirmais bien naïvement : "On estime qu’en l’an 2000 un homme travaillera de 20 à 30 heures par semaine et de 30 à 35 ans dans une vie !" En mai 1969, je m’interrogeais sur l’avenir du synode de Rimouski dans un article Le synode diocésaine serait-il le synode des laïcs ? J’affirmais : "On a parfois l’impression que des conclusions sont déjà prêtes dans les tiroirs de certains clercs." Je concluais en disant : "Il est à espérer que le synode nous donne une Église un peu moins divine mais plus humaine." La journaliste Lisette Morin, dans le Progrès du Golfe de Rimouski, en date du 6 juin 1969 a écrit l’éditorial de son journal en partant de mon article. En juillet 1969, je signais l’éditorial de la revue sous le titre Remettre en question toutes ses certitudes. Étant moi-même membre de la Commission de la jeunesse du synode, j’avais pu observer l’engagement de certains jeunes envers les valeurs religieuses. Dans l’article, j’affirmais : "L’Église doit penser en termes d’efficacité et de mise en marché d’un produit." Ce fut mon premier éditorial d’une revue et mon dernier article dans cette revue puisque c'était le dernier numéro du Centre Saint-Germain. |
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# 124
7 décembre 2013
Le Centre Saint-Germain à
l'école Quand j’étais jeune, ma mère organisait des réunions entre voisins pour lire des articles de cette revue. On appelait cela des veillées d’équipe. Voici d’ailleurs un compte-rendu d’une de ces veillées, rédigé par ma mère en 1940 : "Le 13 novembre a eu lieu chez M. Joseph Lagacé, la veillée d’équipe à laquelle étaient présents Mme Mathieu Plourde et la famille Edmond Jean. Nous avons commencé par la prière ; ensuite, nous avons lu la page d’évangile du Centre de novembre, auquel nous avons rappelé la disparition du prêtre dans la paroisse, auquel était tous d’avis que ce serait la désolation du catholique de perdre notre père spirituel qui est notre support dans les épreuves et pour être capable de faire notre religion. Ensuite nous avons lu une page dans le livre des quatre Évangiles sur la naissance de saint Jean-Baptiste. C’est là que nous avons vu une fois de plus que pour être parfait devant Dieu, il ne faut pas douter de la puissance de Dieu mais il faut une foi sincère et une grande confiance en la grandeur de Dieu. Nous avons terminé l’équipe se donnant rendez-vous chez qui nous sommes ce soir." En 1943, le Centre Saint-Germain co-éditait avec les éditions Fides un livre écrit par le chanoine Alphonse Fortin et qui s’intitulait Les saints Martyrs canadiens. Les textes de ce livre avaient fait l’objet de causeries données à la station radiophonique CJBR de Rimouski en 1941. En 1949-1950, le Centre Saint-Germain parlait abondamment du Congrès eucharistique de Rimouski qui devait avoir lieu du 2 au 6 août 1950. Dans son encart, on nous invitait alors à offrir à Dieu des bouquets spirituels. Un bouquet spirituel consistait en une liste d’actes religieux que nous promettions de faire pendant une période précise. Par exemple, nous pouvions indiquer le nombre de journées offertes à Dieu, le nombre de communions, de messes, de chapelets, de visites au Saint-Sacrement, de sacrifices et d’invocations particulières comme des prières. Nous le faisions pour assurer le succès du Congrès. Malheureusement, l’événement a été annulé à cause du feu survenu le 6 mai 1950 et qui a dévasté presque la moitié de Rimouski. Plus tard, quand j’étais au Séminaire de Rimouski je lisais la revue. Je me souviens, un jour, d’être allé voir un prêtre qui écrivait des articles dans cette revue. Quand je suis arrivé, il était en train de lire son propre article. Cela m’avait étonné. |
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# 070 12 novembre 2013 Albert Dionne (1905-2001) Voilà un livre fort sympathique et très documenté que vient de publier Monsieur Albert Dionne, un citoyen de Rimouski. Ma vie et ce que j’en ai fait est une autobiographie simple, remplie de détails et de faits qui ont marqué la vie de ce bâtisseur et de cet autodidacte. C’est également une page d’histoire puisque les informations laissent transparaître la couleur et les particularités des 80 dernières années. L’auteur relate les faits de sa vie dans un ordre chronologique. Il mentionne les personnages et événements qui ont entouré ces faits. Il ne s’agit pas d’une confession ou d’un journal personnel. On ne trouve pas de confidence ni de jugement sur les personnes qu’il a côtoyées. C’est une chronique purement factuelle de sa vie qui est livrée sans émotion. L’auteur présente d’abord un bref historique des Dionne dont le premier ancêtre s’est établi à l’Île d’Orléans vers 1663. Pour sa part, Albert Dionne est né à Saint-Mathieu en 1905. Il a fréquenté l’école primaire pendant quatre ans ; puis à 24 ans, il s’inscrit à l’École technique de Montréal dans un cours de mécanique automobile d’une durée de trois mois. Il devint par la suite mécanicien et garagiste à Rimouski. Monsieur Dionne nous relate l’évolution de sa vie professionnelle et de son commerce d’automobiles. Il donne de nombreuses informations sur les terrains achetés et aménagés, les dimensions des bâtisses construites, leur utilisation, les agrandissements et transformations. Il n’oublie pas de mentionner les coûts, les détails de ventes et même certains montants de profits ou de déficits. Un fait amusant qui montre bien sa passion de la mécanique automobile : en 1942, Albert Dionne construisit un prototype d’un véhicule d’hiver doté d’un système de traction-chenilles pour se déplacer sur la neige. Il en fit un second en 1943 mais sans succès (à gauche). Comme il le relate, Albert Dionne s’impliqua fortement dans son association professionnelle de même que dans les affaires. De plus, pendant 11 ans, il fut échevin de la ville de Rimouski, puis député provincial du comté de Rimouski pendant 10 ans. Il remplit bien d’autres fonctions dans des organismes à vocation sociale ou économique. En particulier, il dota Rimouski de son premier service d’autobus et participa à la fondation de Québecair. Somme toute, Ma vie et ce que j’en ai fait est une œuvre utile pour se souvenir d’un des bâtisseurs du Bas-Saint-Laurent. Dionne, Albert, Ma vie et ce que j’en ai fait. Impression des Associés, 1987, 149 pages. |
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# 047 21 octobre 2013 Paul Hubert L’institutrice nous prévenait des semaines à l’avance de cette visite. Elle nous indiquait qu’il fallait s’habiller plus proprement que d’habitude. Elle nous montrait à dire : "Oui, monsieur l’inspecteur" ou "Non, monsieur l’inspecteur". Elle nous faisait revoir les notions les plus élémentaires sur lesquels l’inspecteur avait déjà questionné lors de ses visites précédentes dans son école ou ailleurs. En septembre 1969, je commençai à enseigner à l’école Paul-Hubert. Des images de ses visites à mon école comme inspecteur me sont revenues en tête. J’ai enseigné 10 ans dans cette école et, assez souvent, ces souvenirs resurgissaient. Toutefois, aux élèves à qui je demandais : "Qui était Paul Hubert ?", la plupart levaient les épaules et disaient : "C’est le nom de l’école." Paul Hubert est né à Havre-aux-Maisons en 1893. Il obtint son diplôme supérieur de l’École Normale Laval de Québec en 1914. Après avoir enseigné quelques années, il fut nommé inspecteur des écoles primaires et secondaires de la région de Rimouski, puis inspecteur coordonnateur pour tout l’Est du Québec. Outre son action au plan scolaire, Paul Hubert a milité dans de nombreux organismes de Rimouski. Il est décédé en 1958. En 1964, pour souligner l’implication éducative de cet homme, la commission scolaire de Rimouski donna son nom à une école de deuxième cycle du Secondaire dédiée à la formation générale. Cette école qui venait d’être construite est devenue une école polyvalente en 1969 en intégrant la formation professionnelle. Paul Hubert fut le premier historien des Îles de la Madeleine. En 1926, il a publié Les Îles de la Madeleine et les Madelinots. En 1937, devant les membres du Deuxième Congrès de la Langue Française tenu à Québec, il a prononcé une conférence sur la concordance de la langue acadienne et celle des Îles de la Madeleine, sa patrie d’origine. Dans un article de la revue Relations de juin 1942, il a dressé un portrait des bibliothèques scolaires en région. On y apprend que chaque inspecteur d’écoles de sa région donnait annuellement en prix aux élèves environ 600 livres d’auteurs québécois. Ses archives ont été confiées au Centre régional du Bas St-Laurent des Archives nationales du Québec. Son fonds couvre la période 1908-1958 et comprend 1,88 mètre linéaire de documents écrits. Il est étonnant de constater que, sauf erreur, les sites de l’école Paul-Hubert et de la commission scolaire des Phares ne font pas mention de l’origine du nom de cette école et ne parle pas de celui qui a été choisi pour identifier l’école. À quand un livre ou un documentaire sur cet homme qui a marqué l’éducation dans l’Est du Québec pendant la première partie du 20e siècle ? À quand une place de choix sur le site de l'école Paul-Hubert ?
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# 027 2 octobre 2013 L’école polyvalente
Paul-Hubert La paroisse Saint-Robert avait à peine 23 ans quand elle accueillit sur son territoire une école secondaire de deuxième cycle : l'école Paul-Hubert. Sise à l'angle du boulevard Arthur-Buies et de l'avenue Sirois, elle fut appelée ainsi pour souligner l'implication éducative d'un ancien inspecteur d'école, Paul Hubert. En septembre 1964, elle reçut ses premiers élèves au nombre de 835 : 795 garçons et 40 filles. D'abord consacrée à la formation générale par les cours général, scientifique et préparatoire aux études supérieures et à la formation commerciale, l'école Paul-Hubert élargit son éventail d'options en 1969 par l'intégration de la formation professionnelle reliée à différents secteurs d'activités. Elle devenait alors une école polyvalente qui admit jusqu'à 3717 élèves en septembre 1974. Cette année-là, 347 adultes y oeuvraient. Tout au long de son histoire, l'école Paul-Hubert a fourni des services d'éducation à des adultes, mais principalement à des jeunes de 14 à 18 ans de Saint-Fabien à Sainte-Luce, en incluant les paroisses de l'arrière-pays jusqu'à Trinité-des-Monts. Elle desservit également un bon nombre d'élèves de la Gaspésie et de la Côte-Nord, surtout en formation professionnelle. Depuis 1964, près de 70 000 élèves ont fréquenté les classes, les laboratoires et les ateliers de cette école, considérée comme un des édifices les plus imposants de la ville de Rimouski. D'abord sous la juridiction de la commission scolaire de la ville de Rimouski, l'école Paul-Hubert passa, en 1965, à la commission scolaire du Bas-Saint-Laurent, puis 21 ans plus tard, soit en 1986, à la commission scolaire La Neigette. Si l'école Paul-Hubert pouvait parler, elle nous conterait bien des anecdotes sur les faits divers qu'elle a observés; mais elle insisterait, sans doute, sur toutes les transformations du système d'éducation qu'elle a vécues au fil des années. |
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